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samedi, 10 mars 2012

Mars, le temps des sarments…

église Saint Martin de Sargé sur Braye, le Rustican ou Livre des Prouffitz champestres et ruraulx, sarments et promesses

Nous voilà bientôt à la mi-mars. Si l’on s’en rapporte au calendrier paysan, peint en bordure de l’abside de l’église Saint Martin, à Sargé sur Braye, le moment était alors venu de tailler la vigne.
C’est là une activité traditionnellement associée à cette fin de l’hiver, comme en témoignent aussi les enluminures du Rustican (Le livre des Prouffitz champestres et ruraulx touchant le labour des champs, vignes et jardins, traduit en français en 1373, à la demande de Charles V, du Ruralium commodorum opus de Pietro de Crescenzi).
La vigne ne fleurit et donc ne fructifie que sur les sarments, pousses de l’année portées par du bois de l’année précédente, sarments qui ainsi portent à leur tour les promesses de la future récolte. Mais trop de promesses ne sont pas gages de réussite. Il importe donc de savoir sacrifier toute végétation excédentaire. Une taille longue, quatre à dix yeux par sarment, donnera un rendement quantitatif, une taille courte, deux à trois yeux par sarment, un rendement qualitatif. A vous de voir…

église Saint Martin de Sargé sur Braye, le Rustican ou Livre des Prouffitz champestres et ruraulx, sarments et promesses

Pietro de Crescenzi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_de%27_Crescenzi

 

 

 

dimanche, 26 février 2012

Institut Lemonnier, l’ancien directeur Eric Moisset devra s'expliquer le 22 mai

Je vous en parlais ici il y a un peu plus d’un mois. Il se disait à Lemonnier qu’une audience serait programmée pour le 22 mai au Tribunal Correctionnel de Caen, afin de juger le ou les auteurs d’une arnaque dont l’Institut aurait été victime en 2007-2008. Un article de Jean-Pierre BEUVE dans Ouest-France le 15 février confirme l’information (lien ci-dessous).
M. Eric MOISSET, directeur de l’Institut Lemonnier jusqu’en septembre 2008,  mis en cause des chefs d'abus de confiance et escroquerie, sera donc jugé le 22 mai. Et avec lui un architecte caennais, dont la société de promotion immobilière se serait vu régler, par M. MOISSET, deux factures d’un montant de plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Ce dernier n'ayant pas souhaité donner au journaliste sa version des faits, il faudra peut-être attendre trois mois encore pour savoir de quoi il retourne.


Classement sans suite pour le legs ?

Seraient par contre classées sans suite les poursuites envisagées, concernant le legs Louis Michel Lecrosnier. La brigade financière de la PJ de Caen n’aurait rien trouvé de louche dans ce volet du dossier, pourtant essentiel :
« Les investigations ont porté sur les méandres d'un legs de deux millions d'euros (immeubles et meubles) consenti à l'établissement par un ancien élève, Louis Michel dit Lecrosnier, décédé en juillet 2007. Sur ce point, l'enquête n'aurait rien mis de suspect en évidence et cette partie de l'enquête a été classée sans suite ».


Méandres et marigot…

Le problème, c’est que les investigations n’ont peut-être pas porté sur les points susceptibles de soulever des questions. Les bonnes questions.
Les motifs qui conduisent M. MOISSET devant un Tribunal n’ont en effet pu apparaître qu’à l’analyse de la comptabilité de l’Institut (découverte de factures apparemment contestables, réglées par l’établissement à un promoteur), c'est-à-dire en amont de l’épilogue de cette affaire de legs.
Des investigations ont-elles été réalisées en aval, c'est-à-dire après la réalisation des actifs (après la vente des biens) ? Ce n’est plus alors les comptes et le patrimoine de l’Institut qu’il convenait d’examiner, mais ceux des autres et différents intervenants dans cette affaire, comme ceux du directeur aujourd’hui poursuivi, ou ceux de l’acquéreur des biens immobiliers, par exemple. S’agissant d’une SCI, s’est-on demandé quels en avaient été les différents associés, de sa création le 27 février 2008 à nos jours ?


EDUC, IMMO, FINANCE...

Un dernier point, M. MOISSET, aujourd’hui directeur de l’Institut St Pierre – St Paul de Dreux, important établissement privé sous contrat, est semble-t-il également le gérant d’une SARL EDUC IMMO (RCS Creteil B 501 442 545, 7 bis Avenue Stinville, 94220 Charenton-le-Pont), oeuvrant dans les « activités auxiliaires de services financiers, hors assurance et caisses de retraite, catégorie: finance »
http://www.societe.com/societe/educ-immo-501442545.html

Bien entendu, le défèrement devant un Tribunal d'un mis en examen ne préjuge nullement de sa culpabilité, et, quand bien même serait-il condamné pour les faits qui lui sont reprochés, il lui restera toujours, comme à tout justiciable, la possibilité de faire appel de cette décision.

 



Ouest-France, mercredi 15 février 2012, « Lemonnier: ex-directeur en correctionnelle »
http://www.ouest-france.fr/2012/02/15/caen/Lemonnier-ex-d...

http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2012/0...

http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2011/0...

 

 

 

 

samedi, 25 février 2012

De l’utilité des prétendues menaces terroristes en période électorale

Les belles enquêtes de MAM et Guéant

Michèle Alliot-Marie est passée à la trappe, victime de ses amitiés tunisiennes (auxquelles, au-delà des banales questions d’argent, elle devait peut-être une bonne part de ses incontestables compétences policières), mais Claude Guéant veille au grain.
Ces éminents disciples, avec Brice Hortefeux, du ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, l’homme du Karcher et de l’état d’urgence (le bien nommé Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa), peuvent s’enorgueillir, entre autres, de deux grands faits d’armes : l’affaire du corbeau de Saint Pons de Thomières pour l’une, et celle de Tarnac, dite affaire Coupat ou des sabotages de TGV, pour l’autre.

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

Terrorisme et épicerie

Cela faisait des mois et des mois qu’on n’avait plus entendu parler de Tarnac, de Julien Coupat et de ses amis. Mais Guéant, premier agent électoral de son maître, tisonne avec conviction les braises menaçant de s’éteindre, raisonne bien creux et bien bas sur la valeur respective des civilisations, s’efforce de ranimer le Kulturkampf et l’islamophobie, et de terroriser le petit peuple d’extrême droite par un dénombrement qui se veut précis des bandes de jeunes voyous censées sévir sur tout le territoire…
C’est donc sans doute à l’imminence d’échéances électorales majeures qu’on doit la réactivation du dossier Coupat.
Notre police anti-terroriste (la meilleure du monde assurément) qui surveillait étroitement les épiciers de Tarnac dès les premiers mois de 2008 (écoutes, interception de courriels, microcaméras, filatures… jusque sur les lieux du crime à Dhuisy, Seine et Marne !) assiège littéralement, le 11 novembre de la même année, le village de Tarnac (Corrèze), 327 habitants…
Gardes à vue prolongées (sous l’accusation de terrorisme), incarcérations, déclarations fracassantes des autorités… Et puis plus rien pendant plus de trois ans. Plus rien de sérieux. Sinon pour démontrer l’étonnante absence de preuves matérielles dans le dossier de l’accusation. Le Monde, dans son éditorial du 17 mars 2009, soulignait qu’en l’absence de flagrant délit, d’aveux, et même d’indices, « la justice et les enquêteurs se doivent [de] répondre rapidement. Sauf à accréditer le sentiment croissant que cette affaire est artificielle, effectivement absurde, donc profondément choquante. »
Un journaliste de l’Est Républicain, Marcel Gay, a consacré un livre à cette affaire (Le Coup de Tarnac). Sa conclusion est que « Julien Coupat et ses amis sont devenus bien malgré eux les symboles de la dérive sécuritaire du pouvoir ».

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

photo piquée sur le site de la Fédération Anarchiste, groupe de Béthune


Dupont et Dupond sur la piste du capitaine Crochet

Heureusement, Guéant veille. Et fort opportunément, jeudi dernier, la Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) arrête à Rouen un forgeron trentenaire, fils de forgeron, soupçonné d’avoir fabriqué les crochets utilisés lors du sabotage de la ligne TGV, en 2008 à Dhuisy.

Un site mal-pensant (Le Jura libertaire) relate l’information sous le titre suivant : « Dupont et Dupond ont attrapé un nouvel innocent suspecté d’être le fameux capitaine Crochet »
J’ai lu ou entendu quelque part qu’un de nos fins limiers, après fouille de l’atelier paternel, avait déclaré à la presse qu’il y avait là tout ce qu’il fallait pour fabriquer les fameux crochets. La moindre des choses sans doute. L’Amérique des séries télévisées nous envie notre police scientifique…

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt


Poulets et corvidés des Hauts-Cantons du Languedoc

Mais que fait la police ? comme on l’entend dire souvent du côté de la France d’en bas. Elle arrête un forgeron, l’interroge et le relâche. Faute de mieux. Parions qu’après des années de vide, et le départ de l’histrion en chef, l’affaire Coupat finira en eau de boudin. Il suffira à M. Guéant qu’elle ait été utile au racolage de quelques voix susceptibles de manquer à son poulain.
Car cette histoire en rappelle furieusement une autre…
Le 3 septembre 2009 à 6 heures du matin, quelques 150 policiers investissent Saint Pons de Thomières, chef-lieu de canton de 2121 habitants. Est-ce la guerre ? Non bien sûr. Il s’agit de trouver le ou les auteurs d’une trentaine de lettres de menaces, accompagnées d'une balle de gros calibre, toutes signées d'une mystérieuse "cellule 34", postées de l'Hérault, et adressées à diverses personnalités politiques, au nombre desquelles Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa (Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, supervise lui-même l’enquête confiée à la SDAT).
Onze personnes sont placées en garde à vue, et presque autant perquisitionnées à leur domicile. Après 62 heures d'interrogatoires poussés pour certains (un architecte, un notaire, un buraliste, un chirurgien-dentiste et un plombier, aucun raton-laveur), force est de constater que le "corbeau" n'est pas parmi elles. Un suspect avouant être en partie l'auteur de ces lettres sera d'ailleurs arrêté deux semaines plus tard à Hérépian…
Mais les victimes de cette sinistre farce ne manquent pas d’humour. Pour fêter le premier anniversaire de leur mésaventure, ils ont organisé une « Fête des Poulets », avec tir matinal de pétards à… corbeaux, et défilé jusqu’à la gendarmerie avec une cage contenant trois beaux poulets fermiers.
Marcel Caron et Pierre Blondeau, deux des ex-gardés à vue ont également écrit un livre : «Garde à vue. L'affaire du corbeau à Saint-Pons-de-Thomières» (prix 12 €, La Cigale, 3 Route de Castres 34220 Saint-Pons, lacigale.stpons(at)orange.fr)

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

Dites-moi, ça coûte combien 150 flics en déplacement, avec les primes ? Et tout le reste, les enquêtes qui n’en finissent pas et ne servent à rien, le parquet anti-terroriste et ses juges d’instruction ? Plus cher que les cachets des figurants des virées présidentielles et ministérielles ? Plus cher que la protection des chers enfants du Prince ? Et c’est pas les Pakistanais qui payent, ni cette chère Mme Bettencourt…
Nicolas Sarközy, Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, et j’en passe, si j’étais un flic de la base (il y en a, n’en doutons pas, beaucoup de raisonnables, de respectueux du droit, de la dignité humaine et de la démocratie), et bien, si j’étais flic, j’aurais honte d’avoir de pareils chefs.



Sources et compléments

A voir sur "Caennais si vous saviez"

http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2009/01/27/les-delires-securitaires-du-pouvoir.html


Tarnac, Coupat, etc.

http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/tarnac-un-forgeron-en-garde-a-vue-dans-l-affaire-des-sabotages-188240.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Coupat

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/11/tarnac-retour-sur-deux-ans-d-enquete_1438023_3224.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/l-affaire-coupat_761302.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/de-la-menace-anarcho-autonome-a-l-affaire-coupat_929224.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/un-fiasco-et-un-scandale_830920.html



Les faux corbeaux de Saint Pons de Thomières

http://saintponsdethomieres.blogs.midilibre.com/tag/affaire%20du%20corbeau

http://www.ladepeche.fr/article/2010/08/23/892919-saint-pons-de-thomieres-les-faux-corbeaux-contre-les-renards.html

http://www.liberation.fr/societe/0101589042-la-traque-au-corbeau-fait-chou-blanc

http://www.liberation.fr/societe/0101588964-les-etranges-suspects-de-la-cellule-34