mardi, 21 septembre 2021
Place de la République à Caen, automne 2021. Quand Jojo nous refait...
… le coup des fouilles !
Pourquoi des fouilles sur la place de la République ? Quand on connaît le dossier, on sait que la vraie question était dès l'origine (sous prétexte de "revitalisation commerciale") de savoir comment refiler à des copains promoteurs (Malek REZGUI pour Sedelka, associé à Laurent CHEMLA pour le Printemps) un demi-hectare d'espace public, qui l'était depuis 1792.
La place carrée d'origine, qu'il conviendrait de recomposer, c'était juste de la communication (le patrimoine, on s'en fout royalement à l'hôtel de ville, voir l'intérêt qu'on y accorde au Site Inscrit dans ce même dossier).
Pour les fouilles, c'est encore un petit peu plus tordu. Le Code de patrimoine met à la charge de "l'aménageur" (le constructeur) d'éventuelles fouilles "préventives".
Pour les faire payer au contribuable (plus de 300.000€), on a inventé en février 2016, soit avant même qu'un quelconque projet ait été retenu (Mme Sonia de la Provôté, devenue sénatrice, étant alors maire-adjointe de Bruneau à l'urbanisme)... une "demande anticipée" totalement dépourvue de base juridique (fouilles "préventives" et fouilles "programmées", ce n'est tout de même pas la même chose).
Il est amusant de constater que, dans ses mémoires devant le Tribunal administratif, l'avocat de la ville (ou de Joël Bruneau, provisoirement), affirme qu'en faisant cette demande on pensait se voir répondre que des fouilles étaient inutiles! Elles l'étaient, et le sont toujours.
Il suffisait en effet d'ouvrir le tome LII du Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie (1952), aux pages 275 à 277 et 294 à 297, pour apprendre qu'on n'avait pas déblayé à la louche les vestiges de l'hôtel de ville, ancien petit et grand séminaire des Eudistes, mais qu'on avait fait un travail bien propre, au besoin à la petite cuiller et au pinceau.
Trop anciens ces documents (consultables par tout un chacun à la bibliothèque Alexis de Tocqueville)? Une bonne partie de ces infos sont reprises dans "Caen cité médiévale, bilan d'archéologie et d'histoire", de Collet, Leroux et Marin, notamment page 311. Le plus drôle est de savoir quels sont les éditeurs de cet ouvrage. Je vous laisse aller voir.
On avait donc en 1952 fouillé (entre autres) une bonne partie du sous-sol de la chapelle des Eudistes, et trouvé ce qui s'y trouvait (diverses sépultures). Eh bien, en 2016, le Service Départemental d'Archéologie a mis au programme de son Diagnostic archéologique la recherche de ces mêmes sépultures... Un diagnostic qui a néanmoins permis l'extraordinaire découverte d'un compteur à gaz dans la cave de la poste, bâtiment de la fin du XIXème ou du début du XXème siècles, rue Jean-Eudes.
Mais ces pauvres résultats n'ont pas empêché la CIRA (Commission interrégionale de la recherche archéologique, rebaptisée en 2016 CTRA, pour Commission territoriale de la recherche archéologique) de décréter utile un "décapage" partiel du terrain, quitte, si l'on ne devait rien trouver d'intéressant (comme des "statues géantes", quelle farce!), à se contenter de recueillir... des pollens datant d'autres époques géologiques.
D'où un arrêté préfectoral prescrivant lesdites fouilles... inutiles, mais permettant l'abattage des tilleuls, là encore aux frais du contribuable. Et le tour est joué. Au-delà du sort de 45 tilleuls, c'est la gestion du bien public des Caennais, celle des deniers publics (des contribuables) qui est en cause. Et au-delà encore, ce sont de puissants réseaux de connivences que l'on découvre. Et la démocratie, là-dedans?
Le coût des fouilles ?
En attendant la réponse à cette intéressante question, on pourra s'amuser à suivre dans la presse locale les comptes-rendus des coûteuses pitreries du Service Départemental de l'Archéologie sur le site de l'ancien hôtel de ville, place de la République. Soit, par exemple :
Si elles avaient bien été descendues dans ces caves (ou si leurs débris n'en avaient pas précédemment été extraits, ce qui reste des hypothèses non vérifiées), on ne s'attend pas toutefois à retrouver les restes de 450 toiles (de « trop grands formats », mais « pas des œuvres de peintres majeurs »)... après plus de 70 ans éventuellement passés sous des gravats et dans la nappe phréatique qui affleure à cet endroit. Évidemment...
On s'extasie par contre de la découverte de « petits fragments », « éclats de vases de la collection asiatique » et « fragments de vases précolombiens et de statues en marbre ». Rien qui ressemble vraiment aux « statues géantes » qu'on nous promettait en 2016, certes. Mais qui sait ? Ne se pourrait-il pas qu'on trouve ici, parmi ces menus morceaux de marbre (de Vieux ou de Paros?), l'index de la main droite de la Vénus de Milo ?
Autres informations sur ce blog concernant les fouilles de la place de la République :
http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2018/0...
Contrevérités et affirmations péremptoires de Vincent Hincker en janvier 2018 (pillage des collections du musée en juin-juillet 1944, caves du musée restées intactes, présence de statues de taille imposante, absence totale de fouilles après guerre, etc.) :
https://actu.fr/normandie/caen_14118/ensevelies-depuis-74...
Et puisqu'il est question ici de vaisselle cassée...
14:57 Écrit par Bruno dans Affaires municipales, La République n'est pas à vendre | Lien permanent | Commentaires (0)