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lundi, 30 avril 2012

A la pêche à la baleine...

Hortefeux et la meute des honnêtes gens…

« C’est la meute des honnêtes gens qui fait la chasse à l’enfant » (Prévert).
En février 2010, des membres de RESF (Réseau Éducation Sans Frontières) s’alarment du fait que la préfecture d'Indre et Loire interviendrait auprès de directeurs d'établissements scolaires pour que ceux-ci lui fournissent les fichiers Base élèves contenant les noms, adresses et nationalités de ces derniers.
RESF et le collectif Soif d'utopie décident alors d'écrire un communiqué dans lequel ils s'inquiètent de l'usage de ces fichiers par les services préfectoraux. Voici le communiqué en question :

LES BALEINIERS !

Ces chasseurs de mammifères marins, pour arriver à leurs fins, s’en prenaient parfois aux baleineaux pour attirer à eux ’’les parents baleines’’.
Cette technique de chasse aux enfants a eu son heure de ’’gloire’’ pendant une des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine. Les nervis de Vichy ont en effet utilisé les enfants pour pouvoir aider à la déportation de ces derniers et de leurs parents. Il semblerait que certains fonctionnaires préfectoraux, particulièrement zélés, s’inspirent de nouveau de la chasse à la baleine. Actuellement, les fichiers, comprenant la liste des élèves et leur adresse (par exemple Base élèves), sont constitués dans chaque établissement.
Certains fonctionnaires préfectoraux interviennent auprès des directeurs d’établissement pour que ceux-ci leur transmettent la nationalité des parents. C’est illégal ! Il y a de réels soupçons en Guyane, en Ile et Vilaine et en Indre et Loire.
Nous nous inquiétions, dans le contexte xénophobe actuel, de l’usage des dits fichiers. Ne vont-ils pas servir, à travers les enfants, de moyen d’arrêter, de placer en rétention, d’expulser des familles sous prétexte qu’elles n’auraient pas de papiers ? Nous ne pouvons accepter cette chasse à l’homme, cette instrumentalisation des enfants et de leurs enseignants. Aucun être humain ne doit devenir un gibier pour l’Etat


Les procès des « 4 de Tours »

C'est sur la base de la référence au régime de Vichy qu’un certain Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa et ministre de l'Intérieur à l’époque, porte plainte contre 4 militants (les 4 de Tours), pour « diffamation publique contre une administration publique ».

Reporté par 3 fois, pour d’obscures raisons, le procès (en première instance) se déroule le 5 avril 2011 devant le Tribunal Correctionnel de Tours. Le Tribunal relaxe un des 4 militants poursuivis et condamne les trois autres, individuellement, à une amende de 500 euros avec sursis et à verser 300 euros à la partie civile, et, solidairement, à régler 3.000 euros au titre des frais de justice.

Mais les condamnés font appel. La Cour d'appel d'Orléans, dans un arrêt du 10 avril 2012, aggrave les peines des trois camarades déjà condamnés en première instance, et double notamment le montant dû à la partie civile (le Ministère de l'Intérieur), au motif que la procédure fut « longue et difficile » (sic.!).
Ce sont donc désormais 6000 euros dont doivent s'acquitter, solidairement, les condamnés. A quoi il convient d'ajouter 120 euros chacun pour frais de justice, et 300 euros chacun de dommages et intérêts – l'amende de 500 euros chacun étant assortie du sursis.

Les trois condamnés se sont pourvus en Cassation. Mais un pourvoi en Cassation n'est pas suspensif. Il faut donc payer, même s’ils voient dans les peines prononcées une forme de racket dont le but est évidemment de toucher les militants au porte-monnaie, et d’entamer leur détermination à poursuivre leur combat contre l'arbitraire du pouvoir.


Un appel au soutien financier

C'est pourquoi ils lancent avec leurs soutiens un appel pressant à la solidarité, pour que le fardeau financier soit partagé entre tous ceux qui demandent leur relaxe, parce qu’ils partagent leur dénonciation de la chasse aux étrangers, et des moyens qu'elle emploie, rappelant un passé honni.
Voici donc ce qu’ils proposent – au choix, à l'instar de ce qui se pratique dans d'autres luttes collectives qui recourent aux « payeurs volontaires » :
a) Chacune et chacun d'entre vous fait un chèque d'un montant qui peut être très modique (2 ou 3 euros) à l'ordre de « Agent judiciaire du Trésor » (c'est la partie civile, pour qui il faut trouver 6000 euros); vous envoyez ce chèque à Solidaires 37, La Camusière, Maison des syndicats, 18 rue de l'Oiselet, 37550 SAINT-AVERTIN. Une fois la somme atteinte, nos trois camarades déposeront cette multitude de chèques entre les mains de la partie civile, avec ce message: « des milliers de personnes solidaires partagent la responsabilité politique des actes qui sont reprochés à trois militants ».
b) Vous pouvez aussi faire vos dons de façon plus classique à l'ordre de Solidaires 37, et les envoyer à l'adresse ci-dessus. Ils seront ensuite répartis selon les besoins.

Comité de soutien aux 4 de Tours.
Contact : 02 47 61 51 08
Mail : contact@baleiniers.org
Plus d'informations ici: http://baleiniers.org

RESF (Réseau Éducation Sans Frontières), pêche à la baleine, régime de Vichy, base élèves, Brice Hortefeux, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, les 4 de Tours, Jacques Prévert

Et pour ceux qui veulent respirer une bouffée d’air iodé (par ces temps encore irrespirables, pour quelques jours encore ?), une bouffée d’air iodé comme on en peut respirer du côté d’Omonville la Petite, voilà une « Pêche à la baleine » toute fraîche sortie de « Paroles ». N’y manque que la musique de Kosma, et le talent des Frères Jacques…

A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine
Disait le père d'une voix courroucée
A son fils Prosper, sous l'armoire allongé
A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine
Tu ne veux pas aller
E pourquoi donc?
Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête
Qui ne m'a rien fait papa
Vas la pépé, vas la pêcher toi-même
Puisque ça te plaît
J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère
Et le cousin Gaston
Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est allé
Sur la mer démontée

Voilà le père sur la mer
Voilà le fils à la maison
Voilà la baleine en colère
Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière
La soupière au bouillon
La mer était mauvaise
La soupe était bonne

Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole
A la pêche à la baleine, je ne suis pas allé
Et pourquoi donc que j'y ai pas été?
Peut-être qu'on l'aurait attrapée
Alors j'aurais pu en manger
Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau
Le père apparaît hors d'haleine
Tenant la baleine sur son dos
Il jette l'animal sur la table
Une belle baleine aux yeux bleus

Une bête comme on en voit peu
Et dit d'une voix lamentable
Dépêchez-vous de la dépecer
J'ai faim, j'ai soif, je veux manger
Mais voilà Prosper qui se lève
Regardant son père dans le blanc des yeux
Dans le blanc des yeux bleus de son père
Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus:
Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m'a rien fait?
Tant pis j'abandonne ma part
Puis il jette le couteau par terre
Mais la baleine s'en empare
Et se précipitant sur le père
Elle le transperce de part en part

Ah, ah, dit le cousin Gaston
Ca me rappelle la chasse, la chasse aux papillons
Et voilà
Voilà Prosper qui prépare les faire-parts
La mère qui prend le deuil de son pauvre mari
Et la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer détruit
Soudain elle s'écrie:
Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile
Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godille

Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille
Alors, éclatant d'un rire inquiétant
Elle se dirige vers la porte et dit
A la veuve en passant:
Madame, si quelqu'un vient me demander
Soyez aimable et répondez
La baleine est sortie
Asseyez-vous
Attendez là
Dans une quinzaine d'années
Sans doute elle reviendra






samedi, 25 février 2012

De l’utilité des prétendues menaces terroristes en période électorale

Les belles enquêtes de MAM et Guéant

Michèle Alliot-Marie est passée à la trappe, victime de ses amitiés tunisiennes (auxquelles, au-delà des banales questions d’argent, elle devait peut-être une bonne part de ses incontestables compétences policières), mais Claude Guéant veille au grain.
Ces éminents disciples, avec Brice Hortefeux, du ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, l’homme du Karcher et de l’état d’urgence (le bien nommé Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa), peuvent s’enorgueillir, entre autres, de deux grands faits d’armes : l’affaire du corbeau de Saint Pons de Thomières pour l’une, et celle de Tarnac, dite affaire Coupat ou des sabotages de TGV, pour l’autre.

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

Terrorisme et épicerie

Cela faisait des mois et des mois qu’on n’avait plus entendu parler de Tarnac, de Julien Coupat et de ses amis. Mais Guéant, premier agent électoral de son maître, tisonne avec conviction les braises menaçant de s’éteindre, raisonne bien creux et bien bas sur la valeur respective des civilisations, s’efforce de ranimer le Kulturkampf et l’islamophobie, et de terroriser le petit peuple d’extrême droite par un dénombrement qui se veut précis des bandes de jeunes voyous censées sévir sur tout le territoire…
C’est donc sans doute à l’imminence d’échéances électorales majeures qu’on doit la réactivation du dossier Coupat.
Notre police anti-terroriste (la meilleure du monde assurément) qui surveillait étroitement les épiciers de Tarnac dès les premiers mois de 2008 (écoutes, interception de courriels, microcaméras, filatures… jusque sur les lieux du crime à Dhuisy, Seine et Marne !) assiège littéralement, le 11 novembre de la même année, le village de Tarnac (Corrèze), 327 habitants…
Gardes à vue prolongées (sous l’accusation de terrorisme), incarcérations, déclarations fracassantes des autorités… Et puis plus rien pendant plus de trois ans. Plus rien de sérieux. Sinon pour démontrer l’étonnante absence de preuves matérielles dans le dossier de l’accusation. Le Monde, dans son éditorial du 17 mars 2009, soulignait qu’en l’absence de flagrant délit, d’aveux, et même d’indices, « la justice et les enquêteurs se doivent [de] répondre rapidement. Sauf à accréditer le sentiment croissant que cette affaire est artificielle, effectivement absurde, donc profondément choquante. »
Un journaliste de l’Est Républicain, Marcel Gay, a consacré un livre à cette affaire (Le Coup de Tarnac). Sa conclusion est que « Julien Coupat et ses amis sont devenus bien malgré eux les symboles de la dérive sécuritaire du pouvoir ».

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

photo piquée sur le site de la Fédération Anarchiste, groupe de Béthune


Dupont et Dupond sur la piste du capitaine Crochet

Heureusement, Guéant veille. Et fort opportunément, jeudi dernier, la Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) arrête à Rouen un forgeron trentenaire, fils de forgeron, soupçonné d’avoir fabriqué les crochets utilisés lors du sabotage de la ligne TGV, en 2008 à Dhuisy.

Un site mal-pensant (Le Jura libertaire) relate l’information sous le titre suivant : « Dupont et Dupond ont attrapé un nouvel innocent suspecté d’être le fameux capitaine Crochet »
J’ai lu ou entendu quelque part qu’un de nos fins limiers, après fouille de l’atelier paternel, avait déclaré à la presse qu’il y avait là tout ce qu’il fallait pour fabriquer les fameux crochets. La moindre des choses sans doute. L’Amérique des séries télévisées nous envie notre police scientifique…

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt


Poulets et corvidés des Hauts-Cantons du Languedoc

Mais que fait la police ? comme on l’entend dire souvent du côté de la France d’en bas. Elle arrête un forgeron, l’interroge et le relâche. Faute de mieux. Parions qu’après des années de vide, et le départ de l’histrion en chef, l’affaire Coupat finira en eau de boudin. Il suffira à M. Guéant qu’elle ait été utile au racolage de quelques voix susceptibles de manquer à son poulain.
Car cette histoire en rappelle furieusement une autre…
Le 3 septembre 2009 à 6 heures du matin, quelques 150 policiers investissent Saint Pons de Thomières, chef-lieu de canton de 2121 habitants. Est-ce la guerre ? Non bien sûr. Il s’agit de trouver le ou les auteurs d’une trentaine de lettres de menaces, accompagnées d'une balle de gros calibre, toutes signées d'une mystérieuse "cellule 34", postées de l'Hérault, et adressées à diverses personnalités politiques, au nombre desquelles Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa (Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, supervise lui-même l’enquête confiée à la SDAT).
Onze personnes sont placées en garde à vue, et presque autant perquisitionnées à leur domicile. Après 62 heures d'interrogatoires poussés pour certains (un architecte, un notaire, un buraliste, un chirurgien-dentiste et un plombier, aucun raton-laveur), force est de constater que le "corbeau" n'est pas parmi elles. Un suspect avouant être en partie l'auteur de ces lettres sera d'ailleurs arrêté deux semaines plus tard à Hérépian…
Mais les victimes de cette sinistre farce ne manquent pas d’humour. Pour fêter le premier anniversaire de leur mésaventure, ils ont organisé une « Fête des Poulets », avec tir matinal de pétards à… corbeaux, et défilé jusqu’à la gendarmerie avec une cage contenant trois beaux poulets fermiers.
Marcel Caron et Pierre Blondeau, deux des ex-gardés à vue ont également écrit un livre : «Garde à vue. L'affaire du corbeau à Saint-Pons-de-Thomières» (prix 12 €, La Cigale, 3 Route de Castres 34220 Saint-Pons, lacigale.stpons(at)orange.fr)

Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Jacques Chirac, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Saint Pons de Thomières, Tarnac, Julien Coupat, Kulturkampf, Dhuisy, Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), Le Jura libertaire, Liliane Bettancourt

Dites-moi, ça coûte combien 150 flics en déplacement, avec les primes ? Et tout le reste, les enquêtes qui n’en finissent pas et ne servent à rien, le parquet anti-terroriste et ses juges d’instruction ? Plus cher que les cachets des figurants des virées présidentielles et ministérielles ? Plus cher que la protection des chers enfants du Prince ? Et c’est pas les Pakistanais qui payent, ni cette chère Mme Bettencourt…
Nicolas Sarközy, Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie, Claude Guéant, et j’en passe, si j’étais un flic de la base (il y en a, n’en doutons pas, beaucoup de raisonnables, de respectueux du droit, de la dignité humaine et de la démocratie), et bien, si j’étais flic, j’aurais honte d’avoir de pareils chefs.



Sources et compléments

A voir sur "Caennais si vous saviez"

http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2009/01/27/les-delires-securitaires-du-pouvoir.html


Tarnac, Coupat, etc.

http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/tarnac-un-forgeron-en-garde-a-vue-dans-l-affaire-des-sabotages-188240.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Coupat

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/11/tarnac-retour-sur-deux-ans-d-enquete_1438023_3224.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/l-affaire-coupat_761302.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/de-la-menace-anarcho-autonome-a-l-affaire-coupat_929224.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/un-fiasco-et-un-scandale_830920.html



Les faux corbeaux de Saint Pons de Thomières

http://saintponsdethomieres.blogs.midilibre.com/tag/affaire%20du%20corbeau

http://www.ladepeche.fr/article/2010/08/23/892919-saint-pons-de-thomieres-les-faux-corbeaux-contre-les-renards.html

http://www.liberation.fr/societe/0101589042-la-traque-au-corbeau-fait-chou-blanc

http://www.liberation.fr/societe/0101588964-les-etranges-suspects-de-la-cellule-34






jeudi, 05 août 2010

Parents de mineurs délinquants: les petits Poutine de l’UMP font de la surenchère…


« Vedendo cio Bulfalmacco, disse a Bruno: Noi che faremo ? Chè non ce ne andiam noi ? A cui Bruno  rispose: Andianne; ma io giuro a Dio che mai Calandrino non me ne farà più niuna; e se io gli fossi presso, come stato sono tutta mattina, io gli darei tale di questo ciotto nelle calcagna, che egli si ricorderebbe forse un mese di questa beffa… »
« Que faisons-nous ici ? demanda Bulfalmacco à Bruno. Pourquoi ne pas nous en retourner nous aussi ? – Allons-y, répondit Bruno; mais je jure devant Dieu que jamais Calandrino ne me fera plus marcher; et si nous étions encore ensemble, comme nous l’avons été toute la matinée, je lui lancerais cette pierre dans les talons, de telle façon qu’il en garderait plus d’un mois le cuisant souvenir… »

Giovanni Boccaccio, Décaméron, Huitième journée, III

 

Sarko photo AFP.jpg


Jusque dans les chiottes…

On se souvient des fortes paroles de Vladimir Poutine à propos des Tchétchènes : « On va les buter jusque dans les chiottes » (Astana, Kazakhstan, le 24 septembre 1999). Du même, cette déclaration de 2007 : « Suis-je un pur démocrate ? Bien sûr, je suis un pur et absolu démocrate (...) La tragédie, c'est que je suis le seul pur démocrate au monde. Voyez ce qui se passe en Amérique du Nord — C'est l'horreur : des tortures, des sans-abri, Guantanamo, la détention sans procès et sans enquête (...) Voyez ce qui se passe en Europe : les violences contre les manifestants, l'utilisation de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène dans une capitale, le meurtre de manifestants dans une autre… ». On y croit…
Et bien, il se trouve que des chiottes et des démocrates de cet acabit, il n’y en a pas que sur le territoire de la sainte Russie, et parmi les anciens fonctionnaires du KGB. Ici comme ailleurs, le discours sécuritaire a toute sa place dans le livre de recettes des larbins du patron, quand il apparaît que les discours creux dont il nous abreuve ne cachent plus le vide insondable de ses prétendues réalisations (et les pratiques plus que contestables de ses copains).
Voilà donc qu’un certain Éric CIOTTI, dont on ignorait tout jusqu’à ce jour (l’important n’est-il pas d’avoir une vue d’ensemble, sans trop s’encombrer de détails ?), tient à faire savoir qu’il existe, en donnant une interview au Journal du Dimanche (dimanche dernier, après la messe…).
C’est vrai qu’il n’y a guère que deux ou trois ans qu’il joue dans ce qu’il croit être la cour des grands.


L’enfance d’un sous-chef

Né le 28 septembre 1965 à Nice, Éric CIOTTI n’est en effet député des Alpes-Maritimes que depuis juin 2007, et président du conseil général de ce département que depuis décembre 2008 (à la faveur de quelques savantes manœuvres électorales). Il est enfin secrétaire national de l’UMP pour les questions de sécurité. C’est dire la touche personnelle qu’il est autorisé à mettre dans les sujets dont il traite. Car de 1988 (fin de ses brèves études) à 2007, il a toujours vécu dans l’ombre de ses parrains ESTROSI et GAUDIN, n’a jamais rien fait d’autre que de les servir, et ne sait apparemment rien faire d’autre (il pourra toujours devenir avocat, s’il n’est pas réélu). Un sarkozyste pur jus…

http://www.eric-ciotti.com/mon-parcours/

 

La soudaine importance d’un petit caporal

Mais voyons sans tarder à quelle géniale innovation M. Éric CIOTTI doit de passer sous les feux de la rampe. Cela tient en 3 lignes :
« Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende, le fait par le père ou la mère de laisser son enfant mineur, lorsque celui-ci a été poursuivi ou condamné pour une infraction, violer les interdictions et les obligations auxquelles il est soumis ».
On entre au Panthéon pour moins que ça. Ne décerne-t-on pas la Légion d’Honneur aux gestionnaires de (très gros) patrimoines ? On fait même pire, dirait Woerth.
Un texte d’une pareille importance mérite un commentaire. Son auteur nous le fournit, en prime : « Le message que devra adresser cette loi, si elle est votée, c'est de réaffirmer au sein de l'édifice familial cette responsabilité dont les bases ont été sapées depuis mai 1968, quand on a commencé à pilonner les notions d'autorité, de discipline, de respect de la règle et, plus globalement, de respect de la loi ».


Apprentissage de la propreté en Mai 68…

Mai 1968 ! Eric n’avait pas trois ans, mais il en garde un souvenir terrible. Parmi les châtiments qui le faisaient frémir, quand il ne respectait pas les règles (refusait de manger sa soupe, pissait au lit, proférait des gros mots, etc.), les plus terribles n’étaient pas d’aller au coin ou de prendre une bonne fessée (saintes vertus de la fessée, trop décriées de nos jours !). Non, ce qui le faisait immédiatement revenir dans le rang des gens disciplinés et respectueux de l’autorité (des rangs qu’il n’a plus quittés depuis), c’est la menace d’être livré tout cru aux croquemitaines gauchistes, grands mangeurs d’enfants sages, comme le terrible Dany le Rouge (celui-là, Eric n’en a plus peur aujourd’hui…).


Sagesse toute relative d’un ancien étudiant en droit

Vous aurez sans doute noté qu’Eric n’est pas trop sûr que son texte soit adopté. Et s’il ne l’est pas, que deviendra son message, dans quelle chienlit sombrera à nouveau l'édifice familial ? Mais notre homme a quand même fait son droit (surtout pas philo ou socio cependant, imaginez l’effet qu’aurait pu avoir sur lui le doute cartésien), et il sait que « Nul n’est responsable du fait d’autrui, c’est un principe du droit ». Ce « détail » pourrait donc conduire l’opération à l’échec. Mais il sait aussi que cela n’a aucune importance (ce texte, comme beaucoup des précédents textes sécuritaires que le pouvoir sarkozyste a produits en à peine plus de trois ans, n’a pas vocation à s’appliquer), et il sait d’abord ce qu’on attend de lui: occuper un instant les médias, quitte à se voir décerner un nouveau Prix Busiris…

 

Eric Ciotti Prix Busiris 2007

C’est par un billet du vendredi 21 septembre 2007 qu’Eric CIOTTI se voit décerner le Prix Busiris par Maître Eolas, auteur d'un blog juridique de très haute tenue, et jouissant par ailleurs d’une grande notoriété. Ce prix parodique récompense, selon les critères de son créateur, des personnes qui ont publiquement proféré « une affirmation juridiquement aberrante, si possible contradictoire, teintée de mauvaise foi et mue par l'opportunité politique plus que par le respect du droit ». En l'occurrence, le 19 septembre 2007, au cours de l'examen du projet de loi "relatif à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile" (devenu la loi n°2007-1631 du 20 novembre 2007), Éric CIOTTI avait notamment soutenu à l'Assemblée Nationale que diviser par deux le délai de recours contre un refus d'asile contribue à réaffirmer la vocation universelle de la France à faire de son sol un lieu d'accueil pour ceux qui sont martyrisés. Et Maître Eolas d’ajouter : « L'opportunité politique est enfin démontrée par le petit coup de langue sur "le ministre de l'intérieur de l'époque" qui a fait du si bon travail, ha, comme il nous manque, quelqu'un sait où il est passé ? »

http://www.maitre-eolas.fr/post/2007/09/21/731-prix-busir...

 

Surenchère populiste tous azimuts…

Ah ! de quels brillants juristes on sait s’entourer au Château (ne parlons même pas d’Eric BESSON et de Brice HORTEFEUX, et de cette autre loi d’exception qu’ils mijotent de leur côté, aussi vaine et juridiquement mort-née que celle de M. Éric CIOTTI) !
Evidemment, « Jusqu'à présent, ce discours était l'apanage de l'extrême droite » (Jean-Jacques URVOAS), la menace de déchéance de la nationalité française « est en contradiction la plus absolue avec le principe d'égalité entre les Français » (Benoit HAMON, porte-parole du PS), « Seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise en cause de la nationalité comme politique d'ensemble. La déchéance de la nationalité française est une mesure inefficace, stupide et anti-républicaine » (Jean-Luc MELENCHON sur son blog). Pour Corinne LEPAGE, présidente de Cap21 et députée européenne, « le chef de l'Etat ne respecte pas la Constitution en parlant de deux types de Français »
Evidemment…

A force de prendre à Le Pen ce qui appartient à Le Pen, il ne restera bientôt plus aux chefs de meute de l’UMP qu’à apprendre le hongrois, pour leur permettre de jouer aux croix fléchées.