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dimanche, 20 juin 2010

Bouygues à Caen au 32 rue Desmoueux (ainsi que rues aux Juifs et Sophronyme Beaujour), et son légendaire respect de l’environnement naturel et bâti...

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« Villa Monceau », ma pelle et mon râteau...
ou la farce d’un POS protecteur des jardins...

On ne fait plus aujourd’hui de « résidences », terme désormais réservé à l’habitat populaire, voire social. On construit des « villas »: « Villa Mathilde », « Villa des Dames », « Villa de Tourville », « Villas du Colisée », « Villa Monceau », et j’en passe... Ce terme de « villa » a dû obtenir l’oscar de l’emballage dans l’un de ces nombreux « salons » où les commerciaux des promoteurs chassent le pigeon, naguère appâté par les mirages de la défiscalisation et de la plus-value rapide, aux temps de la bulle immobilière.
Peu importe que ces « villas » n’aient de la villa que le nom, et ne soient que des pâtés de béton, semblables aux pâtés de béton de la concurrence, comme il s’en construit alentour. L’important n’est-il pas de faire du fric, le maximum de fric, en fourguant à ceux qui en ont (ou qui ont les moyens d’en emprunter) le maximum de mètres carrés aux prix encore soutenus (et inaccessibles au plus grand nombre) qui sont ceux du marché ?
Dans ces conditions, il n’est pas inutile d’accoler au terme de « villa » une référence à un site prestigieux, quand les références locales encore disponibles manquent de panache. C’est sans doute pour cette raison que le dernier opus projeté dans notre bonne ville par la société BOUYGUES IMMOBILIER (une société au goût très sûr à laquelle on doit la destruction in extremis de l’escalier de la Chambre de Commerce, à la veille de son classement)... s’est vu sobrement affublé du nom de « Villa Monceau ».
Il faut bien vendre, et ces ventes se font aujourd’hui en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement). D’où le soin apporté aux petits détails comme le nom (ronflant) et la documentation (beau papier, images de synthèse flatteuses). Peu importe qu’à réception des travaux le résultat soit moins grandiose. La référence au parc Monceau dans le 8ème arrondissement de Paris n’est donc, bien sûr, ni fortuite ni gratuite. Ce nom évoque immanquablement les immeubles de luxe et les hôtels particuliers qui le bordent. Il y a beau temps qu’on ne vend plus des « maisons de maçon », mais bien plutôt de l’investissement supposé rentable, et du rêve de parvenus. En ce sens l’appellation de « Villa Monceau » n’est pas totalement usurpée, sachant que le lotissement d’une bonne moitié du parc Monceau au XIXème siècle est l’oeuvre du banquier Pereire. Le Bouygues de l’époque. Evidemment plus soucieux de retour sur investissement et de profits conséquents que de protection de l’environnement...

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Le quartier tant convoité du Jardin des Plantes »

C’est pourtant l’environnement qui fait vendre: la proximité du Jardin des Plantes, quelques panneaux solaires pour le label BBC (Bâtiment Basse Consommation), label autorisant l’heureux acquéreur-occupant (à crédit, de préférence in fine) à bénéficier d’un crédit d’impôt majoré (quand les textes d’application seront parus, s’ils paraissent un jour), ainsi que le pittoresque allégué de « quelques ruelles qui bordent le Jardin des Plantes »... On ne recule devant rien chez Bouygues quand il s’agit de faire l’article à un client qui ne mettra peut-être jamais les pieds à Caen. Alors pourquoi ne pas brosser le tableau outré d’un « espace de vie privilégié », d’un « havre de paix à proximité de tout », comme un îlot de confort et de modernité au beau milieu d’une ville aussi grouillante que médiévale, sans doute... Le papier glacé ne refuse pas l’encre grasse.
Le rédacteur de cet argumentaire de vente est-il seulement venu à Caen, qui ignore si totalement le cimetière des Quatre Nations, îlot de verdure derrière son mur d’enceinte, juste en face, de l’autre côté de la rue Desmoueux ?
A vous de voir:

http://www.immoo.com/programme/22573/details/index.html

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« Préserver les jardins... », ou les bétonner ?

Le terrain de 1117 m² sur lequel devrait être réalisé la « villa Monceau » (actuellement occupé par une grande maison dessinée par l’architecte Pierre AUVRAY, décédé en 2009) est situé en secteur UAb du POS de décembre 2000, un secteur « correspondant aux maisons de ville du centre ancien » et « soumis à des règles d’emprise visant à en préserver les jardins ». (Caractère général de la zone UA, page 12 du Règlement).
Belle déclaration d’intention, qui ne coûte rien. Car son hypocrisie saute aux yeux dès qu’on examine d’un peu plus près les dispositions concrètes prévues par les différents articles du règlement.
L’article UA6 prévoit ainsi l’implantation des constructions à l’alignement de toutes les voies publiques ou privées existantes, sauf existence d’un front bâti en retrait. L’article UA6 impose quant à lui que « les constructions doivent occuper toute la largeur du terrain jusqu’aux limites latérales... à l’intérieur d’une bande de constructibilité parallèle à l’alignement... », dont l’épaisseur est fixée à 13m en secteur UAb. « Au delà de cette bande, seules sont autorisées les constructions attenantes au bâtiment [principal] (...)  édifiées en adossement aux bâtiments contigus existants [sur la propriété voisine]... » ainsi que « les constructions implantées en limite séparative et d’une hauteur inférieure à 3,50m ». Le coefficient d’emprise au sol est par ailleurs de 100% à l’intérieur de la bande de constructibilité, et de 30% au delà dans ce secteur UAb. Les parkings souterrains ou semi-enterrés ne sont en outre pas pris en compte dans le calcul de l’emprise au sol (article UA9).
Mais venons-en aux jardins (ou espaces dits verts) avec l’article UA13: ils seront ici de 50%... des espaces libres. Je traduis: de 50% des espaces non construits après application des règles précédentes... s’il en reste !
Supposons en effet un terrain quadrangulaire de 26m de côté (676 m²), en bord de rues sur 3 de ses côtés comme ici (petite base du trapèze sur la rue Desmoueux, et 2 côtés en oblique sur les rues aux Juifs et Sophronyme Beaujour). Ce terrain pourra être construit sur toute sa surface, sans laisser d’espace libre pour le moindre jardin...
Mais notre terrain est trapézoïdal, et pour peu qu’on n’ait pas usé de la faculté de construire en fond de parcelle (sa grande base en limite séparative) des annexes de 3,50m de hauteur sur 30% des surfaces restantes, on aura peut-être au centre des constructions une étroite cour triangulaire, pour moitié artificiellement  végétalisée, et réglementairement plantée d’un seul et unique arbre de haute tige (une obligation par tranche de 200 m² d’espaces dits verts)...
Voilà comment, concrètement, le POS en vigueur « préserve les jardins », comme il le prétend... Le PLU de MM. LE COUTOUR et DURON ne sera assurément ni plus protecteur, ni moins hypocrite...
Quoi qu’il en soit, c’était là sans doute (dans ces généreuses dispositions du POS encore en vigueur pour quelques années, grâce aux mêmes), tout l’intérêt de ce terrain pour la société BOUYGUES IMMOBILIER, un terrain si heureusement configuré qu’il permet une rentabilisation optimale du capital investi dans son acquisition...


Les antécédents caennais de Bouygues

Entendons-nous bien: le promoteur immobilier n’a pas pour mission d’aménager la ville au mieux des intérêts de tous ses habitants (c’est normalement celle des élus, quand ils ne sont pas totalement dépourvus d’étoffe). Il est normal dans une économie de marché qu’il n’ait pour guide, dans le respect de la réglementation en vigueur, que ses intérêts propres, exclusivement financiers. Quand cela ne compromet pas ses intérêts (et éventuellement peut les servir), il arrive même parfois qu’il puisse se montrer respectueux du contexte paysager ou culturel de son intervention.
C’est assez rare, mais ce n’est pas en tout cas la manière de Bouygues, comme en témoigne la destruction, en 2003, de l’escalier réalisé par Raymond SUBES pour la Chambre de Commerce... Rappelons que ce dernier est, avec Edgar Brandt et Gilbert Poillerat, une des références majeures en matière de ferronnerie d’art au cours de l’entre-deux-guerres, et après. Cet escalier, en forme de point d’interrogation et entièrement suspendu, dans sa cage en briques de verre (seule subsistante), faisait référence. Mais que ne ferait-on pas chez Bouygues pour gagner quelques mètres carrés de SHON supplémentaires, et les quelques milliers d’euros qui en sont le prix !


Démolition d’une maison signée Pierre AUVRAY...

La maison du 32 rue Desmoueux ne mérite pas, quant à elle, une protection spéciale au titre des monuments historiques ou du patrimoine contemporain. Il s’agit cependant d’une réalisation de belle facture, dans le goût des années d’après-guerre (construction en cours en 1958, voir ci-après les 2 photos du chantier en voie d’achèvement, en 1958, signées R.J. Paté).

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C’est là une oeuvre de l’architecte Pierre AUVRAY, décédé à 105 ans le 7 février 2009, auquel on doit, par exemple, la reconstruction de la Banque de France (avenue de Verdun, en association avec Paul TOURNON), le beau bâtiment de la CAF avenue du 6 juin (1954), l’église de Mondeville (1935-1936), plusieurs cliniques (Miséricorde, Pasteur), le CAC Baclesse (en association avec Henry BERNARD), la crèche de la rue Gémare, la quincaillerie Legallais-Bouchard devenue un temps BHV, etc. Il me faudrait évidemment plusieurs pages pour dresser la liste des édifices qu’il a conçus, en une cinquantaine d’année d’activité professionnelle...
J’en resterai donc là, sauf à signaler aux curieux que Pierre AUVRAY a aussi légué à la bibliothèque de Caen plusieurs centaines de livres et documents relatifs à l’art de bâtir, certains fort anciens et précieux comme un Philibert de l’Orme de 1568, consultables sur place au fonds normand.
J’ajouterai seulement, pour conclure, ce jugement porté par lui sur le travail des architectes des années 50 à 70, et ceux d’aujourd’hui (propos rapportés par Didier Marie dans un article paru dans Ouest-France, en date des 16 et 17 décembre 1995):
« On a fait des parallélépipèdes simples, rationnels, fonctionnels, parfois harmonieux, parfois horribles. Maintenant, c’est courbes, obliques et pointes; ça me paraît souvent mode, cher et peu fonctionnel. Mais bon, on verra avec le recul du temps ».

S’agissant des réalisations de BOUYGUES IMMOBILIER, comme cette « Villa Monceau », c’est tout vu. C’est mode, cher, et sans le moindre souci environnemental. Chez ces gens-là, on ne pense pas, on compte.

 

 

 

 


lundi, 07 juin 2010

Bon-Sauveur, la démolition du cloître fait jaser...

 

Bienvenu !

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Dans un commentaire posté sur ce blog à la suite de ma dernière note, consacrée aux mauvaises manières du CHU envers un de ses salariés méritant, le distingué Germain de Colandon me prie d'informer les non moins méritants lecteurs de ce blog de la menace qui pèse sur le Cloître du Bon-Sauveur, du fait d'un projet du promoteur Eiffage (déjà responsable avec la SAFAUR de M. RUFA, bétonneur local bien connu, de la destruction de St Vincent de Paul, à l'extrémité du Site Inscrit).

C'est bien volontiers que j'accède à sa demande, et  vous invite à cliquer sur le lien qui suit, pour lire sur « Le Caennais Déchaîné » l'article et les commentaires qu'il suscite déjà (je n'ai quant à moi, compte tenu de l'heure tardive, pas l'intention d'y mettre aujourd'hui mon grain de sel)

http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/article-6-juin-20...


Pour savourer la prose commerciale du groupe Eiffage, lien ci-dessous:

http://www.eiffage-immobilier.fr/Eiffage/logements/824-ve...

 

 

dimanche, 13 décembre 2009

Révisions simplifiées du POS, rapports du commissaire-enquêteur

Pouvoir bétonner sans entraves,

pouvoir bétonner sans limites...


Il y a des Caennais (mais ils sont rares) qui s'intéressent encore, concrètement, à l'évolution de leur cadre de vie (je ne parle pas de ceux qui se satisfont des discours d'architectes à la mode, rameutés à grands frais pour servir à nos prétendues élites, en rangs serrés derrière le revenant François GEINDRE, le discours convenu qu'elles attendent).
L'un de ceux-ci m'avait fait parvenir, il y a une semaine ou deux, une copie du rapport, consacré au projet Clos-Joli - CHR, qu'avait rédigé Mme Catherine de la GARANDERIE, commissaire-enquêteur chargé d'expédier les 5 révisions simplifiées de notre Haussmann local, le Professeur Xavier LE COUTOUR.


« Cette enquête s'est très bien passée »

Mme de la GARANDERIE a donc consacré une partie de son précieux temps de retraitée au gardiennage de ces 5 dossiers, soumis à une enquête publique peu éprouvante du 7 septembre au 8 octobre derniers. Elle a rendu sa copie (ou plutôt ses copies, curieusement datées des 17, 18 et 25 novembre), s'agissant du Clos-Joli et des 4 autres « révisions » (ancien Collège Guillaume le Conquérant à la Guérinière, extension sur 20 hectares des Rives de l'Orne, Pointe de la Presqu'île, secteur de carrières de la rue de la Masse).
Ces grands moments de littérature administrative (7, 9, 10, 12 et 14 pages, avec un tronc commun de 4 bonnes pages copiées-collées, et pas mal d'autres redites) sont consultables en mairie, et l'on peut aussi en obtenir une copie (payante), conformément aux textes en vigueur. On peut également les consulter en ligne sur le site internet de la mairie. Ce n'est pas de la dynamite, certes non (ce qui explique sans doute cette publicité), mais c'est tout de même une première, et il faut sans doute saluer cet immense progrès (qui ne coûte rien) en matière de... « démocratie participative », expression à la mode, et déjà usée avant même d'avoir servi...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/servicesMunicipaux/...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/servicesMunicipaux/...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/servicesMunicipaux/...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/servicesMunicipaux/...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/servicesMunicipaux/...


« Très faible participation du public »

Invariablement, dans ces 5 rapports, Mme de la GARANDERIE tient tout d'abord à souligner (allez savoir pourquoi) que « cette enquête a fait l'objet d'une publicité réelle », citant notamment la double page consacrée à ces 5 projets (10 à 20 lignes chacun) dans « la revue Caen Magazine des mois de septembre-octobre », « revue » dont elle semble ignorer qu'il s'agit en fait du... bulletin municipal. Mais elle note aussi, et à plusieurs reprises, « la très faible participation du public », qu'on ne peut donc selon elle mettre sur le compte d'une éventuelle carence en matière de publicité (3 réunions ouvertes au public, 1 ou 2 articles dans la presse locale, et le site internet de la ville, dont on connaît le caractère éminemment informatif, ouvert, et... participatif).


Indifférence généralisée

Participe passé, désert du présent, désir d'avenir ? Pour prendre l'exemple du dossier le plus critiqué (le Clos Joli - CHR), il n'y a eu, en effet, qu'une observation sur le registre déposé à l'hôtel de ville, aucune sur celui déposé à la mairie de quartier de la Guérinière, et 9 sur le troisième, à la mairie de quartier de St Jean-Eudes. Aucun courrier, mais « un dossier général portant sur les problèmes de déplacement et de circulation pour l'ensemble des enquêtes », qui n'a rien à voir avec le Clos Joli (il faut bien étoffer le propos, quand la matière manque).
Mais il y a pire; les Caennais ont également boudé « Les rives de l'Orne »: 4 observations sur le registre de l'hôtel de ville, pas d'autre ailleurs. Deux observations sur le registre de l'hôtel de ville, une autre à St Jean-Eudes, concernant le « Secteur rue de la Masse ». Une seule observation sur les 3 registres, aucun courrier, pour la « Pointe de la Presqu'île ». Enfin une seule observation sur les 3 registres, aucun courrier, et une visite, concernant « Guillaume de Normandie ». Mme de la GARANDERIE a parfois dû s'ennuyer ferme, pendant ses permanences...

Une grosse vingtaine de chalands...

Mme de la GARANDERIE ne se plaint pas, et surtout pas d'une surcharge de travail (« L'enquête publique, où chacun a été entendu, s'est bien déroulée... Cette enquête s'est très bien passée »), mais son étonnement est parfaitement sensible. Elle aura sans doute eu plus de chalands, et des observations plus nombreuses sur le registre d'enquête, dans une commune comme Bricqueville (14710, dans le Parc des Marais, 122 habitants), à l'occasion d'un projet de carte communale dont elle pilotait naguère l'enquête...
Pourtant il n'y a pas à Bricqueville 55 conseillers municipaux (qu'on ne rencontre ici qu'à la grand messe mensuelle), ni 9 conseils de quartiers comme à Caen (sauf à St Jean-Eudes, leurs membres semblent eux aussi se soucier assez peu du remodelage de la ville).
Il s'est pourtant trouvé quelqu'un (observation n° 2 St Jean-Eudes) pour indiquer, à propos d'un courrier adressé au maire et resté sans réponse (il n'y a donc pas qu'à nous que le maire ne répond pas), « qu'il est possible de mieux faire en matière de démocratie participative ». Réponse du tac au tac de Mme de la GARANDERIE: l'enquête publique « est élément d'une démocratie participative ». Qu'on se le dise ! Une vingtaine d'observations pour 5 dossiers, n'est-ce pas plutôt le signe d'une abstention inquiétante, dans une ville de plus de 100.000 habitants?


Histoires de POS...

Il convient ensuite de signaler la très imparfaite connaissance qu'a Mme de la GARANDERIE du dossier de l'urbanisme à Caen (M. Gilles GUERIN ne lui aurait-il pas tout dit ?). Ainsi, pour elle, « la dernière révision [du POS] a été approuvée le 11 décembre 2000. Depuis cette date, le Plan d'Occupation des Sols a été modifié le 18 mai 2009 ». Ignorait-elle donc que cette dernière modification était déjà la troisième, sans compter 2 « révisions simplifiées » sous Brigitte LE BRETHON - Luc DUNCOMBE (2001-2008), l'une pour sortir l'Institut Lemonnier de l'impasse financière et fournir du terrain à bâtir à Fernando de ALMEIDA GOMES et NEXITY, l'autre pour augmenter la constructibilité du terrain promis sur les rives de l'Orne à la société APSYS de M. Maurice BANSAY (déjà spécialiste de l'hypermarché en Italie en 1994, aux côtés d'une société du groupe BERLUSCONI...) ?
On peut sans doute se pencher sur le dossier du Clos-Joli, des Rives de l'Orne ou de la Presqu'île sans savoir de quelle accumulation de bricolages parfois douteux témoigne l'état actuel du POS communal (sans parler des tripatouillages dont l'office Caen Habitat est lui-même responsable ailleurs, comme à la Haie Vigné), mais j'estime quant à moi que cela ne peut pas nuire, et qu'un commissaire-enquêteur averti en vaut deux... 
Et qu'à l'inverse, à ne prêter vraiment une oreille complaisante qu'aux seuls promoteurs du projet, Gilles GUERIN, l'inamovible directeur de l'urbanisme, Xavier LE COUTOUR le nouveau converti, d'autres fonctionnaires municipaux et le propriétaire des lieux (Caen Habitat s'agissant du Clos-Joli, office municipal d'HLM qui, depuis 10 ans, a délibérément vidé les logements existants pour réaliser l'opération de démolition-reconstruction déjà programmée par lui à cette époque), on abdique le sens critique nécessaire à l'élaboration d'un avis équilibré et personnel sur le projet qui vous est soumis...


Avis favorable, bien sûr...

Sur le fond, Mme de la GARANDERIE, pour meubler les 7 à 14 pages de ses 5 rapports, reprend systématiquement et discute une par une chacune des observations portées sur le registre. C'est ainsi que, pour le Clos-Joli, elle consacre 6 pages (sur 14) à l'analyse point par point des 9 observations recueillies à St Jean-Eudes (manifestement assez répétitives, et qu'il était donc possible de synthétiser sans en rien perdre, ni en amoindrir la portée). Pour le reste, elle répète inlassablement et fait siens les arguments contestables avancés par la ville dans son mince dossier  (les 1000 habitants que la ville perdrait chaque année,  phénomène que serait susceptible d'enrayer une densification plus poussée, etc.). Et, à quatre reprises, elle conclut invariablement, sans la moindre réserve, par un avis favorable, non sans avoir copié-collé sa formule rituelle: « Le projet, qui ne remet nullement en cause l'économie générale du POS, s'inscrit totalement dans le Schéma Directeur... ». Puisqu'elle le dit...


Une réserve et une recommandation,
lots de consolation pour le Clos Joli...

Il nous manquait un dernier avis favorable, s'agissant du Clos Joli. Rassurez-vous, ce dernier projet l'a obtenu. Mais il est assorti d'une réserve, et d'une recommandation. La réserve est bien sûr plus contraignante que la recommandation (même si le conseil municipal peut ignorer l'une et l'autre). Le désaccord le plus sérieux prend donc normalement la forme de la première. Ce qui est amusant ici, c'est que la réserve porte sur un élément manifestement secondaire, l'éventuel usage de la couleur: avis favorable donc, « sous réserve qu'en matière d'aspect extérieur, les couleurs susceptibles d'être utilisées s'harmonisent avec le ton de la pierre de Caen ». Quelle audace !, l'abbaye aux Hommes a dû en trembler sur ses bases...
Quant à la recommandation, elle porte sur la question qui fâche vraiment dans le quartier, celle de la fameuse tour-signal qui fait les délices de Xavier LE COUTOUR et de ses semblables. Le « signal fort », tarte à la crème de tous les plans d'urbanisme du moment, avec les pseudo « résidentialisations », les « liaisons douces », les « mixités sociales » (et « fonctionnelles » aussi), qui ne vont pas au-delà d'une mini enclave privée dans un océan d'habitat social, ou d'une mini enclave pseudo-sociale dans les quartiers bourgeois...
Mme de la GARANDERIE recommande donc « de ne pas dépasser une hauteur de type R+5 dans le secteur UBj et que le projet de règlement soit modifié en conséquence. »

Pas sûr qu'il le soit, on verra cela demain lundi, lors du conseil municipal (projets de délibérations 6 à 11)...

http://www.ville-caen.fr/infos_mairie/ConseilMunicipal/OJ...

 

 

Quelques morceaux choisis en supplément

Les développements ci-dessus pourraient laisser penser que j'estime les rapports rendus par le commissaire-enquêteur à l'unisson des projets soumis à l'enquête, sur lesquels mon opinion est globalement assez négative (et d'abord pour des questions de méthode). Il n'en est rien. Les extraits qui suivent montrent le sérieux du travail fourni, s'agissant du sens de l'observation de l'intéressée, de son expertise en matière d'urbanisme et d'architecture, et de ses qualités d'écoute.
Il n'est certainement pas inutile, par exemple, de constater l'usage actuel des territoires concernés: « Le soir, voire même dans la journée, il y a un alignement de camionnettes où certaines dames font commerce de leurs charmes » (Rives de l'Orne, page 2).
Quant à l'ouverture à l'urbanisation d'un secteur UAe de 20 hectares, avec un règlement précis permettant une densité forte (200.000 m² de SHON, hauteurs jusqu'à R+7), il est évident que cela ne nécessite pas la mise en branle de tout un luxe de précautions. D'autres bricolages seront ultérieurement possibles: « Ce plan peut être perçu comme une ébauche (...) Il existe un projet de création d'une Zone d'Aménagement Concerté. Approfondissement et précisions sur le projet sont donc à venir. Ils ne sont guère nécessaires pour la présente enquête... » (Ibidem, page 11). Cette enquête, c'est seulement pour la forme, n'est-ce pas ?
Mme de la GARANDERIE sait aussi changer d'avis, ainsi qu'elle nous le confie à l'occasion de l'observation du GRAPE, à la page 6 de son rapport sur le secteur de carrières de la rue de la Masse. Sa « réaction initiale à la première lecture du dossier » fut donc de donner un avis défavorable, au titre du principe de précaution. Mais considérant que ce secteur « n'a pas connu plus d'effondrements de terrain que les secteurs limitrophes » (page 2), et qu'un constructeur averti en vaut deux (« L'indice « w » informe et demande qu'en cas de carrière, le sous-sol soit conforté »), elle donne finalement l'avis favorable demandé. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...
J'ai enfin beaucoup aimé l'optimisme de Mme de la GARANDERIE, répondant à une observation (Clos Joli page 9, signalant le manque criant d'infrastructures dans un quartier appelé à voir sa population augmenter fortement), que « Les services suivront très certainement... » et que « je n'ai pas trouvé qu'il manquait une quelconque information en matière d'urbanisme... ». Ben voyons...

Mes conceptions datent très certainement, elles aussi. Il me semblait pourtant que l'urbanisme c'était l'art de prévoir, de concevoir un ensemble cohérent (l'habitat et les services qui vont avec: écoles, commerces, etc.). J'avais tort.