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mardi, 16 avril 2019

Pour Joël Bruneau, le débat judiciaire lui-même peut être l'occasion de se faire un peu de monnaie...

Le béton, c'est des ronds...

Joël Bruneau, maire de Caen, place de la République, SEDELKA, Claude JEAN, Sébastien JEAN, Delphine JEAN, Karine JEAN, Malek REZGUI, Laurent CHEMLA , le Printemps, Dominique LAPRIE-SENTENAC, Architecte des bâtiments de France, Stéphane GUYON, secrétaire général de la préfecture du Calvados,

1500 + 1500 = 3000 euros

J'en connais un auquel cela a déjà coûté 3000€ de contester la volonté du maire de Caen de bétonner la place de la République. Sans compter les honoraires de son avocat, d'abord devant le Tribunal administratif de Caen, et maintenant devant la Cour administrative de Nantes.

1500 € pour avoir demandé l'annulation de la délibération du 26 juin 2017 du Conseil municipal de Caen, prononçant le déclassement de l'ancien parking arboré de la place de la République, afin de pouvoir vendre le terrain à la société SEDELKA des familles JEAN et REZGUI, et leur ami Laurent CHEMLA (le Printemps).

Et 1500 € à nouveau (tarif unique ?) pour avoir contesté la modification du PLU (Plan local d'urbanisme) de notre bonne vieille ville de Caen, approuvée le 4 avril 2017 par les élus de la Communauté urbaine Caen la mer.

Une modification en 25 points à laquelle on doit la transformation (plutôt discrète) d'un emplacement réservé n° 3 prévu au PLU de 2013 (pour parking et espace vert, entre la Poste, la Préfecture et la rue Jean Eudes) en un secteur UPr, "zone de projet dédiée à l'activité et au commerce"... Et donc pour permettre aux susnommés de construire leur centre commercial sur parking souterrain en lieu et place d'un demi-hectare planté d'une cinquantaine de tilleuls en centre-ville.

 

Au suivant de ces messieurs-dames

Rien de tel que les mauvais exemples pour susciter les vocations.

D'autres ont donc demandé au Tribunal administratif de Caen l'annulation de la délibération du 6 novembre 2017 du même Conseil municipal («Demande d'autorisation de travaux d'enlèvement d'arbres relatif au projet République»). Joël BRUNEAU, maire de Caen, envisage de leur soutirer, à cette occasion, la coquette somme de 5000 euros...

Joël Bruneau, maire de Caen, place de la République, SEDELKA, Claude JEAN, Sébastien JEAN, Delphine JEAN, Karine JEAN, Malek REZGUI, Laurent CHEMLA , le Printemps, Dominique LAPRIE-SENTENAC, Architecte des bâtiments de France, Stéphane GUYON, secrétaire général de la préfecture du Calvados,

Les mêmes ont aussi sollicité l'annulation de la délibération du 25 juin 2018 (promesse de vente du demi-hectare arboré de la place de la République). Là encore, Joël BRUNEAU souhaite se voir attribuer 5000 euros de dédommagement, pour prix du dérangement. Les affaires sont les affaires...

Joël Bruneau, maire de Caen, place de la République, SEDELKA, Claude JEAN, Sébastien JEAN, Delphine JEAN, Karine JEAN, Malek REZGUI, Laurent CHEMLA , le Printemps, Dominique LAPRIE-SENTENAC, Architecte des bâtiments de France, Stéphane GUYON, secrétaire général de la préfecture du Calvados,

D'autres encore réclament eux aussi l'annulation de cette délibération du 25 juin 2018, mais on ne sait pas encore à quel prix le maire de Caen a mis leur scalp...

Les mêmes (grosso modo) se sont aussi amusés à contester la décision du 19 janvier 2018 de M. Dominique LAPRIE-SENTENAC, Architecte des bâtiments de France, qui s'était cru autorisé à coiffer la casquette du préfet pour donner à Joël BRUNEAU la permission de couper la cinquantaine de tilleuls de la place...

Grossière erreur que M. Stéphane GUYON, Sous-préfet secrétaire général de la préfecture du Calvados, n'a consenti à reconnaître que par un arrêté du 7 décembre 2018. Un arrêté de retrait bien tardif, puisqu'il n'est pas permis à l'administration de retirer une décision illégale plus de 4 mois après son adoption. Bref, encore une affaire qui traîne, et va sans doute traîner encore longtemps...

 

Tout est bon dans l'cochon...

Mais c'est pas tout ça, le temps aussi c'est de l'argent. Tout aussi sonnant et trébuchant que celui que Joël BRUNEAU nous réclame aujourd'hui, que celui qui nous sera nécessaire pour payer des avocats en Cour d'appel (qu'on ait gagné ou perdu en première instance), ou au-delà.

Les Arnault, Bolloré et autres Bettencourt ne sont pas nos cousins. Alors va falloir songer à casser la tirelire...

 

 

 

 

 

jeudi, 21 février 2019

DRAC de Normandie, car tel est notre bon plaisir...

Louis XIV Caen.jpg

Les ukases du grand satrape

seraient-elles contagieuses?

On identifiera sans difficulté le texte dont sont extraites les lignes qui suivent :

« La société que nous voulons est une société dans laquelle (...) on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d'effort et de travail. (…) Comment voudriez-vous que l'État soit organisé et comment peut-il améliorer son action ? Faut-il revoir le fonctionnement de l'administration et comment ? (…) Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ? »

Je ne suis pas sûr d'avoir vocation à repenser de fond en comble l'organisation de l'Etat, le fonctionnement de l'administration, ou les modalités d'une participation citoyenne minimale.

Je pense par contre, beaucoup plus modestement, qu'il serait peut-être judicieux d'appliquer enfin les règles existantes, sans en inventer de nouvelles à tout propos, et par exemple, puisque c'est aujourd'hui une de mes préoccupations, de ne pas seulement considérer le Code des relations entre le public et l'administration comme un moyen pratique de caler les meubles boiteux.

Et de faire respecter par toutes les administrations les avis rendus par la Commission d'accès aux documents administratifs, autorité administrative indépendante créée en 1978, dont l'existence depuis tout ce temps ne peut trouver de justification que dans l'appui efficace qu'elle peut apporter aux citoyens en butte à l'arbitraire administratif.

Enfin, puisqu'un exemple concret vaut sans doute bien une savante dissertation, je joins à ce petit texte « participatif » (mais sans illusions) la copie d'une lettre adressée à M. Jean-Paul OLLIVIER, DRAC de Normandie, dont les services nous refusent depuis plus d'un an la communication d'un document public que la CADA n'a pu (évidemment) que déclarer communicable, par un avis du 8 novembre 2018.

Sommes-nous vraiment en République ? Attention à la marche...

 

Pour la lettre recommandée (du 21/02/2019) à M. J-P OLLIVIER, c'est ici:

LRAR Ollivier février 2019 Site inscrit.odt

 

 

mercredi, 06 juin 2018

Ancien hôtel de ville place de la République, à Caen l'arnaque aux fouilles ? Acte deux.

 La grande farfouille

Ce n'est pas la ville de Caen qui, sur la place de la République, creusera un gros trou à stocker les bagnoles et construira un nouveau centre commercial (si l'on y creuse et y construit un jour, ce qu'à Dieu ne plaise). Ou pour parler comme un livre (le Code du patrimoine en l’occurrence), la ville de Caen n'est pas l'aménageur. Et n'étant pas l'aménageur, ce n'est pas à elle de faire les frais d'éventuelles fouilles d'archéologie préventive. Alors pourquoi veut-elle à tout prix en faire les frais (à nos frais)? Y a-t-il bien quelque chose à trouver ? Quelque chose qu'on n'ait pas déjà trouvé, dans un endroit tout chamboulé en profondeur, à plusieurs reprises, au cours de sept bonnes décennies depuis l'été 44 ? Pour en savoir plus, si on jetait un œil au « Rapport final d'opération - Diagnostic archéologique » rédigé en août 2016 par M. Vincent HINCKER et ses collègues ?

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Un gros rapport plutôt mince...

C'est un document de 157 pages au format A4 (volume sans doute nécessaire à la reconnaissance du caractère éminemment scientifique de l'ouvrage). 157 pages, au nombre desquelles une trentaine de pages blanches, une autre bonne dizaine de pages de données administratives (arrêtés préfectoraux, etc.), et une dernière quarantaine de pages d'inventaires techniques, le tout très abondamment illustré de documents de toutes natures (reproductions de plans anciens et d'images des 17ème au 20ème siècles, etc.). Des illustrations dont la présence dans ce Rapport en constitue d'ailleurs le principal intérêt.
C'est donc finalement un texte de moins de 80 pages, illustrations comprises. Qui n'a manifestement pas été relu avec attention, si j'en juge par son niveau de correction (ou plutôt d'incorrection) orthographique. Navrant de la part d'un service départemental dont le domaine de compétence appartient tout de même à celui, plus vaste, de la culture.
C'est par ailleurs un texte extrêmement répétitif, où l'on retrouve mot pour mot à la page 41 ce qu'on a déjà lu à la page 31; un texte dont les pages 45 à 54 racontent le même « Contexte historique et archéologique » dont le récit nous a déjà été fait sous le même titre et avec les mêmes mots aux pages 16 à 22. Une note 4, à la page 16, précise d'ailleurs que « L'essentiel des informations insérées dans le contexte historique sont tirées de: Marcheteau de Quinçay C., L'ancien hôtel de ville de Caen disparu en 1944 (…), 2014, 96 p. ».

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Insuffisance de l'étude documentaire préalable

Il faut mettre cet aveu au crédit du ou des auteurs de ce Rapport. Ils ont l'honnêteté de reconnaître qu'une bonne part de ce travail ne saurait prétendre à l'originalité. Et ce sont bien ces larges emprunts faits au petit ouvrage de M. Marcheteau de Quinçay (petit par sa pagination, mais très bien documenté, ainsi qu'abondamment et judicieusement illustré) qui font l'intérêt du Rapport de M. HINCKER.
Mais le livre en question, consacré à l'histoire de notre hôtel de ville disparu en 1944, séminaire des Eudistes de 1664 à 1792, ne prétend pas répondre aux questions posées aujourd'hui à l'archéologue: « … il est nécessaire de mettre en évidence et de caractériser la nature, l'étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents afin de déterminer le type de mesures dont ils doivent faire l'objet ». (second considérant de l'arrêté préfectoral du 1er mars 2016).
Les seules références faites par M. Marcheteau de Quinçay à des découvertes postérieures à 1944 se trouvent à la page 64 de son ouvrage, et concernent la pierre de fondation de 1731 du Petit Séminaire (B. Leconte d'Ymouville, Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, tome LII 1952-1954, pages 275-277; Paris-Normandie 30 avril – 1er mai 1953).
La seule référence au livre de M. Marcheteau de Quinçay (et aussi aux travaux de l'association Cadomus, bien sûr) ne pouvait donc tenir lieu de l'étude documentaire préalable à la phase terrain, à laquelle tout professionnel sérieux sait qu'il doit apporter le plus grand soin et la plus grande attention, en procédant tout d'abord au récolement des archives de fouilles anciennes, et autres documents d'archive utiles, ainsi qu'à leur analyse approfondie.

De l'utilité des ouvrages de base

Il n'est pourtant pas bien difficile, quand il est question de fouilles à entreprendre à Caen, de dénicher au moins quelques informations de base. Il existe notamment un ouvrage, publié en 1996 avec le soutien de la ville de Caen et du Conseil général du Calvados, qui répertorie l'ensemble des données archéologiques alors connues concernant Caen. Le titre en est « Caen cité médiévale, bilan d'archéologie et d'histoire », et les auteurs en sont Christophe COLLET, Pascal LEROUX et Jean-Yves MARIN, avec le concours de Jean-Jacques BERTAUX, Laurent DUJARDIN et Hervé HALBOUT. Malheureusement, Michel de Boüard et Arcisse de Caumont, empêchés, n'ont pu participer à la rédaction...
L'ouvrage, édité par le SDAC, Service départemental d'archéologie du Calvados au nom duquel a semble-t-il été rédigé le Rapport de M. HINCKER, permet à tout un chacun, néophyte compris, de trouver sans peine grâce à différents index (notices, mots clés, adresses actuelles) les références de base nécessaires à toute étude documentaire préalable à la phase terrain.
Concernant l'église des Eudistes, place de la République, on y trouve par exemple, page 311, une note de 5 lignes relatant les découvertes faites lors du déblaiement des fondations en 1953 (et non en 1964, comme constamment affirmé dans le Rapport HINCKER, notamment aux pages 57, 87, et 112, photo 34). Que trouve-t-on alors ? Des caveaux funéraires, un pour chaque travée, 9 corps relevés « ainsi qu'un cercueil en plomb contenant un cercueil en bois, à l'intérieur duquel fut trouvé le corps embaumé d'une femme d'1,64 m, âgée de soixante-dix ans environ. Enroulée de bandelettes ou dans un suaire très fin, puis enrobée de plâtre, elle était couverte d'un linge fin. La calotte crânienne avait été sciée afin d'en extraire le cerveau ».
Cette découverte est évidemment référencée, et il suffit dès lors d'aller consulter la note de M. Leconte d'Ymouville figurant dans le Bulletin de la société des antiquaires de Normandie (BSAN), tome LII 1952-1954, pages 294-295.

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Éviter de chercher ce qui a déjà été trouvé,
afin de ne pas gratter pour rien... (mais pas à l’œil !)

Compte tenu de l'insuffisance de leur étude documentaire préalable, M. HINCKER et ses collaborateurs n'ont (peut-être) pas su par avance qu'ils ne pourraient pas, dans leurs sondages sur le site de l'église, « identifier » (« le cas échéant ») « la présence des sépultures mentionnées dans les sources archivistiques ». Tout était prévu dans ce cas « Sauf avis contraire du service régional de l'archéologie, les sépultures potentielles ne seront pas fouillées lors du diagnostic. Néanmoins, si cela s'avérait indispensable, (…) les sépultures fouillées le seront dans les règles de l'art... » (Ce qui est quand même bien la moindre des choses !, Rapport, page 24).
Et quand les auteurs de ce Rapport reviennent sur cette « question des sépultures » (ibid. page 93), leur analyse conclut alors, et à tort, à 7 inhumations en tout dans cette église, alors qu'il y en eut au moins 16 (7 exhumations en 1810, et 9 corps relevés en 1953, dont les ossements ont alors été remis aux pères eudistes du collège Ste Marie).

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Voilà à quoi ça mène d'entreprendre des fouilles (ou même un simple diagnostic archéologique) dans ces conditions d'impréparation: «… le nivellement très poussé des terrains (…) a nécessairement provoqué la disparition des aménagements sépulcraux...». Ce qui revient à dire, après coup, que sur cette question des sépultures tout du moins, il ne servait à rien de gratter, et qu'on le savait (ou pouvait le savoir) par avance...
C'est pourtant sur la base de ce Rapport de diagnostic remis aux autorités le 9 septembre 2016, et « Considérant que le diagnostic a mis au jour la présence de vestiges des périodes modernes et contemporaines », que M. Jean-Paul OLLIVIER (DRAC) prescrira la poursuite des fouilles, par arrêtés des 15 novembre 2016 et 19 juin 2017. Il est vrai que s'il n'a pas lui-même lu ce rapport (dont l'insuffisance lui serait peut-être apparue), un autre au moins l'a fait au nom d'une Commission interrégionale de la recherche archéologique (CIRA), dont l'avis des 8 et 9 novembre 2016 a servi d'alibi à l'éventuelle poursuite de cette mascarade...

Déblaiement et nivellement, les inconnues du dossier ?

Revenons à la question de l'insuffisance de l'étude documentaire préalable, qui nous est encore une fois confirmée à la page 56 du Rapport : « Le processus de déblaiement n’a pu être précisément reconstitué ». A-t-on seulement tenté de le faire ? On sait pourtant, par des photos, des cartes postales, et d'autres documents, quels sont les différents stades du déblaiement : mise à bas des pans de murs restés debout, tri et récupération des matériaux de construction, arasement (en 1952-1953) des structures restantes au niveau de la voirie environnante, aménagement d'un parking planté et d'une voie perpendiculaire à la rue St Laurent (en 1953?), réaménagement ultérieur du parking (en 1964? plus tard ?) avec suppression de cette voie. Ce sont-là des travaux qui ont nécessairement laissé des traces dans les archives de la ville (délibérations du conseil municipal, plans, des réseaux notamment, devis des entreprises, articles de presse, etc.). Il est tout de même moins coûteux de remuer du papier que de pelleter des tonnes de gravats ! Mais on a préféré gratter à l'aveugle... et élaborer sans preuve sérieuse (ou plutôt contre toute évidence) la thèse fumeuse du « comblement des caves... demeuré en l'état » depuis juin et juillet 1944.

Le trésor des caves, construction d'un mythe

Sans être étayée par la moindre source documentaire, cette thèse du « comblement des caves... demeuré en l'état » apparaît dès la page 32 du Rapport (l'utilisation systématique de la méthode Coué fait qu'on retrouve la même affirmation, souvent dans les mêmes termes exactement, aux pages 108, 109 et 114 de ce rapport, et sans doute ailleurs). En voilà l'énoncé : Les « travaux de déblaiement et de nivellement qui ont suivi la destruction de ces bâtiments (...) ont toutefois épargné les comblements des caves lorsque le sol de celles-ci était plus bas que les chaussées des rues adjacentes » (lorsque le sol d'une cave est à hauteur de rue, on parle effectivement de rez-de-chaussée...) « Les comblements des caves subsistants conservent les témoins directs, parfois conservés in situ, de l’état des lieux au moment des deux bombardements (...) » (… et si les vestiges ne sont pas « conservés in situ », c'est que le site a été bouleversé à une date ultérieure, rendant vaine toute poursuite de fouilles susceptibles de prétendre à une quelconque scientificité!).
Mais admettons qu'il en ait été ainsi, pendant une petite décennie (1944-1953). Et encore. Mais dès l'aménagement en terre-plain du terrain (1953) et la rectification du tracé de la rue, coupant en deux ce qui était devenu une seule grande place, entre la rue Paul Doumer et la rue Georges Lebret, « il a fallu mordre sur l’emplacement du Séminaire, et, pour encaisser le sol de cette voie nouvelle, il a fallu creuser un peu, et enlever les premières assises des fondations », etc. (Leconte d'Ymouville, BSAN tome LII, 1952-1954, pages 275-276).
Des travaux de même ordre se sont évidemment avérés nécessaires pour la création (en 1953? ou en 1964?) de la voie, à gauche de la carte postale reproduite ci-dessous (le long de laquelle sont garées trois automobiles dont une 4cv), voie qui a été construite dans l'axe exact (et sur tout le terrain d'assiette) du bâtiment principal de l'ancien grand séminaire (musée des Beaux Arts jusqu'en 1944).

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Très logiquement, les réseaux publics ont été enterrés là-dessous (alimentation en eau, évacuation des eaux pluviales, cf. la bouche d'égout avaloir, en bas au centre de l'image, et la plaque d'égout au milieu de la rue). Ces réseaux ont bien sûr été aménagés au fond de tranchées nécessairement assez profondes. Ce qui, à cet endroit, veut dire dans les caves de l'ancien musée des Beaux Arts (ce qu'il en reste, sur 1m30 de hauteur au maximum après « arasement très poussé des vestiges », comme pour la cave de l'ancienne Poste?, cf. Rapport page 108). Il s'ensuit que ces fameux « comblements des caves » ne sont évidemment pas demeurés en l'état, « in situ ». Ils ont au minimum été bouleversés par la multiplicité des tranchées creusées sur tout le site de 1944 à nos jours (réseau souterrain, eau et électricité, Rapport figure 5 page 60). Sans compter les « réseaux enfouis non signalés... » (page 58). Et il est de ce fait peu vraisemblable qu'on y trouve encore « les témoins directs (...) de l’état des lieux au moment des deux bombardements »...

Les caves de l'ancienne Poste, et leur maigre contenu

D'où vient donc cette théorie fumeuse du trésor des caves de l'ancien musée des Beaux Arts ? De la fouille de deux caves voisines situées sous ce qui fut la Poste de 1883 à 1932 (Rapport page 109) : « Le comblement des caves est constitué des gravats résultant des bombardements (...) et de l’incendie qui s’en est suivi. Ces gravats contiennent les résidus de la démolition des bâtiments (…) ils sont descendus dans les caves lorsque les planchers des bâtiments ont brûlé, fossilisant ainsi le contenu des caves qui est resté en l’état. Il a ainsi été possible de retrouver le compteur gaz de la Poste avec la mesure de la consommation en cours figée au moment des bombardements. De même, la cave située immédiatement à l’est de la cave où se situait le compteur gaz, contient encore un râtelier sur lequel des bouteilles sont encore rangées ainsi que de la vaisselle portant les traces d’une intense exposition à la chaleur. »
J'ai eu la curiosité d'aller consulter, aux pages 143 à 146 du Rapport (ainsi qu'aux pages 132 à 134, en passant par les figures 15 et 16 des pages 97 et 99) les trouvailles faites dans le sondage n° 2, soigneusement conservées et rangées dans 4 caisses (les caisses n° 6, 7, 12 et 13).
Je n'y ai pas trouvé de râtelier, et pas d'autres bouteilles que « 1 bouteille en verre vert et 1 fragment de bouteille en verre transparent » (le tout pesant 1kg 430g). Plus 50 « fragments de bouteille, vitre, verre fondu » (623,5g). Pour la vaisselle, 241 « fragments d'assiettes, de bols, de plats, de tasses, beaucoup en porcelaine » (2kg 657g). Puis, toujours dans la même unité stratigraphique (US 2040) un « porte-savon en porcelaine de Limoges, manufacture Ahrenfeldt » de 81g. Dans un triste état (mais ce n'est sans doute pas un drame, s'agissant d'un objet nécessairement fabriqué après 1896). Voilà pour l'essentiel du contenu de la « cave de l'est ».
Dans la cave voisine, parfois qualifiée sans raison de « chaufferie » (US 2040 toujours), un « compteur à gaz moderne en fer, avec 2 robinets en cuivre » (25kg), un « poteau de départ d'escalier en fer, avec pommeau en cuivre » de 21kg, peut-être un « seau en fer » d'1kg, une « ferrure de porte avec 3 clous » (1 kg), 912g de « clous, barres », 700g de « balustre en fer », et enfin « 1 paire de ciseaux en fer » de 35,8g trouvée dans l'US 2034.
Je n'ai bien sûr relevé que les trouvailles les plus parlantes, en négligeant par exemple un « fragment de lame » en fer d'1,8g, ou 2 « fragments de baguette » en bois de 5g...
Mais cela fait tout de même bien peu de choses pour le seul contenu initial de deux caves (sur 1,30m de hauteur), dans lesquelles sont pourtant censés être descendus, en outre, « les résidus de la démolition des bâtiments », avec leur contenu (les 2kg 657g de porcelaine en 241 fragments, c'est au mieux le poids d'une petite douzaine d'assiettes...).
Bien peu de choses donc, et sans grand intérêt. Et j'en conclus qu'on y avait fait le ménage...

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Temps de pénurie et récupération en profondeur...

Mais cette hypothèse d'un déblaiement relativement soigneux des ruines (hôtel de ville compris), à la pelle et à la pioche pour l'essentiel, avec récupération de tout ce qui peut être réutilisé, remettrait en cause la trop utile théorie du « trésor des caves ».
Voilà sans doute pourquoi on n'hésite pas à entretenir la confusion entre le nivellement auquel on procède en 1952-1953 (les soupiraux des caves étaient alors encore visibles, au-dessus du niveau des voies adjacentes), et le déblaiement des ruines effectué en 1945-1946 (voir sur ce point « La reconstruction de Caen », de Jack AUGER et Daniel MORNET, Ed. Ouest-France 1986, page 61, ou « Renaissance d'une ville, Caen 1944-1963 », Ed. Depha 1994, pages 15 et suivantes).
C'est de cette (fort utile) confusion que témoigne la page 109 du Rapport de M. HINCKER : « Ces vestiges montrent que les travaux de déblaiement des gravats de l’ancien hôtel de ville ont été menés jusqu’au niveau de la chaussée des rues adjacentes, mais qu’ils n’ont pas été poursuivis en profondeur laissant intact les témoins sous-jacents des heures sombres de l’histoire de la ville de Caen ».
D'où tient-on que les travaux de déblaiement n'auraient pas été poursuivis en profondeur, en 1945-46, si toutefois tous les plafonds des caves s'étaient effondrés (cf. les soupiraux des caves encore visibles jusqu'en 1952-1953)?

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Car si ce n'est pas le cas (cas général ou particulier), « les résidus de la démolition » des étages (et leur contenu) ne sont pas « descendus dans les caves », ou pas tout seuls (réutilisation en remblais après 1944 ou 1952-53).
Dans le cas contraire (plafonds crevés), on devrait pour l'essentiel trouver dans les caves ce qui n'était pas susceptible de brûler, c'est à dire la pierre, et notamment les blocs appareillés des parements, chaînages, piédroits, linteaux... Et sans doute aussi, s'agissant de bâtiments qui ont brûlé, des morceaux de poutres à demi consumées...
En fouillant les caves de l'ancienne poste, à 1m30 en dessous de la surface actuelle du terrain, M. HINCKER et ses collaborateurs ont-ils fait de semblables découvertes ? Pas vraiment, si l'on se fonde sur l'examen des photos 28 et 32 des pages 107 et 109, et sur celui des couches 2040 et 2041, pages 99 et 133. Quelques blocs calcaires, mais surtout beaucoup de sable, de chaux, et autres débris et gravats non récupérables, et enfin pas de bois, même carbonisé. Il faut dire que les hivers 44 et suivants furent bien rudes pour les caennais sinistrés, sans combustible ni électricité, et souvent même sans un vrai toit au-dessus de la tête...
Aux temps de pénurie que sont les premières années d'après guerre, on récupère soigneusement tout ce qui peut encore servir (matériaux de construction, combustible, etc.). D'où la pauvreté des restes exhumés par M. HINCKER et son équipe. Et il n'y a bien sûr aucune raison de penser que les caves de l'ancien Musée des Beaux-Arts recèleraient plus de « trésors » qu'il n'en a été trouvés dans les caves de l'ancienne Poste...

« Rien ne permet de savoir... »,
mais « il ne peut être exclu de retrouver... »

Contre toute évidence, on tient pourtant à nous promettre de mirifiques découvertes dans les caves de l'ancien musée, à demi-rasées en 1952-53, et à de multiples reprises bouleversées par des terrassements, comme on l'a vu plus haut. C'est ainsi qu'on peut lire, à la page 110 du Rapport, que « la plupart des sculptures, le mobilier, les dessins, les très grandes peintures, un nombre important de tableaux du XIXe siècle, mais aussi les archives, la documentation, les inventaires, les cadres, etc., ont disparu dans les bombardements de l’été 1944 ».
Si l'on veut bien se souvenir des deux bombardements et des incendies qui ont eu raison des bâtiments de l'ancien hôtel de ville, il va de soi que mobilier, dessins, peintures, archives, documentation, inventaires et cadres ont définitivement disparu, et qu'on n'en retrouverait que les cendres.
Restent les sculptures, me dira-t-on. Quelles sculptures ? Marbres ? Bronzes (fusion à environ 1000°C, soit la température moyenne d'un incendie) ? Plâtre ? Terre ? Ne dispose-ton pas d'un catalogue ? Et ces sculptures auraient-elles été descendues dans les caves, par précaution, avant ou pendant l'Occupation ? Il est alors exclu qu'il s'agisse de pièces monumentales, malaisées à déplacer par d'étroits escaliers de service, et enfin pour cause d'arasement des caves à 1m30 de hauteur. Ou seraient-elles alors tombées des étages lors de l'effondrement des planchers ? Les bras m'en tombent, dirait la Vénus de Milo. Et quant à moi, je reste de marbre à l'évocation de l'éventuel ramasse-miettes des caves du musée. C'est trop d'hypothèses improbables pour moi...
Voilà pourtant la suite de ce texte (ibid. page 110) : « Rien ne permet de savoir ce qu’il est advenu des œuvres d’art désignées comme disparues, mais au regard de l’accumulation des gravats dans les caves de l’ancienne Poste et de la conservation sous-jacente du contenu des caves au moment du bombardement, il ne peut être exclu de retrouver une partie des œuvres d’art considérées dans les nombreuses caves de l’ancien Musée des Beaux-Arts de Caen ».
Malgré l'apparente prudence du propos (« il ne peut être exclu »), on est ici à des années-lumière de la méthode scientifique telle que la concevait Claude Bernard, et pas bien loin du pari de Pascal, ou de ses versions populaires comme « qui ne tente rien, n'a rien ». Alors, finalement, le « trésor des caves », ce n'est rien d'autre qu'un acte de foi.

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Le Temps montrant les ruines qu'il amène et les chefs-d'œuvre qu'il laisse ensuite découvrir, Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1864), musée du Louvre, plafond de la salle des bijoux

 Plan B et « patrimoine mémoriel »,
pour le cas (fort probable) où l'on ne trouverait rien...

On ne pouvait peut-être, dans ce Rapport de diagnostic, avouer qu'il n'y avait (et n'y aura) strictement rien à trouver, ou si peu, sous les arbres et le bitume du parking de la place de la République. On peut comprendre le professionnel dont le boulot est de gratter, et dont la petite entreprise ne croule pas sous les commandes, au prix où est la main d’œuvre de nos jours. Mais puisque c'est le client (ici la ville de Caen) qui en redemande...
Alors, après avoir avec précaution évoqué de très hypothétiques et fort improbables découvertes, il faut bien prévoir un lot de consolation, au cas où l'on ne retrouverait qu'un autre compteur à gaz, qu'un autre bout de porte-savon, que quelques morceaux d'assiettes ou quelques clous tordus. Des objets qui témoignent assurément du souci de confort et d'hygiène de nos ancêtres du vingtième siècle. Ainsi, pour estomper l'échec prévisible d'une opération de fouilles inutile et coûteuse, on va donc par avance élever ces ustensiles du quotidien à la dignité de patrimoine mémoriel :
« Il faut ajouter à cela que les vestiges des bombardements de Caen, qu’ils soient œuvre d’art ou simples ustensiles du quotidien peuvent devenir un support pertinent pour raconter des événements tragiques dont les derniers témoins directs sont appelés à disparaître dans les années à venir. Le contenu des caves de l’ancien hôtel de ville constituent [sic] sans nul doute un patrimoine mémoriel à défaut d’être à proprement parlé [sic] un objet scientifique » (Rapport, page 110).
C'était ça, ou avouer, par exemple, que « ... les restes de la Poste bâtie entre 1881 et 1883 n’ont pas de réel intérêt patrimonial, puisque l’agencement de cet édifice est connu à travers des plans et sa façade extérieure au moyen d’une photographie. » (ibid. page 108). Et ce n'est pas le seul édifice dont on connaissait par avance l'agencement, comme on le verra ci-après...

Un diagnostic archéologique, pour quoi faire ?

Avant d'examiner la « conclusion générale » de ce Rapport de diagnostic, on rappellera la mission confiée à M. HINCKER et ses collaborateurs par l'arrêté préfectoral du 1er mars 2016 : «… il est nécessaire de mettre en évidence et de caractériser la nature, l'étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents afin de déterminer le type de mesures dont ils doivent faire l'objet ».
Il est alors amusant de constater que le Rapport de M. HINCKER, faute sans doute de trouver grand chose à se mettre sous la dent, remet constamment en cause le mandat qui lui est donné, comme à la page 31, par exemple : « L'objectif du diagnostic archéologique (…) était moins d'évaluer l'état de conservation des bâtiments du séminaire que de tenter d'étudier l'intérêt de procéder à l'étude des traces d'occupations antérieures »...
Tenter d'étudier l'intérêt de procéder à l'étude... Voilà qui est bien laborieux, incertain, et sans garantie aucune. Une tentative de diagnostic, donc. Et portant sur quoi ? Sur les vestiges ? Non pas, mais sur les « traces d'occupations antérieures », c'est à dire au-delà des vestiges, et avant toute occupation humaine...
C'est certainement à ce dérapage des objectifs initialement déclarés de ce diagnostic qu'il faut attribuer une étude géomorphologique assez poussée et des carottages profonds dont l'utilité n'est vraiment pas flagrante (pages 61 à 73 du Rapport, notamment). Cela ne permet d'ailleurs que « d'affiner les connaissances sur l'évolution paléoenvironnementale de ce secteur de Caen avant son aménagement à la fin du XVIe siècle » (ibid. page 66), bien connue déjà par deux précédents carottages réalisés sur ce secteur en 1977 et 2012.

Rien ne sert de gratter, tout est dans les archives...

Les quelques lignes qui suivent reprennent les grandes lignes de la Conclusion générale de ce Rapport (page 114) :
« En conclusion, les sondages (...) ont permis de constater l’absence de vestiges anthropiques antérieurs au XVIIe siècle (...). Ce n’est donc qu’au XVIIe siècle qu’apparaissent les premières traces de fréquentation du lieu (…). Les sondages ont aussi permis de confirmer un certain nombre de plans conservés dans les archives restituant ainsi la position des bâtiments du séminaire bâtis au XVIIIe siècle (…). Les sondages archéologiques ont néanmoins démontré que les élévations de l’église et de tous les bâtiments du séminaire (...) ont disparu au lendemain de la seconde guerre mondiale dans le cadre des travaux de déblaiement et de nivellement qui ont suivi la destruction de ces bâtiments (...).
Ces travaux ont toutefois épargné les comblements des caves (…) Les comblements des caves subsistants conservent les témoins directs, parfois conservés in situ, de l’état des lieux au moment des deux bombardements qui ont provoqué la destruction complète de l’hôtel de ville.
En définitive, les sondages archéologiques sont venus confirmer et compléter sur la marge les informations contenues dans les archives papiers des périodes modernes et contemporaines [même texte page 32]. Aucune trace d’occupation médiévale ou antérieure n’a pu être détectée (...) ».

En résumé, pas trace d'occupation humaine avant le XVIIème siècle ; les plans dont on dispose dans les archives sont fiables, et le seul intérêt des sondages a été de compléter sur la marge les informations qu'elles nous offrent...
Pas de quoi justifier des fouilles plus approfondies.
Si ce n'est qu'il faut impérativement faire ces fouilles. Pour qui ? Pourquoi ?

D'où l'intérêt du mythe des « statues géantes » et des « trésors enfouis » dans les caves de l'ancien musée des Beaux-Arts (Ouest-France 14 janvier 2018, c'est ici), qu'une habile campagne de communication est parvenue à faire avaler à la presse, locale et nationale. Malgré la très forte probabilité (ou la quasi-certitude, qu'on sent partagée par les auteurs de ce Rapport) de ne rien trouver de tout cela, à l'exception de quelques clous rouillés, et quelques fragments d'assiettes, « simples ustensiles du quotidien » des années 40, opportunément hissés au rang de « patrimoine mémoriel ». Il faudra bien pouvoir se raccrocher à quelque chose, quand la chasse au trésor se révélera infructueuse, comme prévu...

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Quand la machine administrative est lancée...

Au vu des résultats très décevants de ce diagnostic archéologique (du 9 septembre 2016), comment expliquer que le Service régional de l'archéologie (SRA, DRAC de Normandie) n'y ait pas vu (ou voulu voir) malice, et que, sur le rapport d'un de ses membres (éminent spécialiste sans aucun doute), une Commission interrégionale de la recherche archéologique (CIRA depuis rebaptisée CTRA) ait pu émettre début novembre 2016 un avis favorable à des fouilles approfondies, nécessitant « un décapage complet du site » ?

Consulter cet avis de la CIRA

C'est en tout cas sur la base de l'avis favorable de cette CIRA que M. Jean-Paul OLLIVIER (DRAC) prescrira la poursuite des fouilles, par arrêtés (préfectoraux) des 15 novembre 2016 et 19 juin 2017.
Et c'est sur la base de ces arrêtés des 15 novembre 2016 et 19 juin 2017 que M. LAPRIE-SENTENAC, par décision préfectorale du 19 janvier 2018, autorisera « l'enlèvement » (pour ne pas dire l'abattage, restons polis) d'une cinquantaine de tilleuls, « considérant que le projet contribue à l'étude scientifique du patrimoine archéologique de la parcelle qu'occupait l'ancien hôtel de ville et musée des Beaux-Arts de Caen »...
On voit mal comment le subordonné pourrait contredire l'avis de ses supérieurs, quand bien même il serait tenté de le faire. Mais on notera en passant que tout ce beau monde se contrefout manifestement du gaspillage inconsidéré d'argent public que représente cette opération, qui n'a plus rien à voir avec l'objectif initialement poursuivi, consistant à « mettre en évidence et (...) caractériser la nature, l'étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents ». On attend maintenant avec beaucoup d'intérêt (s'il devait y avoir « décapage ») les résultats de l'« étude palynologique complète » qui nous est promise. Des pollens du XVIIème siècle ? Soupçonnerait-on les Eudistes d'avoir cultivé dans leurs jardins des plantes aux propriétés psychotropes ?

Il était décidément habile pour les promoteurs tant public que privés du projet de centre commercial Printemps-Caen/Sedelka-Europrom d'introduire poliment en amont (le 26 février 2016), à l'initiative (éminemment critiquable) de la municipalité, une « demande anticipée de prescription d'archéologie préventive ». Car une fois lancée, même à tort, la machine administrative empile décisions sur décisions qui trouvent chacune leur justification dans la précédente, et l'on était ainsi assuré qu'on aurait la peau des tilleuls de la place... et qu'on pourrait alors tranquillement vendre aux promoteurs un terrain "désencombré", et purgé des coûteuses contraintes d'éventuelles fouilles archéologiques qu'ils seraient ainsi dispensés de financer eux-mêmes...

Pour finir, je tiens à préciser que la mauvaise qualité et les conclusions contestables du Rapport de M. HINCKER (et/ou de ses collaborateurs) ne sont certainement pas à mettre sur le compte d'une quelconque insuffisance professionnelle. Il a fait tout bonnement ce qu'on lui demandait de faire, et a conclu dans le sens qu'on attendait. Mais avec plus de docilité que d'enthousiasme. Le spleen de l'archéologue qui sait qu'il n'y a rien à trouver, sans doute...

 


Et si quelque lecteur attentif veut vérifier le bien fondé des arguments avancés dans ce trop long texte, je tiens bien entendu à sa disposition une copie numérique du Rapport ici décortiqué.