vendredi, 21 février 2014
Tout Sonia poche occasion sur secondemain.ca
« La France ? Une nation de bourgeois qui se défendent de l'être en attaquant les autres parce qu'ils le sont ».
Pierre Daninos, Les carnets du Major Thomson.
Un peu de Sonia
(faut en laisser pour les autres)
Matin du mercredi 19 février au petit marché du Calvaire St Pierre (une unique allée, avec fleurs, fruits et légumes, poisson, charcuterie, crêpes, etc., proposés à une clientèle plutôt âgée et clairsemée). Pas vraiment le centre nerveux de notre bonne ville. Apparemment, c’est pourtant une cible de choix pour Sonia de la Provôté, candidate d’union de la droite et du centre (comme elle le revendique). Un centre au milieu de nulle part qui penche fortement du côté d’où il vient. Elle est là en famille, paraît-il, avec LAILLER Philippe pendu à ses basques, et tout un petit monde de distributeurs de papiers à la sauvette, dont les inévitables et gentils « Jeunes avec Sonia », tout constellés de badges. Plus nombreux à eux tous seuls que les quelques chalands venus faire leurs courses.
A vrai dire, la Sonia, je lui trouve plutôt bonne mine (c’est son meilleur argument, et je n’en attends pas autre chose), et j’aurais passé mon chemin sans perdre mon temps à vous écrire ces quelques lignes, si je n’avais aperçu à ses côtés l’apothicaire, celui dont la seule vue provoque en moi des réactions allergiques d’une rare virulence. Je vous en expliquerai peut-être les raisons plus tard. Provisoirement, sachez que j’apprécie que les gens soient un peu francs du collier. Et sachez aussi que mon allergie est maintenant devenue chronique, puisque ses premières atteintes remontent à vingt ans environ.
La boutique de Sonia
Alors voilà, pourtant bien dégoûté de toute la démagogie dégoulinante des campagnes électorales telles que les conçoivent les stratèges et communicants (vaseux) des partis dits grands (FN compris bien sûr), je me suis laissé aller à quelques brèves incursions sur le site électoral de Sonia (http://soniadelaprovote.fr/)
Je n’espérais certes pas y lire une prose légère à la Pierre DANINOS (1913-2005), humoriste prolifique aujourd’hui bien oublié, et sachant pourtant payer de sa personne, au point d’être victime en 1967 d’un accident de la route après un banquet d'anciens combattants, son auto percutée par un général qui avait pris l'autoroute à contresens (méfiez-vous des généraux, et des banquets trop arrosés)…
Non, c’est du lourd, voire du lourdingue. Au programme (Ouest-France 14 février, http://soniadelaprovote.fr/renover-la-ligne-1-du-tram-pou...):
- un TGV Paris-Normandie (projet qui n’est évidemment pas de la compétence du conseil municipal à élire),
- le développement portuaire (qui est ou serait contre ? et est-ce encore l’affaire de la seule ville de Caen, quand le port s’est pour l’essentiel déplacé en aval ?),
- l‘extension de la piste de l’aéroport de Carpiquet (n’est-ce pas d’abord l’affaire du gestionnaire de l’aéroport, et de la région ?),
- adapter les tarifs des transports publics (on peut même oser la gratuité –et donc le financement du service sur fonds publics- certaines villes l’ont déjà fait… mais il faut avant tout nous préciser les modalités de cette « adaptation » bien floue, et le mode de financement envisagé),
- créer de nouvelles zones limitées à 30 km/h (certainement, et ça ne coûte pas un rond…)
- installer des bornes pour véhicules électriques (pour faire beau, bobo ou écolo ? qui d’autre que de rares services publics utilise aujourd’hui à Caen des véhicules électriques, et sans espoir de généralisation avant longtemps ?)
- creuser un parking sous les Fossés Saint-Julien (si c’est pour stocker plus de bagnoles dans le centre, pourquoi se soucier des transports en commun ? et combien ça coûte, Mme Yaka, vous si soucieuse des deniers publics ? quitte à faire un beau cadeau à Vinci, dites-nous qui paiera la facture…)
- transformer en halle couverte l’ancien tribunal place Fontette (« idée » à la con par excellence, sachant qu’il faut d’abord entreprendre de fort coûteux travaux de restauration des planchers et des façades -auxquels l’Etat lui-même a renoncé-, même pour vendre des poireaux et des carottes dans la Salle des Abeilles, inscrite avec d’autres éléments, comme les escaliers de la Cour d’Appel, à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques…)
- rénover pour un montant de 15 millions d’€ la ligne 1 du TVR (là, c’est le pompon ! cette prétendue « idée » -et son chiffrage délirant- vous ayant été soufflée par votre colistier LAILLER, qui a une bonne part de responsabilité dans ce fiasco qu’a été le TVR, vous permettrez que je développe quelque peu…).
L’atelier de bricolage du gars Philippe
Dans Les carnets du Major Thomson, Pierre Daninos propose cette excellente définition de l’activité chère aux adeptes du Système D (ou E, pour les E-bricoleurs comme l’E-mérite bricoleur Philippe LAILLER) :
« Le bricolage consiste essentiellement à fabriquer avec de vieux débris, et au prix d'un labeur acharné, des articles que l'on trouve tout neufs et à bon compte dans le commerce courant. »
C’est donc dans l’atelier de bricolage de Philippe (http://philippelailler.fr) que j’ai trouvé cette petite merveille de désinformation, en date du 31 juillet 2013 :
« Article sur le choix de NANCY pour le tramway (7 millions d'euros) ! A Caen, on casse tout et on recommence pour 170 millions d'euros. », en LAILLER dans le texte, style Twitter dont l’individu est friand, avec renvoi à une copie d’un article de Mobilicités, qu’on préférera lire en ligne à cette adresse :
http://www.mobilicites.com/fr_actualites-nancy-confie-la-renovation-de-son-tramway-sur-pneus-a-arterail_77_2687.html
L’original (toujours préférable à la copie) précise bien sûr que pour 7 millions Artérail se contente de relooker les 25 rames des TVR de Nancy (nouveaux sièges, nouveaux éclairages par LED, mise en place d’un système d’information des voyageurs, rénovation de l’aspect extérieur, diminution des bruits intérieurs).
TVR, sept millions de déco à Nancy
De la déco, rien qui touche à l’essentiel, et améliore le fonctionnement réel de l’engin, toujours sujet à des déraillements, des éclatements de pneus, des pannes de toutes natures, y compris sur la plateforme, comme ce fonctionnement aléatoire des aiguillages qui nous vaut régulièrement, à l’arrêt Copernic, la présence plusieurs jours durant d’équipes de maintenance étoffées, réglant manuellement la circulation des rames vers le CHU ou Hérouville (c’est créateur d’emplois, un mauvais produit)… Quand ce n’est pas des jours (ou des semaines) d’arrêt complet, pour maintenance !
170 millions, par contre, c’est le prix d’une ligne complète de vrai tramway tout neuf sur ses deux rails. Un vrai tramway enfin que les Caennais auront bien mérité, même si on est en droit de demander des comptes à MM. LAILLER et consorts (conseillers et adjoints des municipalités GIRAULT jusqu’en 2001), et bien sûr aussi à MM. DURON et GEINDRE entre autres, pour avoir eux aussi fait la promotion d’un système dont on savait d’avance les tares congénitales.
Il suffisait d’un peu de curiosité intellectuelle, et d’un peu moins de soumission paresseuse aux avis de prétendus experts, qui n’étaient visiblement que les démarcheurs des sociétés lorgnant sur les 214 millions d’€ de chiffre d’affaires à réaliser…
Profitons-en aussi pour saluer ici les lanceurs d’alerte (Jean-Pierre VIAUD entre autres, alors conseiller municipal écologiste à Caen) qui, à l’époque, ont réuni les pièces d’un dossier sérieux et étoffé annonçant clairement les déconvenues à venir. Mais M. LAILLER et ses collègues n’ont alors fait que ce qu’ils savent bien faire: bavarder et avaler sans moufter les balivernes des bateleurs.
Catastrophe technique et bouts de ficelle…
On ne peut manifestement faire, pour 15 millions d’€, que le TVR fonctionne correctement pendant 15 ans encore, comme la promesse nous en avait été faite dans les années 90.
Même Charlie, centriste divers-droite (donc proche sans doute de Sonia et des siens), parle de catastrophe technique, pas de menus défauts auxquels on peut remédier avec les 4 sous et les bouts de ficelle de Philippe LAILLER.
« Que ce TVR soit une catastrophe techniquement, tout le monde le sait. Il faut faire quelque chose. Mais a-t-on intégré le risque juridique et financier qui va naître de la résiliation du contrat? Je n'ai pas eu de réponse », a déclaré mardi à l'AFP Daniel-Charles Badache, membre de l'opposition caennaise (DVD, proche de Jean-Louis Borloo).
http://www.mobilicites.com/fr_reseaux_caen---2018--clap-de-fin-pour-le-tram-sur-pneus-tvr_0_85_1594.html
Références tronquées, comparaisons abusives de projets totalement différents, conclusions dérisoires tirées de prémisses faussées, c’est la méthode LAILLER, une méthode dont sa colistière devrait se méfier si elle tient à apparaître comme une candidate sérieuse à la mairie de Caen.
Et revoilà Caen qui se dépeuple…
A un chouette programme comme celui de Sonia (rafistolage du TVR, palais de justice transformé en marché couvert, parking sous les Fossés St Julien, etc.) il ne pouvait manquer, tout de même, l’indispensable volet logement et urbanisme.
Ce volet existe, et je l’ai rencontré: http://soniadelaprovote.fr/xavier-le-coutour-vit-il-dans-...
« Xavier Le Coutour (…) sait-il que plus de 10% des logements sont vacants à Caen? Conteste-t-il la baisse de la population annoncée par l’INSEE? Décidément, les chiffres sont têtus, preuve s’il en est qu’on n’a pas attiré de nouveaux habitants mais qu’au contraire, ils ont quitté la ville. »
Voilà un constat qui n’est certes pas faux, mais pas très original. Il me semble en outre qu’il est un tantinet malhonnête d’imputer à la politique de XLC ou de Philippe DURON (dont je ne suis pas l’avocat, on le sait) la responsabilité d’un territoire qui se dépeuple. Ils ne sont aux affaires que depuis 6 ans. Les effets d’une politique de logement et d’urbanisme se font sentir à bien plus long terme. Et les effets négatifs aujourd’hui constatés pourraient donc bien plutôt être imputés à la politique suivie par les équipes précédentes, celles de Jean-Marie GIRAULT (Ph. LALLIER était déjà conseiller municipal en 1995), comme celle de Brigitte LE BRETHON, auprès de laquelle Sonia de la Provôté fut maire-adjoint de 2001 à 2008.
Par ailleurs, si 10% de logements sont vacants, c’est soit que les loyers sont trop chers (pour le confort qu’ils offrent), soit qu’ils sont franchement inhabitables. La fine équipe de « Caen de toutes nos forces » envisage-t-elle de forcer la main aux propriétaires récalcitrants ou trop gourmands ?
BLB-XLC même combat…
Dernière observation : la « gentrification » du centre des villes n’est pas, loin de là, un phénomène spécifiquement caennais. Il a débuté ici avec les OPAH du centre ancien dans les années 80, et les conventionnements de 9 ans qui étaient associés aux travaux dits de réhabilitation de l'époque (placo cache-misère, chauffage par grille-pain, et isolation à revoir). Neuf ans après, c’était à nouveau la jungle, les plus modestes (et leurs familles) avaient déserté les lieux. L’enfer est pavé de bonnes intentions, et d’effets pervers…
Certes « Il ne suffit pas de construire des « boites » neuves pour que les familles reviennent », mais il me semble que ce que fait l’actuelle municipalité est dans la droite ligne de ce qu’ont initié les municipalités précédentes (le manque d’imagination, et d’indépendance d’esprit, c’est bien là le drame).
Les Rives de l’Orne, Eiffage au Bon Sauveur, et combien d’autres projets en cours ou déjà achevés, étaient déjà bouclés du temps de BLB.
Alors comment croire qu’avec vos lunettes à « vision globale », et en vous entourant de petits nouveaux comme Richard LECAPLAIN, Grégory BERKOVICZ, Christine MULLER, Jean-Pierre VIALLANEIX ou Pierre-Nicolas BOVALIS (j’attends la suite avec intérêt), vous allez tout révolutionner, à grands coups de « modération fiscale, rénovation massive du parc ancien, rénovation thermique des logements sociaux, dispositif d’accession à la propriété pour les familles modestes et les classes moyennes et, bien sûr, construction de logements de taille suffisante pour être adaptés aux familles… ».
Le parc ancien était donc inexistant avant 2008, et les logements sociaux bénéficiaient tous d’un label HQE ?
Le PLU nouveau est arrivé…
Un p’tit coup de PLU pour finir ?
« …le PLU nouveau est un repoussoir. (…) Les élus précédents avaient protégé la ville, eu la prudence de penser vie dans leur ville, avant de penser construction. Le maire adjoint à l’urbanisme n’était pas là pour accepter tous les permis de construire, mais pour faire respecter les équilibres, maintenir les habitants dans la ville qu’ils aiment et non leur imposer celle qu’ils ne veulent pas voir se construire.
On peut être moderne, inventif, efficace et construire des logements sans pour autant dénaturer nos rues et nos quartiers comme le PLU actuel l’impose. C’est vendre l’âme de Caen pour en faire une ville pareille aux autres.
(…) La pompeuse deuxième reconstruction de la ville par la municipalité actuelle en est le fossoyeur pour les années à venir… »
Pauvre Sonia. Les socialos lui ont piétiné son rêve. Sous BLB l’adjoint à l’urbanisme s’appelait donc Bisounours, pardon Luc DUNCOMBE (au fait, qu’est-il devenu celui-là ?). Il signait les projets que lui préparait Gilles GUERIN, directeur de l’urbanisme (permis de construire, modifications du POS, etc.), jusqu’à ce que BLB lui retire sa délégation pour la confier à Daniel DETEY, qui signait les projets que lui préparait Gilles GUERIN…
Le passage de ces Bisounours à l’urbanisme (après Jean-Jacques SALMON et Thierry MARC) a permis entre autres d’urbaniser des terrains, naguère solennellement déclarés inconstructibles (terrains horticoles de Lemonnier par exemple), pour le plus grand profit de gens plus ou moins recommandables, comme un certain Fernando de ALMEIDA GOMES. Ou d’ouvrir des rues virtuelles en impasse se terminant en potager (une farce utile à un projet Bouygues)…
Puis sont venus les temps terribles de la mainmise PS sur l’univers des Bisounours. L’adjoint à l’urbanisme s’appelle alors Xavier LE COUTOUR. De 2008 à aujourd’hui il a signé les projets que lui préparait Gilles GUERIN, directeur de l’urbanisme (permis de construire, modifications et révisions simplifiées ou non du POS, dossier du PLU, etc.).
Le PLU d’aujourd’hui a mis en musique les objectifs du père du POS d’hier (de décembre 2000), François SOLIGNAC-LECOMTE, récemment décédé, qui fut le premier adjoint de Jean-Marie GIRAULT, et sans doute plus encore. Ses objectifs: densification à tout prix, et urbanisation de tous les espaces encore disponibles, y compris dans les zones à risques (Presqu’île portuaire, zones de carrières).
La continuité est évidente. Sonia de la Provôté serait-elle la seule à ne pas s’en être aperçue ?
Et si Caen lui appartenait ? Moi, maintenant, je serais plutôt d’avis qu’on partage…
22:18 Écrit par Bruno dans Affaires municipales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caen municipales 2014, sonia de la provôté, philippe lailler, caen de toutes nos forces, tvr bombardier, philippe duron, françois geindre, xavier le coutour, jean-pierre viaud, daniel-charles badache, jean-marie girault, brigitte le brethon, rives de l’orne, eiffage, bouygues, richard lecaplain, grégory berkovicz, christine muller, jean-pierre viallaneix, pierre-nicolas bovalis, luc duncombe, daniel detey, gilles guerin, jean-jacques salmon, thierry marc, fernando de almeida gomes, françois solignac-lecomte
dimanche, 26 avril 2009
27 avril 2009: 5 révisions simplifiées et une ZAC...
Le petit commerce de bricolage
du Professeur X. LE COUTOUR
Voilà deux ans que le service de l'urbanisme de la mairie est censé travailler sur le projet de PLU (plan local d'urbanisme) devant remplacer le POS (plan d'occupation des sols). Dont un an sous la direction de l'adjoint au maire Xavier LE COUTOUR, professeur de médecine. Voilà au moins 4 ou 5 ans pourtant que ce dernier (et quelques uns des autres conseillers municipaux d'opposition de l'époque), réclame à cor et à cri la mise en chantier de ce PLU...
L'enchanteur Leroy-Merlin
Un PLU, c'est quelque chose de sérieux. La première étape en est un PADD (plan d'aménagement et de développement durable). Durable, le mot est à la mode. Il s'agit d'établir un diagnostic complet, et sur cette base un projet à long terme pour l'aménagement de la ville, qui réponde aux défis de notre époque (éviter la péri-urbanisation consommatrice de temps, et d'énergie fossile, casser les processus de ségrégation spatiale, etc.).
Mais ce qu'il a de plus durable, pour le moment, ce PADD, c'est le temps de sa gestation. Et pour la réflexion globale, on repassera. On bricole au coup par coup, petit bout par petit bout, à la mode de Caen (derniers lauréats de la Tripière d'Or, catégorie charcutiers, tous UMP: Jean-Jacques SALMON, Thierry MARC, Daniel DETEY). Même tambouille pour Xavier LE COUTOUR. Cataplasmes sur jambe de bois et poudre de perlinpinpin. Ne doutons pas que, dans quelques mois, à défaut d'aménagement durable, l'illusionniste nous sortira un lapin de son chapeau. Ce ne serait pas le premier lapin qu'il poserait...
Mais revenons à nos moutons, et demandons nous où peut bien s'être enlisé notre projet de PLU, et pourquoi...
Bricoler, c'est pas travailler...
C'est vrai qu'il n'est pas facile de travailler sérieusement, de faire du solide, quand on passe son temps à de savantes opérations de replâtrage tous azimuts. Après l'enquête publique consacrée au projet de modification n° 3 du POS, qui s'est déroulée du 14 février au 16 mars 2009, l'encre du rapport de Mme BOUET-MANUELLE (Commissaire-Enquêteur) n'est apparemment pas encore sèche qu'on nous promet 5 « révisions simplifiées » et la création d'une ZAC... pour le conseil municipal de demain lundi (55 questions bleues, blanches et rouges, avant le Super Banco des questions orales). Je veux en être. J'espère que le candidat LE COUTOUR sera à la hauteur, et le public chaleureux...
Cinq « révisions simplifiées » et la création d'une ZAC...
Une de plus et notre homme pouvait faire sienne la devise du petit tailleur: « Sept d'un coup ». Joli coup de tapette à mouches. Avec un côté puzzle qui n'échappera à personne. Les zones concernées vont en effet de la Guérinière (ancien collège Guillaume de Normandie face à la tour Darty) à l'avenue Georges Clémenceau (maisons HLM du Clos Joli, après l'hôpital et en face du cimetière), de la rue de la Masse (près du canal) au cours Montalivet (rive droite de l'Orne en face de la Presqu'île, où l'on envisage une ZAC), en passant bien sûr par la partie aval des Rives de l'Orne (ce qui veut sans doute dire entre le projet Apsys et la future ZAC Montalivet) et par « l'implantation d'équipements sur la pointe de la Presqu'île ».
Apsys bien ordonnée...
On aura compris que le projet de ZAC Montalivet, et deux des révisions simplifiées (partie aval des Rives de l'Orne et pointe de la Presqu'île) sont en étroite relation avec la réalisation promise du Disneyland commercial d'Apsys (à la place des anciens centre de tri postal et poissonnerie). Profitez-en pour aller voir sur internet ce qu'en disaient les colistiers de Philippe DURON avant de décrocher le gros lot. La campagne électorale passée (et ses promesses qui n'engagent que ceux qui veulent bien y croire), on est maintenant copains comme cochons. A l'occasion de la modification n° 3 du POS (points 2 et 8 modifiant in extremis les règles de constructibilité des secteurs Uad et UEb), l'adjoint Xavier LE COUTOUR a même eu l'extrême obligeance de consentir à Apsys et consorts un troisième bricolage de la règle du jeu (un possible « dépassement de 1,50m maximum pour permettre la réalisation de locaux techniques » inséré à l'article UA10 du règlement). Il est vrai que les hauteurs d'immeubles qu'Apsys et consorts étaient autorisés à construire n'étaient que de 26m en façade, 29m en zone centrale, et de 36m le long des voies SNCF). C'était encore « un peu juste », n'est-ce pas ?... L'enquête publique relative aux 8 points de la modification n° 3 du POS s'est déroulée de la mi-février à la mi-mars. Le commissaire enquêteur n'avait, ces derniers jours, pas encore rendu ses conclusions. Et on s'embarque sans attendre dans d'autres projets... sur le papier.
Car sérieusement, tout ça, ce n'est pas pour demain. On ne pouvait pas attendre le PLU ? Ou 2011, au plus tôt ? Mais pourquoi donc ? Je vous l'expliquerai peut-être un de ces jours...
Et en ce qui concerne la ZAC Montalivet, dont la Ville sera sans nul doute l'aménageur (c'est le contribuable qui paye les frais), je proposerais que (le moment venu) on fixe cette fois le prix de cession des terrains aux promoteurs de manière intangible, et indépendante de la cote d'amour de l'un ou de l'autre. Cela évitera les laborieuses explications, à propos des terrains situés le long des voies de circulation, et des nuisances sonores qui justifieraient une sérieuse baisse de prix (exemple pris ZAC des Pépinières - Beaulieu, tout le long du boulevard Pompidou). Ou le demi-tarif accordé à cet autre, ZAC Gardin, parce que son parking souterrain coûtait cher...
Car, au point où on en est, je ne vois pas pourquoi l'équipe Duron ne renouvellerait pas, à la virgule près, tous les exploits de ses prédécesseurs des équipes LE BRETHON et GIRAULT. Pour le tripatouillage des documents d'urbanisme, c'est bien parti en tout cas...
00:41 Écrit par Bruno dans Urbanisme et logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caen, conseil municipal du lundi 27 avril 2009, xavier le coutour, jean-jacques salmon, thierry marc, daniel detey, philippe duron, révisions simplifiées, collège guillaume de normandie, maisons hlm du clos joli
samedi, 23 février 2008
Modalités de l'aide publique aux promoteurs nécessiteux, chapitre premier
Chapitre I: La recette pour construire et ses trois ingrédients
On sait que la recette, pour construire, exige la présence de trois ingrédients. Pour simplifier: un terrain, des capitaux, un projet, ce dernier compatible avec les règles du plan d’occupation des sols (POS, en attendant le PLU, pour plan local d’urbanisme) définies par le conseil municipal, après avis des administrés recueilli lors d’une enquête publique.
La commune (notamment celle de Caen) dispose ainsi le plus souvent de deux leviers pour orienter ce qui se fait en matière d’urbanisme, et plus particulièrement de logement: la maîtrise foncière de certaines zones du territoire communal, et les règles d’urbanisme (PAZ, POS et bientôt peut-être PLU), au vu desquelles elle accorde ou refuse les permis de construire.
La ville de Caen, depuis les années 1970-1980, s’est en grande partie urbanisée dans le cadre de ZAC (zones d’aménagement concerté: Porte de Nacre, Folie-Couvrechef, Pépinières-Beaulieu, Gardin, Decaen, Jean Monnet).
Maîtresse des principes d’aménagement (PAZ = plan d’aménagement de zone) de ces ZAC, et propriétaire des sols (par droit de préemption et/ou déclaration d’utilité publique), elle y fixe aussi le prix des droits à construire.
Il lui est arrivé ces dernières années (j’y reviendrai dans de prochains sujets) d’y faire de véritables cadeaux à plusieurs promoteurs locaux, notamment en bradant les terrains le long du boulevard Pompidou (Venoix-Beaulieu), en vendant moitié prix un terrain dans la ZAC Gardin à Webre Immobilier (manque à gagner de 678.886 euros pour la ville), ou en changeant le mode de calcul du prix des terrains dans la ZAC de la Folie-Couvrechef, alors qu’il ne restait plus que 5 terrains à vendre...
Mais il y a encore un autre moyen d’encourager l’immobilier privé de haut standing, c’est de tripatouiller les règles d’urbanisme, ou d’accorder des permis de construire qui ne sont pas conformes à ces règles.
L’urbanisme réglementaire à la mode de Caen
C’est un de ces permis de construire contestables, rue d’Hastings, à un jet de béton de l’église St Nicolas, qui a suscité la création, en février 1991 (17 ans déjà !) de l’association Hastings Saint Nicolas, qui n’a statutairement vocation que pour « défendre et promouvoir un urbanisme de qualité à Caen et dans son agglomération », c’est à dire soumettre à un examen critique les règles anciennes ou nouvellement introduites dans les documents d’urbanisme, et les permis de construire délivrés au vu de ces règles.
Elle a aussi, il y a quelques années, fait condamner par le Tribunal Correctionnel un promoteur et son architecte qui avaient démoli et construit sans permis, avec l’accord au moins tacite des services d’urbanisme de la ville (encore un épisode qui mérite d’être narré).
Il lui est surtout arrivé de faire annuler par le Tribunal Administratif de Caen et/ou la Cour Administrative d’Appel de Nantes divers permis de construire et une modification de plan d’occupation des sols. Mais elle n’est aussi pas parvenue à faire annuler des dispositions évidemment critiquables, comme nombre de celles du POS révisé, approuvé par le conseil municipal le 11 décembre 2000.
Le miracle de la multiplication des mètres carrés
L’une de ces dispositions est parfaitement emblématique de l’attitude très bienveillante de la municipalité envers l’immobilier privé, petits et gros poissons confondus: il s’agit de l’emplacement réservé n° 18, projet de « liaison piétonne » parfaitement inutile entre la rue Richard-Lenoir et la rue Varignon.
La chose mérite le détour: très belle vue sur l’abside de l’abbaye aux Dames, au fond de ce cul-de-sac situé à l’angle de la résidence « Carré Mathilde », et auquel on accède par la rue Richard-Lenoir (rue parallèle au bassin St Pierre côté quai de la Londe, entre rue Basse et avenue de Tourville).
Inutile pour les Caennais, et coûteuse pour les finances publiques, mais très utile pour Bouygues (Bouygues-TF1, Bouygues Telecom, Bouygues Immobilier et j’en passe), cette fantomatique « liaison piétonne » a permis de construire (et avant tout de vendre) plusieurs centaines de mètres carrés de logements supplémentaires.
Il me faudrait plus de temps et de place pour expliquer comment ce miracle a été possible (il me faudra sans doute y revenir).
Disons brièvement qu’il a suffi au service municipal de l’urbanisme de faire montre d’une grande discrétion. Car lors de l’enquête publique précédant l’adoption, le 11 décembre 2000, du projet de POS révisé, les caennais ignoraient bien entendu l’existence d’une étude très spécialisée (du même mois de juin 2000) portant sur le terrain en question.
Une étude du service de l’urbanisme (alors sous la houlette de l’adjoint Thierry MARC) qui montrait l’avantage qu’il y aurait à percer une voie sur un troisième côté de ce terrain, puisque le POS nouveau abandonnait le principe du contrôle de la densité par le COS (coefficient d’occupation des sols), et instituait des bandes de construction maximales à l’alignement des voies (existantes ou à créer,... ou à ne jamais créer).
Un potager municipal concédé à titre précaire
Un beau cadeau aux frais de la princesse (le contribuable caennais aménageur à titre gracieux, qui paye pourtant sa taxe d’habitation à la Guérinière et à la Grâce de Dieu comme il la paye rue St Pierre ou place St Sauveur). Un beau cadeau à Bouygues, sans aucune contrepartie, puisque la fameuse « liaison piétonne » ne débouche pas rue Varignon, et n’y débouchera sans doute jamais.
Par un jugement du 18 octobre 2007, le Tribunal Administratif de Caen, à nouveau amené à se prononcer sur cette question de l’emplacement réservé n° 18, toujours en état de potager municipal concédé à titre précaire (décision n° 05 / 055 du 2 juin 2005 de Mme Brigitte Le Brethon), a pourtant validé la délibération du 17 janvier 2005 modifiant le POS, délibération qui modifiait entre autres choses le tracé de la toujours fameuse « liaison piétonne »...
11:55 Écrit par Bruno dans Urbanisme et logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brigitte le brethon, bouygues, thierry marc, richard-lenoir, varignon, association hastings saint nicolas, pépinières-beaulieu