mercredi, 03 février 2010
Fernand Buron, Jean-Jacques Reboux, même combat !
L'ébullition permanente
Vous l'avez sans doute croisé dans les rues de Caen, il y a un bon quart de siècle. Son alibi, c'était alors une inscription en fac, dans des disciplines différentes, année après année. Sa passion d'alors, c'était la poésie. Les textes qu'il écrivait, comme ceux des autres, qu'il diffusait à travers une petite revue baptisée « La Foire à Bras ». Une revue créée en 1980, confectionnée avec les moyens du bord, et deux principaux complices, jusqu'à ce numéro 10-11-12 (printemps-été 1983), intitulé « A Caen la poésie ? », qui, bénéficiant du concours de la DRAC, de l'ODACC et de la Ville de Caen, put compter jusqu'à 172 pages, et bénéficier des services d'un imprimeur patenté (Bruno Laplanche, pour ne pas le nommer).
Bien entendu, notre bonhomme avait aussi ses bêtes noires, au nombre desquelles, à l'époque, l'édition à compte d'auteur...
Puis il disparut de la scène caennaise, et fut tour à tour (car il faut bien vivre) instituteur, postier et, paraît-il, dresseur de poules. Sans doute à l'étroit aux chèques postaux, il tâta du polar (« La cerise sur le gâteux », entre autres), et commit encore d'autres romans. Et, pour les besoins de la cause, se fit éditeur.
Enfants du Bon Dieu et canards sauvages
Les choses en étaient là quand en 2006 (presque quinquagénaire) une interpellation musclée pour des broutilles, suivie d'une garde à vue non moins brutale, réduisirent à néant les laborieux efforts entrepris depuis des lustres pour tenter d'entretenir avec l'autorité des rapports de coexistence à peu près pacifique.
Poursuivi pour outrage à agents (incrimination assez fréquente quand on a été quelque peu malmené par ceux-ci), il refusa le règlement « amiable » proposé (plaider coupable quand on se sait victime) et choisit de contre-attaquer. Les policiers furent bien sûr reconnus non coupables de quelconques violences, ou réactions disproportionnées. Et notre homme dut se défendre devant le tribunal correctionnel, pour le délit d'outrage (il aurait notamment qualifié de « canard » un des pandores)...
Pour l'abolition du délit d'outrage
Il n'en fallait pas plus pour faire de l'énergumène le prophète d'une sainte croisade contre l'ordre sarkozyste, et son penchant immodéré pour la répression, tant policière que judiciaire, de tout ce qui ne pense pas comme le prince et sa cour, et le fait savoir.
Par les temps qui courent (mais pour aller où ?), notre Jean-Jacques n'éprouva aucune difficulté à faire la liaison avec quelques compagnons d'infortune, coupable pour l'un d'avoir exhibé une pancarte reproduisant l'auguste parole présidentielle (« Casse-toi, pôv' con ! »), ou pour l'autre d'avoir proféré, en présence de policiers occupés à leur noble besogne, un « Sarkozy je te vois » d'une violence décidément inouïe.
Et voilà les occupations littéraires de notre héros reléguées au second plan, au profit d'activités plus ouvertement politiques, comme rédaction de pamphlets et libelles, pétitions et autres adresses... Mais vous verrez cela par vous-même sur les sites que je vous signale in fine.
L'illustre Fernand Buron
N'allez pourtant pas croire que le traumatisme subi ait fait perdre à notre ami Reboux son sens de l'humour, et son goût de (vieux) potache pour les canulars. Ainsi, ne parvenant pas à retrouver la trace de l'illustre anonyme, qui, au Salon de l'Agriculture, s'était vu vertement apostropher par le petit président, il choisit d'en créer le personnage, arbitrairement baptisé Fernand BURON, et de lui confier la rédaction d'un blog. Un blog fort amusant qui n'est pas du goût de tout le monde, et notamment des pisse-froid de l'UMP. Fernand est quant à lui un fervent gaulliste de la grande époque, agriculteur retraité vivant à St Martin des Besaces, avec sa femme Odette et sa chienne Rustica. Il a des enfants installés au Québec (pardi !). Il était à Bayeux en 44, quand le Général est venu y prononcer son fameux discours. Il avait 9 ans, et il figure même sur une photo aux côtés de son idole...
Les 55 chandelles de Nicolas
C'est d'ailleurs Fernand BURON lui-même qui, le 28 janvier de cette année, avait invité ses aficionados à se rendre devant l'Elysée pour y souffler les 55 chandelles de Nicolas. Ils étaient là une dizaine semble-t-il, mais le dispositif policier était bien autrement étoffé. Et après un « Happy birthday » assez peu mélodieux, on passa assez rapidement au contrôle d'identité général... et à l'interpellation du fauteur de trouble principal, armé d'une pancarte réversible: « Casse-toi, pôv' con ! » d'un côté, « Sarkozy je te vois trop » de l'autre. Jean-Jacques REBOUX sera-t-il à nouveau renvoyé en correctionnelle, pour outrage au chef de l'Etat ?
http://fernandburon.blogspot.com/
(lien à coller dans la barre de votre navigateur; ne fonctionne pas sur un simple clic, pour une raison inconnue)
Ma rencontre avec le général de Gaulle le 14 juin 1944 à Bayeux
J'avais alors 9 ans. J'y étais, oui, monsieur! Et je lui ai même serré la main. La dame qui serre la main du général sur la photo, c'est Mme Yvonne Dubois, de Jurques (d'où est native Odette, mon épouse.) Rien que d'y penser j'en ai les larmes aux yeux... C'est pour ça qu'au salon de l'Agriculture, quand le petit con a voulu me serrer la main, j'ai eu les nerfs en pelote... "Touche-moi pas, tu m'salis!" que je lui ai balancé... Fi d'taupin, c'que j'étais content! Quand j'ai vu tout le barouf que ça faisait, je me suis dit : "Fernand, t'as pas tout réussi dans ta vie, mais ça..."
http://www.rue89.com/2010/01/30/comment-jai-fete-lanniversaire-de-sarkozy-en-garde-a-vue-136164
http://www.rue89.com/2008/07/03/outrage-suite-le-recit-de-son-audience-par-un-internaute
http://www.rue89.com/2008/02/04/lattache-de-mariani-par-mail-elsa-on-repond-a-ce-con
(3 liens ci-dessus à coller dans la barre de votre navigateur; les suivants fonctionnent...)
Jean-Jacques Reboux par... Témoignage Chrétien
http://apreslalune.free.fr/ftp/TemChretien.PDF
Reboux auteur et éditeur
http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=3971
http://www.dechargelarevue.com/id/index.php?action=motscl...
Les éditions « Après la lune »
00:33 Écrit par Bruno dans Du bonheur dans les épinards... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-jacques reboux, la foire à bras, « a caen la poésie ? », sarközy de nagy bocsa, fernand buron
samedi, 09 janvier 2010
Jørn Riel: « Le naufrage de la Vesle Mari, et autres racontars »
Caen, Normandie septentrionale, 6 et 8 janvier 2010, photos de Camille
Faits d'hiver
L'hiver prend cette année des allures de carte postale, flocons à gogo, manteau blanc uniforme sur la ville et les champs. Y aurait-il de la neige à Noël ? Il y a eu de la neige avant Noël, il y a de la neige après Noël. Les amateurs de chromos devraient être satisfaits... Ils ne le sont pourtant pas. Et de déplorer les difficultés de circulation, et les carences supposées des services chargés de dégager les routes (et d'abord celle qui mène à leur petite maison dans la campagne, bien entendu)...
Alors si vous ne disposez pas d'un bon attelage de chiens de traîneau, et si vous êtes bloqués chez vous, bien au chaud, je vous propose de mettre à profit ce rare moment de solitude (glacée) toute relative, pour endosser l'anorak des héros de Jørn Riel: Museau, Doc, Mortensen, Lasselille, Bjørken, le Comte, Volmersen et compagnie. De fiers gaillards, hauts en couleurs, aux aventures burlesques et désopilantes, qui peuplent les stations du nord-est du Groenland, où ils s'occupent pour la plupart de chasse à l'ours et au renard...
Jørn Riel et les Editions Gaïa
Par une curieuse coïncidence, Gaïa Editions vient en effet de faire paraître, en novembre 2009, un dernier volume des « Racontars arctiques » dudit Jørn Riel, sobrement intitulé « Le naufrage de la Vesle Mari, et autres racontars ». Un beau volume de 250 pages, disponible au prix de 20 euros chez les meilleurs libraires (et à la FNAC aussi sans doute).
C'est là, à peu de choses près, le vingt-cinquième livre du même Jørn Riel que publie Gaïa Editions, dont le site internet relate ainsi l'attachement à cet auteur: « Gaïa a toujours eu le souci de proposer l'œuvre d'un auteur et non un titre par-ci par-là. Figure emblématique du catalogue, Jørn Riel dont tous les ouvrages sont peu à peu traduits et publiés chez Gaïa, fut à l'origine même de la maison d'édition. C'est pour faire connaître aux lecteurs français cet auteur très populaire au Danemark que les fondateurs de Gaïa décidèrent de le traduire et de le publier. »
Quatrième de couverture
Pour vous donner un avant-goût de ce qui vous attend à la lecture de cette dixième et dernière série des Racontars arctiques, publiée en 1996 au Danemark, on peut tout simplement citer la quatrième de couverture, qui résume l'argument assurant la liaison entre ces huit récits: « Comment des chasseurs du nord-est du Groenland, sains de corps et d'esprit, rompus à l'art de transformer l'ours blanc en carpette de lit et d'ingurgiter entre potes un infâme distillat maison, pourraient se réacclimater à la moiteur quasi tropicale du Danemark ? Comment échapper à cette fatale descente aux enfers décrétée par un bureaucrate blafard et cravaté de Copenhague ? Comment ? Nos héros arctiques ont l'imagination fertile, et plus d'un tour dans leur sac... ».
Des risques que l'on court à se laver à l'eau froide,
et autres mises en garde utiles...
Mais il me sera peut-être permis aussi d'aiguiser votre appétit par quelques amuse-gueules. Savez-vous par exemple ce qui arrivera à Museau, allergique au savon noir, et sommé par son chef Bjørken de procéder comme lui à une toilette complète (et totalement exceptionnelle), sous peine d'être exclu des libations prévues lors de l'assemblée des chasseurs ?
Je ne vous en dirai rien bien sûr, comme je ne vous dirai rien du télégraphiste mélomane et de son compagnon, des transformations qu'il leur fallut apporter à un vélo pour traverser l'Indlandis, et faire, à leur arrivée sur la base américaine de Thulé, la connaissance d'une danseuse portoricaine éruptive qui leur laissera de cuisants souvenirs...
Je ne vous dirai rien non plus des projets délirants de deux agronomes distingués, découvrant dans le sud du Groenland, au climat assurément tropical et à la végétation luxuriante (bruyère, saules et bouleaux arctiques, atteignant pour certains jusqu'à près d'un mètre cinquante de haut !), le lieu idéal pour de nouvelles expérimentations...
Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus. Laissez-moi seulement vous conseiller tout spécialement le récit de la longue agonie, à l'ancre, dans le havre de Sardloq, du bateau du capitaine Olsen. Qui, de lui ou de son passager Bjørken, « philosophe de pacotille », quittera le dernier l'épave ? Et surtout empochera la prime d'assurance...
Un danois chez les Inuits
Pour définir les « racontars » de Jørn Riel, un journaliste (Ph. C., Les Echos) a proposé la notion, assez heureuse, de « burlesque poétique ». Certains passages de ces récits ne sont d'ailleurs pas sans rappeler le Charlie Chaplin de « La ruée vers l'or », et l'on peut certainement se représenter certains des héros de Jørn Riel sous les traits du Big Jim de ce film (comme dans la scène où celui-ci voit Charlot sous la forme d'un gros volatile, tout à fait susceptible de lui permettre d'assouvir sa faim...).
Ces « racontars » sont sans doute la partie la plus originale et la plus attachante de l'oeuvre (celle que je préfère en tout cas). Mais cette oeuvre ne se réduit pas non plus à ce genre, et il convient de signaler un autre versant de celle-ci, avec, entre autres, les deux trilogies « La Maison de mes pères » et « Le Chant pour celui qui désire vivre », dont les traductions ont, bien sûr, d'abord été éditées par Gaïa, mais qui sont également disponibles en livre de poche chez 10-18, ainsi que plusieurs recueils des « Racontars arctiques ».
On ne quitte pas le Nord avec Hek, Arluk et Soré (les 3 volumes du « Chant pour celui qui désire vivre »), mais les héros de ces récits ne sont plus des trappeurs scandinaves, ce sont des Inuits, dont on découvre de l'intérieur la culture, l'histoire, et d'abord le quotidien. Sans aucun burlesque cette fois, dans des textes qui témoignent de l'évidente tendresse de l'auteur pour ce peuple menacé par l'irruption du monde moderne, et de sa parfaite connaissance de leur culture.
Il est vrai que Jørn Riel, soixante-dix-huit ans aujourd'hui (car né en 1931 à Odense), a passé 16 ans au Groenland, où il séjourna pour la première fois en 1950. Dans la préface d'« Arluk » (1984), voyage d'un Inuit à travers le Groenland au début du XVIème siècle, il tient d'ailleurs « à remercier chaleureusement les nombreux Groenlandais avec qui, à travers toutes ces années, j'ai tant vécu ». Le Groenland n'est pas l'Islande, mais il y a pourtant du feu sous la glace...
Compléments
L'autonomie du Groenland
(source Wikipédia)
Suite à la loi sur l'autonomie du Groenland votée par le parlement danois le 19 mai 2009, le Groenland a accédé le 21 juin 2009 à une autonomie renforcée. Le Danemark lui a cédé 32 domaines de compétences, dont ceux de la police et de la justice. Le groenlandais (inuit oriental) devient langue officielle. La monnaie, la défense et la politique étrangère restent sous le contrôle du Danemark. Cet acte fait suite à un référendum consultatif qui a eu lieu au Groenland le 25 novembre 2008.
La capitale du Groenland est Nuuk (ou Godthåb en danois). La ville compte 17 000 habitants et sa population est essentiellement composée de Groenlandais (80 %) et de Danois (14,5 %). Le parti Inuit Atagatigiit, qui veut faire du Groenland un État indépendant, a lors des dernières élections législatives du 2 juin 2009 obtenu 43,7 % des voix, soit près du double du score qu'il avait réalisé lors d'une consultation en 2005. Inuit Ataqatigiit, qui a pour dirigeant Kuupik Kleist, dispose de 14 sièges sur 31 au Parlement, contre sept précédemment.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Groenland
Sur le site des Editions Gaïa, Jørn Riel par lui-même, interprété par Dominique Pinon
http://www.gaia-editions.com/index.php?option=com_content...
(sous la présentation du livre, et avant la liste des autres ouvrages, cliquer sur biographie, et en bas de ce texte actionner la commande prévue à cet effet)
22:03 Écrit par Bruno dans Du bonheur dans les épinards... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jørn riel, « le naufrage de la vesle mari », « racontars arctiques », gaïa editions
dimanche, 25 octobre 2009
Piet Hein, poète danois et touche-à-tout aux multiples talents...
Jeg er s'gu min egen
Pour des raisons diverses sur lesquelles je ne m'attarderai pas ici, il y a longtemps que je voulais vous parler d'un personnage aussi singulier et attachant que peu connu en France, le danois Piet HEIN (1905-1996), tout à la fois poète, artiste, designer, inventeur, philosophe, scientifique, et, en tant qu'intellectuel, militant antifasciste des années 30.
Si je ne l'ai pas fait plus tôt, c'est qu'il n'était à l'évidence guère facile (même en se limitant au poète) de vous proposer des textes écrits dans une langue parlée par seulement quelques petits millions d'individus dans ce vaste monde, et qu'il n'est pas question pour moi de vous en proposer des traductions de mon cru (il n'est apparemment pas traduit en français), sauf à risquer au mieux un mot à mot bien incapable de rendre les effets et la concision de l'original.
Comme bon nombre d'auteurs danois, qui publient en anglais pour des raisons évidentes (Karen BLIXEN en étant l'exemple le plus connu), il a lui-même rédigé une version anglaise de ses « grooks », petits poèmes très brefs (« gruk » en danois, probable mot-valise issu de l'amalgame entre « grin » -rigoler- et « suk » -soupirer-). Les amateurs peuvent s'en procurer plusieurs recueils sur internet (en anglais ou en danois, au choix).
Mais passons sans tarder au premier des textes que je veux vous proposer, aux allures de comptine. Pas si puérile que cela cependant, quand on sait que bon nombre de ces textes ont été publié dans le journal Politiken (sous un pseudonyme, mais quand même), dans un pays sous occupation nazie entre 1940 et 1945.
Chat perdu sans collier
Il s'agit d'un jeune chat qu'on croise, et qu'on croit perdu sans doute. Mais quand on lui demande qui est son maître (à qui il est), il répond indigné, et avec un juron (« s'gu », c'est à dire quelque chose comme « nom de dieu »), qu'il n'a d'autre maître que lui-même. Peut-être même ni dieu ni maître. J'aime bien ce chat, il va sans dire.
Pelouse interdite
Voilà maintenant une sauterelle sur un galet (le Danemark est pays de moraines) qui pleure comme rarement on vit quelqu'un pleurer. Au prix d'efforts surhumains (je sais, c'est une sauterelle, et il serait plus fidèle à l'original de dire « au prix de grandes difficultés »), elle a acquis les rudiments de la lecture. Elle s'est alors mise en quête de quelque écrit à déchiffrer, et le premier texte qui lui est tombé sous les yeux, c'est une pancarte « Pelouse interdite »...
Den bedrøvede græshoppe
En græshoppe sad på en lille flad sten
og græd som det sjældent grædes
den havde møjsommeligt lært ABC
og så fået en tekst, og det var jo en
ved at græsset må ikke betrædes.
Versions anglaises...
Deux autres petits textes, en anglais cette fois (je connais la version danoise du premier, dit par Piet HEIN lui-même sur un 33 tours 25 cm édité par RCA, collection Louisiana Gyldendal grammofonplader, et je vous en aurais volontiers proposé un extrait, si réaliser cet innocent piratage n'était pas au dessus de mes forces... j'en profite pour signaler que tout coup de main bénévole est le bienvenu). Pour la compréhension de ces deux textes, vous vous débrouillerez. Faut vous mettre aux langues étrangères, c'est notre président qui le dit...
CONSOLATION GROOK
Losing one glove
is certainly painful,
but nothing
compared to the pain,
of losing one,
throwing away the other,
and finding
the first one again.
DREAM INTERPRETATION
Simplified
Everything's either
concave or -vex,
so whatever you dream
will be something with sex.
Husk at leve mens du gør det...
Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures (les plus efficaces), c'est bien connu. Mais il arrive que le sujet réclame de plus longs développements. C'est le cas avec les deux derniers textes qui suivent, extraits de « Husk at leve » (« N'oublie pas de vivre », Borgens Billigbøger, 1965).
Ordet er devalueret
Ordet er devalueret.
Kunsten er blevet en kunst.
Den som kan tale og ingenting sige
er sikker på folkegunst.
Fraser og flovser, klicheer, jargon'er,
skåler og halv besked
skaber en skuffende billig syntetisk
erstatning for virkelighed.
Radio - det er jo ikke kunst.
Radio det er teknik.
Målet er ikke at tjene et emne
men at benytte et trik.
Vist skal vi vise folk virkeligheden,
men først må vi lyve den sammen.
Underholdning og harmløshed
skal fylde din livsdag. Amen
Og så kan der komme en stille ung mand
med noget enkelt og sært.
Han spør ikke, om det er kunst eller ej.
Men han véd, det er stort og svært.
Han har taget de lyriske snabelsko af,
for han står på et vanhelligt sted.
Hans kunst er: at ikke gå udenom,
men få vanskelighederne med.
Og så viser det sig, at et ærligt sind
er en rolle man ikke kan spille.
Og så viser det sig, at dét folk forstår,
er det man sir ganske stille.
Og så viser det sig, hvad al uægte kunst
vrider sig for at benægte:
at den eneste vej til at virke ægte
det er at være ægte.
Je vous propose ci-dessous une ébauche de traduction de ce texte (écrit il y a plus de quarante ans !), dont l'intérêt principal me paraît être la dénonciation du mensonge médiatique si courant aujourd'hui...
L'inflation verbale
Les mots ne valent plus un clou.
L'art est devenu un truc.
Celui qui sait parler pour ne rien dire
est sûr d'obtenir la faveur des foules.
Phrases toutes faites, platitudes, clichés,
jargon, toasts et verbiage
nous offrent à bon marché de la réalité
un ersatz trompeur et décevant.
La radio? ce n'est pas de l'art.
La radio c'est de la technique.
Son but n'est pas d'approfondir un sujet
mais d'utiliser un truc.
Sans doute devons nous montrer aux gens la réalité,
mais il nous faut d'abord la ficeler en un gros mensonge.
Divertissement et inoffensives banalités
seront ton lot. Ainsi soit-il.
Et voilà qu'arrive un jeune homme taiseux
avec quelque chose en lui de particulier, d'étrange.
Il ne se demande pas si c'est de l'art ou non.
Mais il sait que c'est important et difficile.
Il a jeté aux orties les cothurnes, et tout l'attirail ronflant du lyrisme,
car il se tient en un lieu profane.
Son art consiste à ne rien éluder,
à prendre en charge les difficultés.
Et voilà qu'il apparaît que le meilleur comédien
ne peut pas singer la sincérité.
Et voilà qu'il apparaît que cela même que les gens comprennent,
c'est ce que l'on dit posément.
Et voilà qu'apparaît ce que tout art inauthentique
à grand renfort de contorsions s'acharne à nier:
que la seule façon de faire vrai
c'est d'être vrai.
Pourquoi ont-ils brûlé Giordano Bruno ?
Il est souvent risqué de crier que le roi est nu, que Bongo est le fils de son père (ou Jean le fils de Nicolas), n'en déplaise à H-C Andersen et aux monarques bonhommes de ses contes. Brûler les livres (et leurs auteurs le cas échéant) se pratiquait couramment du temps de l'inquisition, du temps d'un petit peintre viennois prénommé Adolf, et aujourd'hui encore... Il y a quatre siècles, Giordano Bruno fut brûlé à Rome pour avoir refusé de se rétracter (ses thèses ne portaient pas seulement sur la conception d'un univers infini, au-delà des conceptions coperniciennes, mais aussi sur quelques questions alors au moins aussi sensibles, comme la virginité de Marie ou la question de la trinité).
Je ne vous donnerai cette fois d'indications que pour la compréhension des passages essentiels de ce dernier poème:
Pourquoi ont-ils brûlé Giordano Bruno ? Parce que l'ouverture d'esprit est dangereuse. Parce que la puissance spirituelle de la parole est une arme. Parce que l'indépendance est une force... Parce qu'une pensée libre brise toutes les chaînes... Voilà pourquoi ils ont brûlé Giordano Bruno. Parce que l'homme est plus grand que les geôles où on le fait croupir, que les armes qu'on tourne contre lui, que les puissances qui s'échinent impuissantes contre la pensée de Giordano Bruno. Voilà pourquoi ils sont morts, et pas lui.
Hvorfor brændte de Giordano Bruno ?
Fordi sindets åbenhed er farlig.
Fordi ordets åndskraft er et våben.
Fordi livets frihed er en magt.
Fordi livets frihed er den magt
imod hvilken voldsmagt er forgæves.
Fordi ordets åndskraft er vort våben
mod inkvisitionens herredømme.
Fordi sindets åbenhed er farlig
for enhver som lever på dets trældom.
Fordi Aristoteler kan styrtes,
og Copernici udvide verden.
Fordi menneskenes lange vandring
imod ny mangfoldighed og fylde,
ledet af den ydmygt åbne tanke,
sprænger alle slaveriers bånd.
Derfor brændte de Giodano Bruno.
Derfor, - Fordi mennesket er større
end de kamre, som det kues ned i,
end de våben, som man vender mod det,
end de magter, som så magtesløse
tårnes mod Giordano Brunos tanke.
Derfor lever ikke de, men han.
Le dernier mot
Le dernier mot (trouvé je ne sais plus où sur internet), on le laissera à Piet HEIN:
« After all, what is art? Art is the creative process and it goes through all fields. Einstein's theory of relativity - now that is a work of art! Einstein was more of an artist in physics than on his violin. Art is this: art is the solution of a problem which cannot be expressed explicitly until it is solved. »
Plus d'infos (entre autres):
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grook
http://chat.carleton.ca/~tcstewar/grooks/grooks.html
http://www.villastabbia.it/Eng/Piet-Hein-Villa-Stabbia.htm
N'oublions pas l'inventeur de jeux (Hex en 1942) et de casse-tête (Soma-Cube en 1936):
http://jeuxsoc.fr/?principal=/jeu/hex__
Infos en danois, pour ceux qui le lisent :
http://www.denstoredanske.dk/Kunst_og_kultur/Litteratur/D...
http://www.denstoredanske.dk/Danmarks_geografi_og_historie/Danmarks_historie/Danmark_1849-1945/Frisindet_Kulturkamp
Intéressant article sur le « Frisindet Kulturkamp » (et le rôle de Piet HEIN en son sein en mars 1940) dans le Leksikon for det 21. århundrede (« Det er altid sejrherrerne, der skriver historien »)
http://www.leksikon.org/art.php?n=1483
(NB: 3 des liens ci-dessus ne fonctionnent pas; pour accéder aux sites ciblés, il faut donc copier / coller le lien dans la barre du moteur de recherche)
20:09 Écrit par Bruno dans Du bonheur dans les épinards... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piet hein poète danois, husk at leve mens du gør det, husk at elske mens du tør det, giordano bruno