lundi, 17 mars 2014
Un maire qui a du mordant...
Dans le débat public, il y en a qui ont la dent dure. Mais pas au point, nonobstant l'âpreté des joutes électorales, de se laisser aller à des excès manifestement condamnables, comme ce Noël QUENESSON, maire radical de Sigoulès en Dordogne (616 habitants en 1936, 838 en 2010).
La proximité de Bergerac y aurait-il quelque effet sur la physionomie des autochtones, et notamment la proéminence de leur appendice nasal, véritable provocation à la rhinectomie (osons le mot) ? Moi, Monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse !
Quoi qu'il en soit, le radical en question, sans doute plus virulent que ses lointains coreligionnaires caennais TOURRET, TOUZE et LE COUTOUR, n'hésita pas à jouer des maxillaire et mandibule sur la personne d'un de ses conseillers municipaux. Cela se passait le 27 juillet 1937. Et fut sobrement relaté par les rédacteurs de l'Ouest-Eclair (ancêtre de Ouest-France) dans le numéro du 5 juin 1938, consultable en ligne sur Gallica (Bibliothèque Nationale de France).
Il n'est certes pas nécessaire d'en venir à ces extrémités pour faire preuve de conviction, et l'on peut fort calmement faire avancer des propositions porteuses de réels changements dans la vie quotidienne de ses concitoyens, sans même la moindre outrance verbale. Quels changements, quelles propositions ? En voici quelques unes (lien actif), et vous en trouverez d'autres:
http://altergauche.org/texte/u8ca10tkq0h/view
http://altergauche.org/texte/f3rq88ubefk/view
http://altergauche.org/contribution/uwuik4qd5l8/view
http://altergauche.org/contribution/k4lw3wagv4q/view
18:03 Écrit par Bruno | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caen, municipales 2014, noël quenesson, radical, sigoulès en dordogne, alain tourret, jean-louis touze, xavier le coutour, ouest-eclair
jeudi, 04 juillet 2013
« Jardins de nacre » de Nacarat (suite): pour 5 euros par jour, une véranda publicitaire sur les espaces verts municipaux…
« Bulle » immobilière
Ceci n’est pas une bulle…
Quand on veut, on peut. Voilà bientôt près de trois semaines que je voulais obtenir une copie de la décision permettant à la société privée Nacarat d’occuper (de façon fort peu discrète) un bout de gazon à usage collectif à deux pas de chez moi. J’avais, par courriel à Philippe DURON, et par téléphone aux services municipaux, demandé fort poliment cette copie. Et, quinze jours plus tard, je n’avais bien entendu rien obtenu, nonobstant les principes depuis longtemps posés par la loi en matière de communication de documents administratifs.
Mais un courrier (posté le 27 juin) m’est enfin parvenu, et me voilà donc en mesure de vous proposer (entre autres) la lecture d’une lettre du 4 juin, adressée à la société NACARAT par Jean-Louis TOUZE, adjoint au maire de Caen, autorisant celle-ci pour une période d’un an (renouvelable) à installer sa « bulle de vente » sur le gazon municipal.
Moyennant une redevance mensuelle de 150 €, soit 5 € par jour, ce qui n’est manifestement pas exorbitant, comparé au prix d’un emplacement dans un camping, d’un coin de page dans un journal (ou dans plusieurs), comme à celui de 12 m² de publicité sur un panneau de 4 x 3m…
Inutile de me demander pourquoi Jean-Louis TOUZE qualifie de « bulle » le parallélépipède rectangle à visées publicitaires constituant l’objet du délit. Le bipède rétrograde que je suis n’entend rien à la « com », au petit commerce, et aux formules en vogue chez leurs adeptes. Si c’est rond, c’est point carré, comme se plaisait à répéter un de mes instituteurs au temps révolu des blouses grises.
Une hypothèse toutefois: une bulle est une sphère, ainsi susceptible de rouler (verbe transitif en certaines de ses acceptions courantes), et dépourvue des arêtes que présentent les volumes à base quadrangulaire. La bulle est lisse, sans aspérité. Comme le baratin du vendeur. Et quand le client est dans la bulle, il est hors du monde, hors du temps, hors de la réalité. Dans la disposition d’esprit idéale pour se montrer réceptif aux discours prometteurs qu’on lui tient.
Voilà donc une « bulle » qui, si on ne fait rien, va rester là un an ou deux, sans guère d’utilité pour quiconque, puisque même les commerciaux de Nacarat, qui s’y ennuient parfois une heure ou deux, préfèrent laisser un mot sur la porte avec leur numéro de téléphone, sans assurer les permanences annoncées (tous les après-midi, du mardi au vendredi, de 14 h à 18 h).
La seule utilité de cet encombrant objet est donc dans ses parois extérieures, sur lesquelles s’étale la publicité de la société Nacarat.
La municipalité prétend pourtant, depuis novembre 2010 tout du moins, être en guerre contre l’envahissement publicitaire… c'est-à-dire depuis l’annulation par le Tribunal Administratif, à la demande de la société VP Communication (SIREN 428873988, antenne locale à Ranville), de l’arrêté du 20 septembre 1984 portant sur la réglementation en matière de publicité sur le territoire de la ville de Caen.
Voir le compte-rendu de la décision du TA dans le procès-verbal de la réunion du conseil municipal du 14 février 2011 :
http://www.caen.fr/infos_mairie/ConseilMunicipal/integraux/2011/CM14022011.pdf
L’arrêté de 1984 du sénateur-maire Jean-Marie GIRAULT est consultable ci-après.
ArreteReglePubEnseignesPreenseignes 20-09-1984.pdf
Projet de Règlement Local de la Publicité
Ainsi, depuis 2010, la municipalité cherche à organiser la riposte. Le conseil municipal a même adopté à l'unanimité, le 25 juin 2012, un vœu interpellant le Gouvernement afin qu’il prenne des mesures restrictives en matière d’implantation de publicités, enseignes et pré-enseignes. Un vœu qui évoque "les impacts négatifs de la profusion de panneaux publicitaires sur le territoire de la ville pour le cadre de vie des habitants, le patrimoine et les paysages".
Le 7 juin dernier, on a enfin présenté aux Caennais un projet de Règlement Local de la Publicité (RLP), qui vise une meilleure intégration des panneaux publicitaires, enseignes et pré-enseignes, dans le paysage bâti et/ou végétal. La Ville de Caen souhaite paraît-il un encadrement plus strict des nouvelles formes de publicité, en tenant compte des critères de taille, de positionnement des panneaux dans l'espace et par rapport aux façades…
(copie d’écran du site internet de la mairie)
« Cela salit la ville »
La prolifération publicitaire, « Cela salit la ville et n'est pas compatible avec le label ville d'art et d'histoire », selon Xavier LE COUTOUR, adjoint délégué à l'urbanisme.
http://www.entreprises.ouest-france.fr/node/96480
Dommage qu’il n’en ait pas touché un mot à son collègue Jean-Louis TOUZE, autre adjoint membre comme lui du Parti Radical dit de Gauche, une formation dont les réunions doivent pourtant pouvoir se tenir dans une relative intimité…
Cela aurait évité à ce dernier d’autoriser une installation manifestement publicitaire que rien ne justifiait, pas même l’absence momentanée de réglementation en matière de publicité, puisqu’il ne s’agit pas (si ce n’est par détournement) d’un dispositif publicitaire classique.
La cohérence n’est manifestement pas au rendez-vous, à l’hôtel de ville.
Stop ou encore ?
Le dispositif complet: un panneau publicitaire + un volume publicitaire (la "bulle"), sans oublier le stationnement sauvage sur le gazon de la petite voiture blanche du commercial, sagement siglée "Caisse d'Epargne", un détail pas vraiment prévu par la convention passée entre la ville et Nacarat, consultable ci-après:
21:09 Écrit par Bruno dans Urbanisme et logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe duron, jean-louis touze, résidence « les jardins de nacre », nacarat caen, groupe rabot dutilleul, xavier le coutour, rue de la délivrande, parking de l’iufm, réservoir de la girafe, caisse d’epargne, cabinet d’architectes ataub, autorisation d’occupation provisoire du domaine public, société vp communication, règlement local de la publicité (rlp)
dimanche, 21 novembre 2010
Miss France 2011, trente trois luronnes à l’abbaye aux Hommes…
Les filles de Thespios, par Gustave Moreau
Membre éminent –voire proéminent– de la fédération calvadosienne du Parti Socialiste, notre maire Philippe DURON accueillait hier soir en son monacal hôtel de ville 33 luronnes, prétendantes au titre de Miss France 2011. Au nombre d’icelles, certes moins nombreuses que les filles du roi Thespios, une Miss Normandie, petite-nièce de l’ineffable Valéry Giscard d'Estaing (lui-même membre de l’Académie Française, et auteur en 2009 d’un roman inoubliable et torride: « La princesse et le président »).
Mais Philippe était en retard. Pour éviter à tout ce petit monde de faire trop longuement le pied de grue, son adjoint Jean-Louis TOUZE eut le redoutable honneur de le suppléer, au pied levé. Par un discours de bienvenue convenu, comme l’assure le plumitif de service dans l’orgasme de presse local. Un exploit à sa mesure, merci Jean-Louis.
Il convenait en effet de s’économiser, car jusqu’au soir de l'érection, le programme est bigrement chargé. Un clip télé doit être tourné, pour TF1 bien entendu, qui mettra notre ville (et, n’en doutons pas, le premier de ses représentants, comme on dit dans le porte à porte) à la sauce strass-paillettes de la chaîne du groupe Bouygues. Le socialisme municipal a dû s’enfuir par la porte de service…
C’est d’ailleurs Alain DELON qui présidera au Zénith le "jury" chargé de désigner la Blanche Neige 2011. DELON, quelqu’un de connu pour ses prises de position progressistes, et son attachement à notre beau pays (sauf questions fiscales, bien entendu). Il se trouvera sans doute des gens pour payer 32, 42 ou même 52 € le droit d’assister à cette guignolade commerciale. Et d’applaudir à la demande…
On l’aura compris, le goût immodéré de nos édiles pour tout ce qui brille et chatoie sous les sunlights m’exaspère (c’est la même chose en matière d’architecture ou d’urbanisme: se faire mousser en faisant, soi-disant, venir à Caen les vedettes du moment, quand ce seront évidemment leurs collaborateurs qui feront le boulot, avec ni plus ni moins de talent que les régionaux de l’étape, mais pour plus cher, n’en doutons pas). Car ce qui compte, n’est-ce pas, c’est ce qui est écrit sur l’étiquette, sur l’emballage… L’important, ce n’est pas ce qu’on dit. L’important, c’est qu’on en cause…
Le huron nu dans la Rance...
Tout ce vacarme autour du vide m’a tout naturellement conduit à envisager une petite cure, basée sur la revigorante lecture de ce bon vieux Voltaire. Et plus précisément sur la lecture de ce petit conte (ou roman), étiqueté philosophique, qu’est « L’Ingénu, histoire véritable tirée de manuscrits du Père Quesnel », publié à Genève en 1767.
L’abbé de Kerkabon et sa sœur, qui habitent la région de St Malo, recueillent un jeune huron, venant du Canada sur un bateau anglais, et qui n’est autre que leur neveu. Ce huron est parfaitement ignorant des us et coutumes du monde qu’il découvre, mais plein de bonne volonté et d’une rare franchise (un bon sauvage en quelque sorte). Ses hôtes s’empressent bien sûr de convertir cet "ingénu" au catholicisme, mais sa rigueur intellectuelle ne va pas leur rendre la tâche facile…
Vient le jour du baptême, cérémonie à laquelle ont été conviés tous les notables de la région (fin du chapitre III). Mais le huron a disparu…
On en est là au début du chapitre IV, car notre huron discute point par point le dogme et les rites, qu’il juge non conformes aux textes fondateurs qu’on lui a fait lire.
Il cédera pourtant (mais pas aux arguments de ses contradicteurs), et tout finira par force libations, et propos de table…
« Toutes les dames baissèrent les yeux, et jugèrent à la physionomie de l’Ingénu qu’il était digne du saint dont il portait le nom. »
A commencer ses douze travaux par le treizième, notre Hercule a certes encore du pain sur la planche, ne serait-ce qu’aller nettoyer les écuries d'Augier, à Deauville. Ou ramener au bercail le troupeau de bœufs du géant Géryon, en limitant les pertes dues aux mauvaises rencontres, comme celles de Charybde et de Scylla.
Vivant DENON
Pour information:
« La princesse et le président », de Valéry Giscard d'Estaing : nombreux exemplaires neufs (pour 8 € seulement), ou d’occasion, en stock sur Amazon.
00:08 Écrit par Bruno dans Affaires municipales | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : miss france, philippe duron, valéry giscard d'estaing, la princesse et le président, jean-louis touze, tf1, bouygues, alain delon, voltaire, l’ingénu, les 50 filles du roi thespios, hercule, les écuries d’augier