samedi, 31 janvier 2009
Une troisième modification du plan d’occupation des sols communal soumise à enquête publique du 14 février au 16 mars 2009. Avec quel contenu et pour quels motifs ?
Petites annonces et grand silence…
La lecture des annonces légales n’est pas l’exercice le plus passionnant qui soit. Mais il arrive qu’elle réserve d’intéressantes surprises, comme cette annonce d’une enquête publique (du 14 février au 16 mars) pour soumettre aux caennais le projet d’une troisième modification du plan d’occupation des sols depuis l’approbation de ce POS par le conseil municipal le 11 décembre 2000… en attendant le PLU (plan local d’urbanisme) en chantier paraît-il depuis deux ans. On a eu droit aussi entre temps à deux « révisions simplifiées », bricolages nécessaires à la réalisation des beaux projets de Fernando de ALMEIDA GOMES et NEXITY sur les terrains d’un Institut Lemonnier en proie à de grosses difficultés financières, ou à ceux d’APSYS, SAFAUR-Rufa et consorts sur les « Rives de l’Orne ». Sans compter les bidouillages de ZAC, au bénéfice de la Clinique du Parc par exemple…
Compte tenu de ces glorieux précédents, il est sans doute légitime de se demander quels sont le contenu et les motifs de cette troisième modification du plan d’occupation des sols…
Rien sur le site internet de la mairie. Rien dans la presse apparemment. Le conseiller municipal de base interrogé ne semble pas au courant…
Voilà pourquoi je me suis adressé directement à l’adjoint au maire compétent, Xavier LE COUTOUR, avec qui j’ai pendant des années suivi ces dossiers d’urbanisme et d’affaires foncières (au point de faire ensemble plusieurs recours devant le tribunal administratif). Mais nos rapports n’étant semble-t-il plus aussi chaleureux depuis sept ou huit mois (soit assez peu de temps après la constitution de l’équipe municipale), j’ai choisi de lui adresser ce soir le message ci-après, et d’en laisser une copie sur ce blog. Histoire d’obtenir (peut-être) une réponse…
Xavier,
Je viens de découvrir dans les annonces légales de Liberté de jeudi dernier 29 janvier un avis d’enquête publique (devant se dérouler du 14 février au 16 mars). Par arrêté du 26 janvier, il est donc question d’une troisième modification du plan d’occupation des sols. J’ai vainement cherché sur le site internet de la ville, et sur internet tout court, une quelconque information (aussi laconique soit elle) concernant ce projet, son contenu et ses motifs. Dans ces conditions, on pourrait croire que l’information des caennais (même succincte) n’est pas un des principaux soucis de votre équipe, pas plus il est vrai que ce n’était le principal souci des équipes GIRAULT et LE BRETHON. Mais je me souviens de t’avoir alors connu alors comme quelqu’un qui dénonçait l’absence de transparence, d’information et de dialogue. Alors peux-tu rapidement me dire de quoi il retourne, et faire en sorte par ailleurs que tous nos concitoyens puissent eux aussi être convenablement informés d’une affaire qui les concerne ?
Merci d’avance pour une réponse de quelques lignes en tout début de semaine prochaine (lundi ou mardi dernier délai, car nous tenons notre assemblée générale annuelle mercredi).
A moins que tu ne puisses nous faire parvenir une copie du dossier (sur papier ou sur fichiers informatiques) dans les mêmes délais.
Cordialement.
Bruno
PS N’ayant jamais obtenu les copies de documents demandés en juin par dépôt d’un courrier à ton secrétariat (lettres d’Eric MOISSET à Fernando de ALMEIDA GOMES présentes au dossier des permis de construire du second sur les terrains de l’Institut Lemonnier), tu comprendras que cette fois je préfère rendre public le contenu de ce message. Sarkozy n’a en effet pas encore demandé à sa majorité d’abroger les textes relatifs à la communication des documents administratifs aux citoyens (de Caen ou d’ailleurs) qui en font la demande.
23:28 Écrit par Bruno dans Urbanisme et logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caen: troisième modification du plan d’occupation des sols, enquête publique du 14 février au 16 mars, xavier le coutour
mardi, 27 janvier 2009
Les délires sécuritaires du pouvoir sarkozyste
L’UMP, le « terrorisme »
et les extra-terrestres...
Pour faire de nos jours un homme (ou une femme) politique présentable il suffit, c’est couramment admis, de disposer de l’équipement intellectuel du maquignon, ou pour user d’un vocable moins daté, compte tenu de la moindre attractivité des foires aux bestiaux dans le monde d’aujourd’hui, du commercial performant, comme celui qui parvient aisément à vendre des encyclopédies en douze volumes à des familles victimes du surendettement, de préférence dans des zones où l’illettrisme fait des ravages.
Une gueule (la petitesse n’est pas un obstacle), un avis sur tout (modifiable à tout moment), du toupet, de la faconde, comme garantie de compétence un argumentaire schématique, discrètement émaillé de termes empruntés à des disciplines supposées ardues, un parcours familial ou sentimental dont, au besoin, on aura pris soin de faire connaître à la presse tout l’intérêt... et voilà notre homme (ou notre femme) sur orbite, ministérielle ou présidentielle.
MAM pur produit UMP
Loin de moi l’idée que notre ministre de l’Intérieur, Michèle ALLIOT-MARIE dite MAM, puisse être incapable des performances intellectuelles moyennes des adhérents de l’UMP, parti dit de rassemblement si l’on se réfère à la vulgate gaulliste, dont elle fut un temps la surveillante générale.
L’UMP, ce n’est d’ailleurs plus un rassemblement, c’est un grand bric-à-brac, soit dit en passant. Après avoir récupéré en 2007 ceux qui avaient cru à l’avenir de la maison LE PEN (et/ou leurs électeurs), comme après quarante ans d’épisodes UDR et RPR tout aussi glorieux, assimilant les adorateurs de la croix de Lorraine à autant de trafiquants de fausses reliques, ne voilà-t-il pas que l’UMP intègre BESSON l’apostat, digne successeur de Brice HORTEFEUX au ministère de la pureté nationale.
On ne demande pas il est vrai aux élus ou aux adhérents de l’UMP de penser par eux-mêmes. Un peuple, un parti, un chef, telle est la devise. On ne veut voir qu’une seule tête, vide ou brûlée de préférence. Pour le reste, mange ta soupe et tais-toi. Et De Gaulle là-dedans ?, aurait dit Jacques CHANCEL...
Michèle ALLIOT-MARIE, disais-je donc, me déçoit quelque peu ces temps-ci. Je n’en attendais certes pas des fulgurances, compte tenu de son parcours, de l’action et du discours qu’on attend d’elle en « haut » lieu, au poste qu’elle occupe en tant que clone de l’homme au Karcher, poursuivant tel Poutine l’ennemi intérieur jusque dans les chiottes. Un clone triste d’ailleurs, à la voix aigre de vieille pionne.
La campagne de Corrèze
Mais la bouffonnerie a dépassé les limites quand MAM, 90 ans jour pour jour après l’armistice de Rethondes, a fait déferler ses hordes sécuritaires encagoulées sur un paisible village de Corrèze, base arrière supposée du « terrorisme » national et international. Et déclaré illico coupables de ce crime (et d’appartenance à une « ultra-gauche autonome » extrêmement dangereuse) les interpellés du petit matin.
On connaît l’histoire, la presse était là dès le début (quel flair !), et ne s’est pas privée de détailler par le menu l’inventaire des pièces à conviction saisies à Tarnac (les oeuvres complètes de Hergé, un moulin-à-légumes-de-modèle-ancien-ayant-pu-servir-à, un rouleau de fil de fer et des tenailles, divers autres objets et imprimés, sans oublier un raton-laveur apprivoisé et sa cage).
Cette histoire, je ne vous la raconte donc pas. Car les gens de Tarnac (qui ne sont pas tous des militants patentés de l’« ultra-gauche autonome », chère à Michèle ALLIOT-BATMAN) ont ouvert sur internet un site dédié à ce spectaculaire épisode de la guerre contre les forces du Mal. C’est qu’ils aiment bien leurs épiciers, et souffrent de voir que l’un d’eux est encore embastillé deux mois plus tard, alors même que le dossier semble désespérément vide, et que des juges indépendants ont pu vouloir le libérer. Mais c’était sans compter sur le parquet, et les dents qui le rayent...
Il est donc recommandé de faire une petite visite à ce site, à l’adresse suivante: http://www.soutien11novembre.org/
On y trouve aussi (au format PDF) les 3 premiers numéros des Echos de la Taïga, que l’on peut ainsi imprimer facilement, et diffuser. Le second est excellent (très instructif sur ce qui nous pend au bout du nez, si nous laissons faire Sarko et les siens). En ce qui concerne le troisième, et dernier paru, le lien suivant y mène tout droit, pour ceux qui n’aiment pas chercher :
http://www.soutien11novembre.org/IMG/pdf/Taiga3-2.pdf
Sabotage du service public sur le Paris-Caen-Cherbourg
Cette histoire de prétendus saboteurs de caténaires me laisse songeur.
Une de mes filles, alors étudiante à Paris, revenait il y a peu tous les week-ends à Caen. Une fois sur deux (ou sur trois, soyons magnanimes), le train avait un sérieux retard: un quart d’heure, une demi-heure, et de temps en temps plus d’une heure. Une fois, il nous a même fallu faire le guet pendant plus de trois heures dans une gare vide, sans pouvoir obtenir la moindre information. Et à trois heures du matin, pas de TVR, pas de bus, pas de taxi. Démerdez-vous. Ces problèmes n’avaient jamais pour cause la moindre grève de cheminots (ça se sait tout de même d’avance). Non, c’était un moteur qui crame, une caténaire qui flanche, du bétail divaguant, un sanglier suicidaire, etc. Nous, on trouvait ça curieux. On avait connu dans les années 70 les turbotrains mettant Caen à deux heures de la capitale. Puis on avait à grands frais électrifié la ligne, ce qui, paraît-il... mettait Caen à nouveau à deux heures de Paris...
Alors ? Aujourd’hui le Conseil Régional se fâche, et menace de ne pas payer son écot à la SNCF, pour cause de service dégradé. Les mauvaises langues mettront sans doute cette dégradation sur le compte des réductions de moyens et d’effectifs, évoquant sournoisement le fonctionnement défectueux des chemins de fer anglais, privatisés par Mrs Thatcher. Et si la SNCF n’y était pour rien ? Et si c’était le terrorisme, la cause de tous nos maux?
AZF: Gros Loup court toujours.
Mais que fait donc Suzy ?
L’histoire des prétendus « terroristes » de Tarnac me fait surtout penser à un autre épisode du même genre, à la veille d’élections en 2004 (les 21 et 28 mars), à l’époque où le ministre de l’Intérieur s’appelait Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Un ministre de l’Intérieur, ça dirige l’action de la police, et ça s’occupe aussi des élections.
Le 21 février 2004, il y a donc bientôt cinq ans, les fins limiers de l’actuel Président trouvaient, sur la ligne Paris-Toulouse, un Tupperware rempli d’un mélange explosif concocté à base de fuel et de nitrate d’ammonium (information sans doute donnée par la presse dans un louable souci de vulgarisation). Cette trouvaille ne devait rien au hasard, puisque c’était sur les indications d’un mystérieux groupe AZF qu’on avait pu récupérer l’engin, pour aller le faire exploser ailleurs, histoire de constater qu’il pouvait faire des dégâts.
Dix jours plus tard, les autorités affirmaient tout ignorer des auteurs de cette inquiétante mascarade. Dix jours plus tard (un peu tard si l’alerte était sérieuse), le P.D.G. de la SNCF (était-ce déjà Anne-Marie IDRAC, épouse d’un ancien préfet du Calvados, et elle-même ancien ministre UMP ?) faisait inspecter 32.000 km de voies par dix bons milliers de cheminots (lesquels, comme tout le monde, avaient appris la nouvelle le 3 mars, par la radio ou la télé !).
La presse disait aussi que ces gens d’AZF écrivaient beaucoup à Chirac et à Sarko, et ce depuis la mi-décembre 2003. Qu’on se téléphonait, entre eux et les autorités. Qu’on communiquait via les petites annonces coquines de Libé. On nous donnait même les noms de code: Gros Loup, Suzy, etc... (superbe idée de scénario pour un ultime album d’Hergé, après le Congo et les Soviets: Tintin et le chantage au Tupperware).
Dupond et Dupont mènent l’enquête
Est-ce que par hasard ils n’utilisaient pas aussi un téléphone fixe, plutôt qu’un portable ? Avec l’affichage du numéro et un annuaire inversé, petites merveilles de la technologie moderne (en vente libre, comme les Tupperware), on aurait sans doute pu soulever un coin du voile. Las, on sait que la police française manque cruellement de moyens. Dupond et Dupont menèrent donc l’enquête, assistés par 600 de leurs collègues, paraît-il. Et ne trouvèrent rien.
Après une tentative ratée de remise de rançon, AZF annonçait par communiqué une trêve unilatérale: « conscient de ses faiblesses technologiques, logistiques et autres, AZF suspend son action durant le temps nécessaire pour y remédier… Sans rancune et à bientôt ! ».
De pâles imitateurs tentèrent bien par la suite de reprendre l’affaire à leur compte (octobre 2004, mars 2005, avril 2006, mars 2007), mais le coeur n’y était plus. C’est amusant de crier au loup, mais ça finit par lasser. Ni les autorités judiciaires ni la police ne prirent paraît-il l'affaire de 2007 au sérieux, mais elle fut néanmoins confiée au parquet antiterroriste de Paris. Faut rien perdre...
La Planète UMP et les extra-terrestres...
Si la police de Nicolas Sarközy, si efficace dans la remise en ordre des banlieues à grand renfort de procédures d’exception (l’état d’urgence de 2005), n’est pas venue à bout du mystère AZF, et semble aujourd’hui patauger lamentablement dans l’affaire des épiciers de Tarnac, c’est peut-être que l’affaire est d’une tout autre dimension... la quatrième.
Un certain Jean-Charles DUBOC de Fécamp, inconditionnel soutien de Sarko pour les présidentielles de 2007, très islamophobe et par ailleurs ancien pilote professionnel ayant aux commandes de son avion croisé des OVNI (ce qui n’est sans doute pas incompatible), l’explique longuement sur le site Planète UMP.
On peut d’abord y prendre connaissance des messages adressés par Gros Loup à Suzy en mars 2004 (c’est beau comme les Centuries de Michel de Notredame, dit Nostradamus). On a droit aussi à leur traduction, et à une longue exégèse de ces textes et autres productions du groupe AZF.
Notre homme y formule plusieurs hypothèses dont MAM pourrait avec profit confier l’exploitation à ses services.
La première de ces hypothèses est que le groupe AZF serait la couverture d’un groupe de militaires (d’un service de renseignement, la DGSE si j’ai bien compris), révoltés par d’odieuses malversations de Mitterrand, lequel aurait détourné des sommes importantes versées à la France pour prix de sa participation après la première guerre du Golfe. Le mobile est farfelu certes, mais l’hypothèse de base (que son auteur écarte, parce que contraire à la légendaire fidélité des militaires à leur devoir) l’est moins. Un militaire, c’est fait pour obéir aux ordres, précisément.
C’est pourtant à une seconde hypothèse que va la préférence du sieur DUBOC, celle des extra-terrestres de la planète Ummo, qui depuis 40 ans envoient des lettres à des citoyens espagnols et français pour les avertir de la déplorable moralité des grands de ce monde...
Il convient donc de vérifier que Julien COUPAT, épicier à Tarnac, ne vient pas de la planète Ummo, et de le libérer sans tarder, s’il peut justifier sans doute aucun de son ascendance terrienne.
Quant à la planète UMP et à ses satellites, on est heureux de les voir peuplés d’esprits aussi éclairés que le Chef, sa fondée de pouvoir à l’Intérieur, et M. Jean-Charles DUBOC de Fécamp.
Sources:
- Un débat surréaliste sur Planète UMP (à voir absolument, on n’a pas tous les jours l’occasion de rigoler): http://www.planete-ump.fr/t1045-Reapparition-du-groupe-AZF.htm
- Sur l’affaire AZF (de 2004 à 2007), quelques adresses à consulter
http://www.apprendre-en-ligne.net/crypto/stegano/suzy.html
http://www.ladepeche.fr/Dossiers-Chantage-Groupe-AZF-c487...
http://www.ladepeche.fr/article/2004/03/09/283271-AZF-jeu...
http://www.europe1.fr/Info/Archives/2007/Alerte-a-la-bomb...
- Sur l’affaire de Tarnac, on trouve des infos partout. Pour un début, on peut voir :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/23/plusieur...
23:34 Écrit par Bruno dans Les exploits du national-sarkozysme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michèle alliot-marie, tarnac, azf, planete ump, jean-charles duboc
lundi, 19 janvier 2009
Après des siècles d’antisémitisme, le con d’Occident réinvente le diable...
Coup de torchon...
Le facteur prend ma boîte aux lettres pour une poubelle...
Cela fait en effet plusieurs semaines que je reçois L’Express sans avoir rien demandé. J’y jette parfois un oeil distrait. Mais si cet hebdo me fait parvenir sa marchandise sans que j’aie rien à débourser, et en me proposant pour plus tard un abonnement à bas prix (avec en prime une authentique Rolex présidentielle, ou, sauf erreur, une bague de chez Tatie Chaumette pour mon épouse), ce n’est évidemment pas pour mes beaux yeux fatigués.
C’est bien sûr pour maintenir à niveau son lectorat, et en tirer argument auprès de ses annonceurs. Faut tout de même bien que la publicité qui l’inonde (comme les produits de ses concurrents) continue à financer sa diffusion, et celle de la prose de sa rédaction.
Mais on aurait quand même tort de croire qu’il s’agit seulement de vendre du papier. Il ne s’agit pas bien sûr de vendre de l’info: il n’y a rien dans ce numéro 3002 (semaine du 15 au 21 janvier 2009) que je ne sache déjà plus ou moins. J’ai comme tout le monde une radio, une télé et un ordinateur connecté à internet...
Il s’agit aussi de vendre autre chose, qu’on appellera « opinion » si on veut. Ou désinformation, manipulation et intoxication, si on constate que la relation des faits est tronquée et orientée, et que le point de vue partisan tient le stylo.
C’est le cas avec l’édito de ce numéro 3002, signé Christophe BARBIER, directeur de la rédaction (voir cartouche page 100). J’en dépose une copie ici, avec des pincettes (edito l'express 3002.jpg).
Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !
« Une guerre juste, juste une guerre ». Voilà pour le titre, parfaitement explicite. Les cons pressés et mal voyants ont pourtant droit à cette précision en gros caractères et italiques barrant le texte: « Israël a raison de mener cette guerre et il le fait aussi pour notre tranquillité ».
Fallait-il vraiment développer sur une page entière ?
Tout est dit: que le Droit et Dieu lui-même (Gott mit uns !) sont avec Israël, ses avions, ses chars, ses bombes et ses gentils teenagers tout de kaki vêtus (pleurant l’un des leurs, mais pas leurs victimes pour l’essentiel civiles, sur une photo grand format pages 52-53). Tout est dit: que plus de 1000 morts, c’est « juste une guerre ». Pas de quoi fouetter un chat. Et que c’est « pour notre tranquillité » qu’Israël enferme, affame, prive d’eau et d’électricité, et tue indistinctement hommes, femmes et enfants
Qu’est-ce à dire ? Serais-je donc personnellement menacé par la communauté musulmane vivant paisiblement à Caen et dans son agglomération, où d’autres communautés vivent tout aussi paisiblement, sans craindre pour ceux qui croient, et ceux qui ne croient pas, qu’eux-mêmes ou leurs lieux de culte (églises, mosquées ou synagogues) soient la cible de la moindre attaque ? (si ce n’est de la part de l’extrême-droite, la seule victime d’un crime raciste étant ici, il y a quelques années, un épicier « de type méditerranéen » évidemment).
Les relents discrètement racistes du sous-titre invitent donc à une vérification dans le corps du texte...
Le militaire et le terroriste
Première phrase: « C’est par-delà l’horreur qu’il faut réfléchir ». On ne peut nier l’horreur (plus de 1000 morts, dont un bon tiers d’enfants, dans des écoles, des hôpitaux, etc.). Mais cette guerre, on peut la dire « juste » et la minimiser, quand on s’appelle Christophe BARBIER, et quand on écrit dans un hebdo qui n’est plus depuis belle lurette celui fondé par Servan-Schreiber en 1953 (l’époque des guerres d’Indochine, d’Algérie, et des répressions sauvages, à Madagascar comme ailleurs).
Et pour se faire l’avocat des agresseurs, notre plumitif nous ressort l’argument éculé qui oppose le militaire, « qui tire sur tout ce qui bouge parce que cela peut-être un ennemi », au terroriste, « qui vise aussi ce qui ne bouge pas, parce que même un civil endormi est un ennemi. Mieux: une cible ».
Rappelons que la catégorie du « terroriste », c’est sous tous les cieux le vaincu du moment. Les résistants français étaient qualifiés de terroristes dans la presse de la collaboration. Les bombardements alliés sur Caen, dès avant 1944, y étaient dénoncés comme terroristes. Les gens de l’Irgoun étaient des terroristes, et exécutés comme tels, dans la Palestine sous mandat britannique...
Bush l’a dit en 2003...
Mais L’Express et certains de ses collaborateurs n’ont que faire de telles références. Ils prennent les leurs outre-Atlantique et en Israël, dans les listes d’organisations terroristes dressées par G.W. Bush et les siens (en attendant celles de Michèle Alliot-Marie ?).
En témoigne l’article de la page 56 (« France: des fonds pour le Hamas ? »), dans lequel le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) est désigné comme « un financier occulte du Hamas »... parce que Bush l’a dit en 2003.
Les auteurs de l’article notent pourtant que ces soupçons « n’ont jamais été confirmés », et que, d’autre part, « le Hamas n’est pas considéré comme une menace directe pour la France (...) Sa lutte est d’abord nationale ». Ce qui, soit dit incidemment, infirme les dires du chef Christophe BARBIER, selon lequel Israël massacrerait aussi pour notre tranquillité... Et si la lutte du Hamas « est d’abord nationale », il n’est pas plus terroriste que ne l’étaient ailleurs, en leur temps, d’autres mouvements de libération.
Ajoutons que, dans le même numéro de L’Express, un autre article (« Hamas l’ennemi familier d’Israël », pages 52 à 54) reprend les informations connues depuis longtemps sur la manière dont Israël a pratiquement « fabriqué » le Hamas, pour saper l’autorité de l’OLP et celle d’Arafat (et pour faire échouer toute négociation), comme les USA ont pratiquement « fabriqué » les Talibans et Ben Laden... Israël récolte donc ce qu’ont semé ses politiciens et ses généraux. Mais revenons à notre éditorial, et aux sophismes de son auteur...
Renoncer à dire le droit ?
Le cuistre qui fait fonction de directeur de la rédaction à L’Express, et ne quitte sans doute jamais son bureau que pour une quelconque conférence de presse ministérielle, sait par contre être sentencieux, ce qui ne veut pas dire profond. Un exemple ?
« Il faut renoncer à dire le droit en un tel affrontement si l’on n’est pas certain de s’abstraire de toute passion sans céder au cynisme ».
Ne craignez pas de vous y noyer, cette phrase est creuse certes, mais seule sa malhonnêteté est profonde, de la part de quelqu’un qui se prétend journaliste.
A-t-on renoncé à dire le droit s’agissant des crimes commis en ex-Yougoslavie par des terroristes en uniforme ? A-t-on renoncé à dire le droit s’agissant des crimes de Saddam Hussein ? Existe-t-il oui ou non un Tribunal Pénal International ? Inutile de rappeler dans quelles circonstances ont été élaborées les notions de crime de guerre et de crime contre l’humanité...
Alors faudrait-il renoncer à dire le droit parce que les victimes civiles de l’agression n’appartiennent pas au camp des vainqueurs, mais à un peuple depuis 60 ans condamné à tout subir (la déportation, l’expropriation, l’occupation militaire, l’enfermement, le blocus et les représailles) ?
Autre chose est encore la confondante prétention dont témoignent les deux lignes de ce propos. Son auteur s’y fait juge, évidemment capable quant à lui de « s’abstraire de toute passion ». Et oracle (voir la solution politique à la fin de son texte), « sans céder au cynisme » paraît-il.
Rien n’est moins sûr, car le prétendu juge est évidemment partisan (et comme tel égaré par la passion), le seul titre de son papier en témoigne. Et d’un cynisme achevé, en proposant comme « solution » l’enkystement dans la haine mutuelle: « Deux Etats en coexistence armée, séparés par des murs s’il le faut... ».
L’esprit de finesse d’un christophore banal...
Toute autre analyse de la situation est déclarée sans valeur, superficielle et schématique: « les opinions de surface tonitruent, le manichéisme plastronne ». Seul notre Barbier dispose de « l’esprit de finesse » nécessaire pour extirper la vérité de la « boue des mensonges et de la propagande ». Le ton est ainsi méprisant à souhait, voire poliment haineux envers les « poltrons » qui estimeraient légitime la résistance du peuple de Gaza, aujourd’hui sous contrôle du Hamas, ou de mouvements « plus intégristes encore » en cas d’écrasement de celui-ci.
Au nom de l’Occident...
« Il n’y a pas de terrorisme légitime », il ne faut pas traiter avec le Hamas mais l’affronter (avec courage, évidemment, comme nous le chante le Barbier, fulminant du stylo). Car voilà enfin le cri du coeur, le présupposé idéologique de base:
« Au grand jeu de la reculade et du marchandage, l’Occident a perdu trop gros. En matière d’islamisme, si elles acceptent le choléra pour éviter la peste, les démocraties mourront du choléra, tout simplement ».
L’équation, assez grossière, est posée (qui ne doit rien, décidément, ni à l’esprit de finesse ni à l’esprit de géométrie): l’Occident est en guerre contre le terrorisme, terme interchangeable avec celui d’islamisme (ou d’intégrisme, qui ne peut être que musulman, comme chacun sait).
On connaît l’origine de cette forte pensée, grosse de toute les dérives sécuritaires, de Guantanamo aux épiceries sociales de Corrèze. On sait aussi que pour quelques tordus l’Occident est fondamentalement chrétien (les communautés juives en savent quelque chose, de la Reconquista aux camps hitlériens). On se souvient enfin que le nom d’Occident fut celui d’un mouvement d’extrême-droite des années 70, violent, raciste et pour tout dire terroriste (un certain nombre de ses membres ont fait ensuite carrière dans les partis de droite aujourd’hui rassemblés sous la bannière de Sarközy).
Christophe BARBIER prêche la croisade...
L’Occident est donc en guerre et Christophe BARBIER prêche courageusement la croisade, le cul confortablement calé dans son fauteuil directorial. Courageux, mais pas téméraire, il délègue volontiers à Tsahal le soin de faire « le sale travail », c’est à dire d’éradiquer le Hamas.
Ce que, à l’en croire, tout le monde attend comme lui, pays arabes, Fatah, et grandes puissances (« le choeur des hypocrites » qui ne veulent pas reconnaître qu’« Israël agit pour nous »). Sur ce point, il se pourrait qu’il ait raison. Car il semble doué d’une indéniable aptitude à comprendre les lâches et les gens dépourvus de principes qui sont assurément légion dans les classes dirigeantes de pas mal de pays.
Mais s’il se peut que beaucoup de monde souhaite aujourd’hui l’écrasement du Hamas sous les ruines de Gaza et des monceaux de cadavres (pour beaucoup ceux d’innocents, auxquels toute fuite a été interdite, comme à Srebrenica...), il se peut aussi qu’un tel massacre et un tel chaos fasse le lit d’autres massacres, et d’un désordre autrement dangereux pour la stabilité de cette région, et du monde.
Les gens de l’envergure de M. Christophe BARBIER, adeptes de propos de comptoir dignes du Café du Commerce du regretté Marcel Dassault, feraient bien de méditer les paroles de la petite chanson de Boris Vian (Marchand de canons):
« J’étais marchand de canons, dans les rues de la terre, mais mon commerce a trop marché. J’ai fait faire des affaires à tous les fabricants d’cimetières, et maintenant je me retrouve à pieds... ».
Christophe BARBIER met fin à 60 ans de conflit...
Après 60 ans de conflit israélo-palestinien, un nombre certain d’épisodes guerriers, beaucoup de crimes et d’injustices difficilement pardonnables, Christophe BARBIER daigne enfin nous donner la solution du problème, que d’autres, moins experts sans doute, n’ont pas pu ou pas voulu résoudre...
C’est simple et même élégant de simplicité, comme disent les mathématiciens qui n’ont pas les intuitions fulgurantes de notre plumitif. Et pas cynique pour un sou:
« Deux Etats en coexistence armée, séparés par des murs s’il le faut (...) Vivre ensemble est impossible, vivre côte à côte suffira. Voisins sans être amis. Israël et Palestine auront alors la nuit des temps pour se confronter sans s’affronter. Parce qu’il est question de religion, la réconciliation n’adviendra jamais: Dieu ne se prête pas aux traités de paix... ».
Seulement voilà, la solution proposée par Christophe BARBIER est celle qui convient à son étroite cervelle. Emporté par son propre lyrisme, et dans l’enthousiasme de sa pauvre trouvaille, il en oublie la Cisjordanie et sa peau de léopard, les communautés chrétiennes de Palestine, et pas mal d’autres choses encore...
Lui ne voit que Gaza, ne veut croire qu’au diable vert de l’Islam, ne voit d’autre solution que les murs qui enferment et le fracas des armes (qui se moquent bien des murs). Il postule même des « économies viables » de part et d’autre des murs qu’il veut construire ! A Gaza, sur 360 km² de décombres, sans autre communication que maritime avec le monde extérieur ? Si toutefois Israël veut bien relâcher son étreinte de ce côté...
Christophe BARBIER ignore-t-il que les murs ne servent à rien, de la Muraille de Chine au limes de l’empire romain, et qu’ils finissent toujours par tomber, comme le mur de Berlin et le rideau de fer en 1989 ?
Car les peuples ne subissent qu’un temps les idéologies imbéciles et criminelles, comme celle à laquelle Christophe BARBIER semble adhérer. Il est à craindre qu’il ne soit, quant à lui, incurable.
C’EST BIENTOT FINI...
L’Express, du temps où c’était un journal fréquentable
Le premier numéro de L’Express paraît le 16 mai 1953. Autour de Françoise Giroud et de Pierre Vianson-Ponté, sa rédaction accueillera un peu plus tard François Mauriac, Alfred Sauvy et Maurice Merleau-Ponty. Les capitaux nécessaires ont été apportés par la famille Servan-Schreiber. L’Express première formule se veut un organe d’opinion ouvert à la gauche humaniste qu’incarne à l’époque Pierre Mendès France, et prend très rapidement des positions hostiles à la politique française en Algérie, dénonçant, après 1954, la répression et la torture. En 1958, il s’oppose à l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle...
De Sauvy et Merleau-Ponty à Christophe BARBIER, quelle dégringolade...
L’Express d’aujourd’hui pue la mort,
mais on peut lire autre chose...
Pour s’informer sur les massacres de Gaza, sur les forces à l’oeuvre en Israël, et les conditions nécessaires à l’établissement d’une coexistence vraiment pacifique entre les peuples palestinien et israélien, on n’est pas obligé de lire L’Express et les pénibles élucubrations parisiennes de son rédac-chef (réac conviendrait mieux).
On peut au contraire consulter les articles d’un témoin, inlassable militant pour la paix, qui, d’origine allemande, émigra en Israël avec sa famille (il avait 10 ans en 1933, époque où en France aussi de courageux journalistes dénonçaient à tour de bras le « complot juif »). Il a été combattant de la cause d’Israël contre les Anglais, s’est battu avec Tsahal en 1948, mais a constamment dénoncé les crimes et les injustices, et ce dès les années 50. Cela lui a valu des passages à tabac et des attentats à la bombe, de la part des plus extrémistes de ses compatriotes. Journaliste et même un moment député à la Knesset, il n’a pourtant jamais cessé de se battre pour le dialogue avec les Palestiniens, et notamment avec Arafat. Il s’appelle Uri Avnery.
Pour en savoir un peu plus :
http://escalbibli.blogspot.com/2009/01/quelques-images-du...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Uri_Avnery
« Combien de divisions ? » un article publié le dimanche 11 janvier 2009 (grand choix d’autres articles d’Uri Avnery à la suite)
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2484
00:16 Écrit par Bruno | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christophe barbier, l’express, gaza, une guerre juste, juste une guerre, uri avneri