dimanche, 04 janvier 2009
C’est tous les jours le temps des assassins...
Dessin piqué sur la pochette d’un vieux vinyl (Franz Josef Degenhardt)
Les loups sont entrés dans Gaza
2009, voilà une année qui promet.
Les derniers jours de 2008 nous ont réservé la surprise d’un bon vieux massacre en Palestine. Pas la malheureuse victime d’un tir de roquette artisanale, ni même un attentat suicide un peu conséquent. Non un vrai massacre, de 300 ou 400 morts pour commencer (pour un bon quart de femmes et d’enfants), perpétré par bombardements d’une armée régulière (de conscription, pas de métier) sur une zone hermétiquement fermée et très densément peuplée, pour l’essentiel de civils bien entendu. On vit vraiment une époque formidable...
Premiers jours de 2009, voilà maintenant que les glorieux soldats de Tsahal, suréquipés, appuyés par des blindés et des hélicoptères de combat, sont entrés dans Gaza. Pas pour une chasse aux papillons. Pour casser du bougnoul, ce voisin maltraité et méprisé qu’à d’autres moments on a fait travailler pour un salaire de misère, et dans quelles conditions ! L’Afrique du Sud du temps de l’apartheid n’avait pas le monopole des bantoustans et des ghettos...
La bande de Gaza, 360 Km², est une sorte de rectangle de 9 à 10 km de large s’étirant sur une quarantaine de kilomètres le long de la Méditerranée (11 km de frontière terrestre avec l’Egypte, 51 km avec Israël). De 254.000 habitants en 1950, la population est passée aujourd’hui à 1.400.000 environ, soit près de 4.000 habitants au km². La natalité n’explique évidemment pas à elle seule cette explosion démographique. Les réfugiés de 1948, ceux de 1967, auxquels on a tout pris des décennies plus tôt, leurs maisons et leurs terres, peuplent les camps...
A titre de comparaison, notre bonne ville de Caen affiche, sur un territoire communal de 25,70 km², une densité de 4.407 habitants au km². La bande de Gaza c’est donc seulement un territoire 14 fois plus grand que la ville de Caen, et 14 fois plus peuplé. Ou encore toute la population des trois départements bas-normands (Calvados 664.000, Manche 489.500 et Orne 292.337) entassés sur une étroite bande côtière allant de Ouistreham à Vierville sur Mer... Lorsque notre ville est devenue un objectif militaire, lors du Débarquement, la puissance occupante, pourtant brutale, a ordonné l’évacuation de la population...
Mais à Gaza, c’est l’armée israélienne qui, après 38 ans d’occupation (de 1967 à septembre 2005), non seulement assure l’enfermement de cette population dans ce qu’il faut bien considérer comme une vaste prison, mais lui fait aussi subir, depuis bientôt un an (depuis le 17 janvier 2008), un blocus criminel. On en trouve sans difficulté la relation détaillée un peu partout (organisation de la famine, manque d’eau, de médicaments, coupure quasi permanente de l’électricité, etc.). Il y a pourtant des ministres israéliens pour affirmer qu’il n’y a pas de problème humanitaire à Gaza, et des crétins, en fin de mandat présidentiel, pour faire des « terroristes » les responsables de la situation, quand on a couramment à Gaza un dollar ou deux par jour, au mieux, pour faire vivre sa famille...
Les résistants sont des terroristes qui ont réussi. Les nôtres non plus n’ont pas attendu 60 ans pour prendre les armes. Je n’ai pourtant jamais entendu dire que les allemands démolissaient systématiquement au bulldozer la maison de la famille dont ils qualifiaient un des membres de « terroriste »...
M. Bush et ses amis israéliens (ou autres) sont-ils donc assez obtus pour ignorer que toute répression fait se lever de nouveaux combattants, plus radicaux que les précédents ? Les massacres de Sétif, de Constantine et autres batailles d’Alger, les humiliations, les tortures, les déportations de populations n’ont jamais fait qu’aviver la haine et la volonté d’en finir avec l’oppression coloniale...
Ceux qui ont assassiné Begin n’étaient pas des « terroristes » du Hamas. C’étaient des partisans du Grand Israël, de l’expulsion des Palestiniens, de la purification ethnique par l’installation de nouvelles colonies, de la construction du mur de la honte... Le plus sûr ennemi d’Israël est bien en Israël, comme les plus sûrs ennemis de la cause des pieds-noirs étaient, en Algérie, les jusqu’au boutistes de l’Algérie française, et pour finir les terroristes de l’OAS...
Parmi eux pas mal de membres de ce qu’on a coutume de qualifier d’élites politiques, des généraux et autres officiers supérieurs, et ce qu’il faut de bailleurs de fonds pour financer le crime et la peur. Bien intoxiquées par des médias aux ordres, les masses gobent, dans ces circonstances, ce qu’on leur chante...
Quand le soldat israélien comprendra-t-il donc qu’il existe, pour la préservation de son honneur, un meilleur usage à faire de ses armes ?
En attendant, je ne crois pas possible de vous souhaiter une bonne année...
16:17 Écrit par Bruno | Lien permanent | Commentaires (0)