dimanche, 16 juin 2013
Nacarat ou des « Jardins de Nacre » sur le bitume d’un parking
Usage privé des lieux communs
Une semaine après sa publication, mon billet du 7 juin n’a pas eu encore les modestes effets que j’en attendais (l’enlèvement du cabanon publicitaire indûment posé sur les espaces verts municipaux, qui, soit dit en passant, maintenant servent aussi de parking aux véhicules des commerciaux de la société NACARAT…).
Mais les choses ont quand même avancé, puisque le permis de construire de la résidence « Les jardins de Nacre » (daté du 14 mai) est depuis ce même 7 juin correctement affiché, c'est-à-dire visible de la voie publique, à côté du permis de démolir l’ancienne école maternelle annexe de l’IUFM, daté quant à lui du 29 mai 2013.
D’éventuels opposants à ces projets ont donc maintenant près de 2 mois encore pour saisir le Tribunal Administratif, ou préalablement solliciter de Philippe LE BETHON le retrait de ces arrêtés.
Et ce n’est pas non plus à mes écrits que j’attribuerai l’apparition sur le site internet nacarat.com, muet jusque là, de la littérature commerciale habituelle, à grand renfort de formules convenues (« écrin de bien-être », « havre de quiétude », etc.). Calme, luxe et volupté, disait le poète.
(cliquer pour agrandir)
Un cœur d’îlot verdoyant,
de 3 hectares… sur 6473 m² !
Je ne résiste pas plus longtemps à l’envie de vous faire partager ce grand moment de lyrisme :
« Intimiste, à taille humaine, la résidence « Les jardins de Nacre » est un véritable écrin de bien-être. Généreusement arboré, le site dédie plus de 3 hectares à la nature au sein d’un jardin où les plantations côtoient diverses essences d’arbres. Les façades aux lignes raffinées intègrent harmonieusement les balcons, dont certains donnent directement sur le cœur d’îlot. Un vrai havre de quiétude ! »
« Idéalement située à 10 minutes du centre historique de Caen, la résidence « les Jardins de Nacre » charme par son cadre résidentiel, proche des commerces, des services et bien desservie par deux lignes de tramway. Elle vous propose 59 beaux appartements du studio au 4 pièces, et 4 maisons. La plupart des logements sont ouverts sur un cœur d’îlot verdoyant, soigneusement aménagé. Optez donc pour une qualité de vie très recherchée au cœur d’une ville animée. »
http://www.nacarat.com/mon-projet-logement/immobilier-neuf-investissement/batiment-basse-consommation/500-les-jardins-de-nacre.html
Abstenons nous de jeter la pierre à l’auteur de ces quelques lignes, qui entre autres nous gratifie de 3 hectares de nature quand le terrain d’assiette des constructions projetées n’est que de 6473 m² (cf. le permis de construire). A l’ombre du réservoir de la Girafe dès les 5 heures de l’après-midi (heure d’été), en ce médiocre mois de juin (voir la photo de l’actuel parking de l’IUFM).
La muse n’aura peut-être pas été avare de quelque substance euphorisante; le dithyrambe n’est-il pas à l’origine un chant bacchique ?
Un cœur d’îlot verdoyant, et bien ombragé...
Frilosité extrême de la part des clients et des investisseurs
Raffinement, harmonie: l’argumentaire de vente ne recule devant rien, proximité des commerces (lesquels, au Calvaire St Pierre, à la Pierre-Heuzé ou à Lébisey ?), desserte par deux lignes de tram (un TVR bringuebalant et exténué pour aller en ville en 15 bonnes minutes, quand il n'est pas en panne comme il l'est tous les quatre matins, et destiné à la ferraille après seulement 15 années de mauvais services).
Pourquoi ces efforts désespérés, à la limite de la mauvaise foi, pour nous vendre à tout prix ces 4000 m² de plancher ?
La réponse est sans doute dans les lignes qui suivent, parues dans le gratuit Tendance Ouest, édition de Rouen :
« La crise oblige aussi les grands promoteurs immobiliers à mettre le pied sur le frein. Pour autant, ils sont loin d’avoir déserté le terrain. Seulement, ils revoient leur stratégie. C'est le cas de Nacarat, connu notamment à Rouen pour avoir porté le projet Monet-Cathédrale. "On évitera à tout prix d'aller dans des communes ou des zones pas porteuses", explique Patricia Mieusement, directrice du groupe en Normandie (…)
« Ventes en chute libre : le promoteur, qui étudie deux nouvelles pistes à Rouen, se heurte toutefois à une frilosité extrême de la part des clients et des investisseurs. "Alors que l'on vendait trois logements par semaine l'an passé, on tourne plutôt aujourd'hui à deux par mois"... Mais les grands programmes neufs attirent toujours, grâce à deux atouts de poids: le stationnement et des charges moins élevées. »
http://www.tendanceouest.com/rouen/actualite-53036-les-grands-projets-immobiliers-adaptent-a-la-crise.html
Evidemment, si le stationnement est un atout de poids, on comprend que NACARAT ait choisi Caen, et un terrain particulièrement prometteur puisqu’il s’agit d’un parking…
Un bout de papier décidément difficile à obtenir
On comprend également que la société NACARAT et ses commerciaux trouvent le terrain de leurs exploits futurs assez peu engageant dans son état actuel, et leur préférence pour un bout d’espace vert municipal, où vendre au soleil leur « cœur d’îlot verdoyant ».
On comprend moins la complaisance de nos élus à leur concéder, pour de longs mois sans doute (63 logements à raison de deux ventes par mois, cela fait entre deux et trois ans) la jouissance privée (et grossièrement publicitaire) d’un espace à l’usage de tous les caennais, sans même accéder, au mépris des lois en vigueur, à ma demande de communication d’une copie de la décision de mise à disposition du terrain (bien entendu non affichée sur les lieux)…
Pour les Philippe DURON, Xavier LE COUTOUR, et consorts, la démocratie et le respect des lois sont sans doute à mettre au rang des promesses électorales.
(à suivre)
18:54 Écrit par Bruno dans Urbanisme et logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe duron, résidence « les jardins de nacre », nacarat caen, groupe rabot dutilleul, patricia mieusement, xavier le coutour, rue de la délivrande, parking de l’iufm, réservoir de la girafe, caisse d’epargne, cabinet d’architectes ataub, autorisation d’occupation provisoire du domaine public