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jeudi, 05 août 2010

Parents de mineurs délinquants: les petits Poutine de l’UMP font de la surenchère…


« Vedendo cio Bulfalmacco, disse a Bruno: Noi che faremo ? Chè non ce ne andiam noi ? A cui Bruno  rispose: Andianne; ma io giuro a Dio che mai Calandrino non me ne farà più niuna; e se io gli fossi presso, come stato sono tutta mattina, io gli darei tale di questo ciotto nelle calcagna, che egli si ricorderebbe forse un mese di questa beffa… »
« Que faisons-nous ici ? demanda Bulfalmacco à Bruno. Pourquoi ne pas nous en retourner nous aussi ? – Allons-y, répondit Bruno; mais je jure devant Dieu que jamais Calandrino ne me fera plus marcher; et si nous étions encore ensemble, comme nous l’avons été toute la matinée, je lui lancerais cette pierre dans les talons, de telle façon qu’il en garderait plus d’un mois le cuisant souvenir… »

Giovanni Boccaccio, Décaméron, Huitième journée, III

 

Sarko photo AFP.jpg


Jusque dans les chiottes…

On se souvient des fortes paroles de Vladimir Poutine à propos des Tchétchènes : « On va les buter jusque dans les chiottes » (Astana, Kazakhstan, le 24 septembre 1999). Du même, cette déclaration de 2007 : « Suis-je un pur démocrate ? Bien sûr, je suis un pur et absolu démocrate (...) La tragédie, c'est que je suis le seul pur démocrate au monde. Voyez ce qui se passe en Amérique du Nord — C'est l'horreur : des tortures, des sans-abri, Guantanamo, la détention sans procès et sans enquête (...) Voyez ce qui se passe en Europe : les violences contre les manifestants, l'utilisation de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène dans une capitale, le meurtre de manifestants dans une autre… ». On y croit…
Et bien, il se trouve que des chiottes et des démocrates de cet acabit, il n’y en a pas que sur le territoire de la sainte Russie, et parmi les anciens fonctionnaires du KGB. Ici comme ailleurs, le discours sécuritaire a toute sa place dans le livre de recettes des larbins du patron, quand il apparaît que les discours creux dont il nous abreuve ne cachent plus le vide insondable de ses prétendues réalisations (et les pratiques plus que contestables de ses copains).
Voilà donc qu’un certain Éric CIOTTI, dont on ignorait tout jusqu’à ce jour (l’important n’est-il pas d’avoir une vue d’ensemble, sans trop s’encombrer de détails ?), tient à faire savoir qu’il existe, en donnant une interview au Journal du Dimanche (dimanche dernier, après la messe…).
C’est vrai qu’il n’y a guère que deux ou trois ans qu’il joue dans ce qu’il croit être la cour des grands.


L’enfance d’un sous-chef

Né le 28 septembre 1965 à Nice, Éric CIOTTI n’est en effet député des Alpes-Maritimes que depuis juin 2007, et président du conseil général de ce département que depuis décembre 2008 (à la faveur de quelques savantes manœuvres électorales). Il est enfin secrétaire national de l’UMP pour les questions de sécurité. C’est dire la touche personnelle qu’il est autorisé à mettre dans les sujets dont il traite. Car de 1988 (fin de ses brèves études) à 2007, il a toujours vécu dans l’ombre de ses parrains ESTROSI et GAUDIN, n’a jamais rien fait d’autre que de les servir, et ne sait apparemment rien faire d’autre (il pourra toujours devenir avocat, s’il n’est pas réélu). Un sarkozyste pur jus…

http://www.eric-ciotti.com/mon-parcours/

 

La soudaine importance d’un petit caporal

Mais voyons sans tarder à quelle géniale innovation M. Éric CIOTTI doit de passer sous les feux de la rampe. Cela tient en 3 lignes :
« Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende, le fait par le père ou la mère de laisser son enfant mineur, lorsque celui-ci a été poursuivi ou condamné pour une infraction, violer les interdictions et les obligations auxquelles il est soumis ».
On entre au Panthéon pour moins que ça. Ne décerne-t-on pas la Légion d’Honneur aux gestionnaires de (très gros) patrimoines ? On fait même pire, dirait Woerth.
Un texte d’une pareille importance mérite un commentaire. Son auteur nous le fournit, en prime : « Le message que devra adresser cette loi, si elle est votée, c'est de réaffirmer au sein de l'édifice familial cette responsabilité dont les bases ont été sapées depuis mai 1968, quand on a commencé à pilonner les notions d'autorité, de discipline, de respect de la règle et, plus globalement, de respect de la loi ».


Apprentissage de la propreté en Mai 68…

Mai 1968 ! Eric n’avait pas trois ans, mais il en garde un souvenir terrible. Parmi les châtiments qui le faisaient frémir, quand il ne respectait pas les règles (refusait de manger sa soupe, pissait au lit, proférait des gros mots, etc.), les plus terribles n’étaient pas d’aller au coin ou de prendre une bonne fessée (saintes vertus de la fessée, trop décriées de nos jours !). Non, ce qui le faisait immédiatement revenir dans le rang des gens disciplinés et respectueux de l’autorité (des rangs qu’il n’a plus quittés depuis), c’est la menace d’être livré tout cru aux croquemitaines gauchistes, grands mangeurs d’enfants sages, comme le terrible Dany le Rouge (celui-là, Eric n’en a plus peur aujourd’hui…).


Sagesse toute relative d’un ancien étudiant en droit

Vous aurez sans doute noté qu’Eric n’est pas trop sûr que son texte soit adopté. Et s’il ne l’est pas, que deviendra son message, dans quelle chienlit sombrera à nouveau l'édifice familial ? Mais notre homme a quand même fait son droit (surtout pas philo ou socio cependant, imaginez l’effet qu’aurait pu avoir sur lui le doute cartésien), et il sait que « Nul n’est responsable du fait d’autrui, c’est un principe du droit ». Ce « détail » pourrait donc conduire l’opération à l’échec. Mais il sait aussi que cela n’a aucune importance (ce texte, comme beaucoup des précédents textes sécuritaires que le pouvoir sarkozyste a produits en à peine plus de trois ans, n’a pas vocation à s’appliquer), et il sait d’abord ce qu’on attend de lui: occuper un instant les médias, quitte à se voir décerner un nouveau Prix Busiris…

 

Eric Ciotti Prix Busiris 2007

C’est par un billet du vendredi 21 septembre 2007 qu’Eric CIOTTI se voit décerner le Prix Busiris par Maître Eolas, auteur d'un blog juridique de très haute tenue, et jouissant par ailleurs d’une grande notoriété. Ce prix parodique récompense, selon les critères de son créateur, des personnes qui ont publiquement proféré « une affirmation juridiquement aberrante, si possible contradictoire, teintée de mauvaise foi et mue par l'opportunité politique plus que par le respect du droit ». En l'occurrence, le 19 septembre 2007, au cours de l'examen du projet de loi "relatif à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile" (devenu la loi n°2007-1631 du 20 novembre 2007), Éric CIOTTI avait notamment soutenu à l'Assemblée Nationale que diviser par deux le délai de recours contre un refus d'asile contribue à réaffirmer la vocation universelle de la France à faire de son sol un lieu d'accueil pour ceux qui sont martyrisés. Et Maître Eolas d’ajouter : « L'opportunité politique est enfin démontrée par le petit coup de langue sur "le ministre de l'intérieur de l'époque" qui a fait du si bon travail, ha, comme il nous manque, quelqu'un sait où il est passé ? »

http://www.maitre-eolas.fr/post/2007/09/21/731-prix-busir...

 

Surenchère populiste tous azimuts…

Ah ! de quels brillants juristes on sait s’entourer au Château (ne parlons même pas d’Eric BESSON et de Brice HORTEFEUX, et de cette autre loi d’exception qu’ils mijotent de leur côté, aussi vaine et juridiquement mort-née que celle de M. Éric CIOTTI) !
Evidemment, « Jusqu'à présent, ce discours était l'apanage de l'extrême droite » (Jean-Jacques URVOAS), la menace de déchéance de la nationalité française « est en contradiction la plus absolue avec le principe d'égalité entre les Français » (Benoit HAMON, porte-parole du PS), « Seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise en cause de la nationalité comme politique d'ensemble. La déchéance de la nationalité française est une mesure inefficace, stupide et anti-républicaine » (Jean-Luc MELENCHON sur son blog). Pour Corinne LEPAGE, présidente de Cap21 et députée européenne, « le chef de l'Etat ne respecte pas la Constitution en parlant de deux types de Français »
Evidemment…

A force de prendre à Le Pen ce qui appartient à Le Pen, il ne restera bientôt plus aux chefs de meute de l’UMP qu’à apprendre le hongrois, pour leur permettre de jouer aux croix fléchées.