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samedi, 22 février 2020

Caen 2014-2020, le cinéma des municipales et la place de la République...

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On rase gratis, saison 2

Demandez le programme 2014 !

Pour « Réussir Caen » au printemps 2014, il fallait selon Joël BRUNEAU « Créer une halle de produits frais et de spécialités normandes, place de la République » (pas besoin pour cela de 19300 m² de surface de vente, ni de détruire une cinquantaine de tilleuls qui y prospèrent depuis plus de soixante ans !)... Il fallait aussi régler la question de la friche du cinéma Pathé sur le boulevard Leclerc (friche toujours présente 6 ans plus tard), par « la reconstruction d'une galerie commerciale d'hyper-centre » à cet endroit (lui aussi tout désigné pour accueillir aussi une -ou plusieurs?- salle-s de cinéma d'art et essai, puisque le cinéma fut sa destination pendant une soixantaine d'année)... Il fallait encore « un centre de congrès digne d'une capitale régionale, placé dans un endroit stratégique », comme dans « l'ancien Palais de Justice place Fontette (…) le reste de l'espace étant partagé entre logements, hôtel et commerces » (un terrain de jeux promis à Investir Immobilier Normandie et Frédéric ALVES, aux sociétés luxembourgeoises d'un certain Bruno BRUCHON -comme Luminare Invest Management-, et pourquoi pas aux chinois du Louvre Hotels Group)... Il fallait enfin « un nouveau parking souterrain sous les Fossés Saint Julien »...

 

Comment la souris accoucha d'une montagne

Je n'invente rien, le programme ci-dessus résumé figure dans un document électoral du candidat BRUNEAU daté de 2014 (voir ci-dessous), que Me Michel AARON, avocat de la Ville de Caen, communiqua au Tribunal administratif de Caen le 15 juillet 2019.

Réussir Caen, Continuons Caen ensemble, Joël BRUNEAU, place de la République, Investir Immobilier Normandie, Frédéric ALVES, Bruno BRUCHON, Luminare Invest Management, Louvre Hotels Group, SCI Leclerc-Caen, groupe immobilier Bennaroch-Oussadon, Laurent CHEMLA (Le Printemps), Malek REZGUI (Sedelka), Nicolas GOSSELIN, AEP Cinéma Lux

(cliquer sur l'image pour agrandir)

On n'aura pas besoin de moi pour noter l'état d'avancement de ces promesses (qui n'engagent surtout que les finances municipales, ceux qui y ont cru restant libres de persévérer dans leur foi, aveugle comme de coutume en semblable matière).

Mais s'il ne fut plus jamais question, de 2014 à 2020, de défoncer les Fossés Saint Julien pour y enterrer des bagnoles, ni d'imposer la construction d'une galerie commerciale à l'emplacement de l'ancien cinéma Pathé (là, c'est la SCI Leclerc-Caen du groupe immobilier strasbourgeois Bennaroch-Oussadon qui mène la danse... pas le maire de Caen), c'est au site de l'ancien parking aux tilleuls de la place de la République qu'échut le recyclage des promesses non tenues parce que non tenables, à la satisfaction de M. Laurent CHEMLA (Le Printemps) et de M. Malek REZGUI (Sedelka), peut-être bien pressentis dès avant tout ce cirque pour poser leur béton sur ce beau morceau de propriété publique.

C'est ainsi que la « halle de produits frais et de spécialités normandes » se métamorphosa (se décupla!) dès 2016 en un fort classique centre commercial de 19300 m² de surface au dessus d'un parking souterrain en zone potentiellement inondable... Et pour la réalisation de ce projet intégralement privé, les conseillers de la majorité municipale de M. BRUNEAU consentirent comme un seul homme, le 25 juin 2018, à vendre aux susnommés un demi-hectare de place publique dans l'hypercentre, pour la modique somme de 5,5 millions d'euros, le tout assaisonné de diverses gâteries d'importance non négligeable...

 

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L'apparition des frères Lumière

au maire de Caen

A l'approche des élections municipales de 2020, frère BRUNEAU reprit son bâton de pèlerin, et après avoir converti à ses vues les adeptes du gourou Nicolas GOSSELIN, chef spirituel des macroniens du Calvados au siège de Mondeville, il en accueillit un lot de 10 pour figurer au nombre de ses 55 disciples.

C'est alors que les frères Lumière lui apparurent, et lui ordonnèrent de créer, dans le centre commercial privé de ses amis CHEMLA et REZGUI, « un cinéma Art et Essai en centre-ville, place de la République, avec le Lux » (l'évangile selon Liberté) ou encore « une salle de cinéma, que nous confierons à une association d’arts et essais, pour ne pas la nommer, le Lux » (l'évangile selon Ouest-France). C'est du moins ce qu'il annonça à ses fidèles lors de son meeting de campagne du 23 janvier dernier.

 

C'est pas du Lux... ni du Sedelka ?

Soucieux de savoir si c'était du lard ou du cochon (variante à saveur locale du bon grain et de l'ivraie) j'interrogeai sans tarder le Lux, en adressant dès le 27 le message reproduit ci-après à MM. Serge DAVID (Président du Conseil d'Administration de l'AEP Cinéma Lux), Didier ANNE, Gautier LABRUSSE et Romuald PORETTI... Et en laissant à d'autres le soin d'interroger les promoteurs du centre commercial, dont on ne peut douter qu'ils puissent être intéressés par le bricolage de leur projet (privé) tel qu'envisagé par un maire candidat à sa réélection, qu'ils y soient favorables ou non. Voilà donc le texte de mon courriel aux patrons du Lux :

« Vivement intéressé depuis plus de trois ans au devenir d'une partie de notre place de la République que M. Joël Bruneau a, par délibération du 25 juin 2018, décidé de vendre aux sociétés de MM. Malek Rezgui et Laurent Chemla, hommes d'affaires caennais, j'ai été très étonné d'apprendre par la presse locale que l'actuel maire de Caen, candidat à sa réélection, avait annoncé lors de son meeting de campagne du 23 janvier dernier la création, dans ce centre commercial privé, d' « un cinéma Art et Essai en centre-ville, place de la République, avec le Lux » (Liberté) ou encore d' « une salle de cinéma, que nous confierons à une association d’arts et essais, pour ne pas la nommer, le Lux » (Ouest-France). »

« Cette annonce, peu conforme au projet de juin 2016 des acquéreurs du terrain, comme au dispositif de la délibération du conseil municipal du 25 juin 2018, et à celui du Cahier des charges notarié annexé à celle-ci, m'a paru au moins fort prématurée, et peut-être aussi peu crédible, faute de toute déclaration à ce propos des principaux intéressés, les promoteurs du centre commercial d'une part, et les instances dirigeantes de l'AEP Cinéma Lux de l'autre. »

« Je vous serais donc reconnaissant de me faire savoir si cette annonce est autre chose qu'une promesse électorale, si le Conseil d'administration ou l'Assemblée générale de l'AEP Cinéma Lux ont pris position sur cette question, et, si oui, dans quelle partie des constructions envisagées et sur quelle surface de plancher serai(en)t réalisée(s) la (ou les) salle(s), sachant que leur réalisation en sous-sol ne serait possible que par dérogation exceptionnelle aux règles du plan de prévention des risques d'inondation (zone d'aléa faible à moyen). »

Bien cordialement, Bruno HERGAS.

 

Le projectionniste n'était pas...

au courant de la programmation

Dès le 30, j'avais ma réponse, longue et circonstanciée (voir en intégralité ci-après, la mise en relief de divers passages étant de mon fait). En gros, le Lux est aussi une entreprise qui doit tirer son épingle du jeu dans un environnement concurrentiel (paragraphes 1 et 2). Le Lux est donc « en quête d’un projet de développement (…) a sollicité la collectivité pour qu’elle l’accompagne dans la recherche d’un emplacement en ville afin d’y développer ses activités (…) Mais, toutes les pistes suivies ont conduit à une impasse » (paragraphe 3). « Une étude de faisabilité pour l’installation d’un petit complexe art et essai en centre-ville (...) laisse apparaître un réel potentiel d’exploitation » (paragraphe 4).

Le cinquième et dernier paragraphe répond plus précisément à mes questions : « Nous n’avons cependant rencontré ni promoteurs, ni non plus d’architectes. » S'agissant du LUX, « aucune décision de son Conseil d’Administration et de son Assemblée Générale n’autorise ses dirigeants et leurs équipes à l’engager dans la voie évoquée par le Maire de Caen. (…) Nous prenons donc acte de l’annonce faite par le Maire de Caen et, en l’absence d’un projet élaboré, allons sollicité un rendez auprès de lui pour vérifier ses intentions. »

 

Réussir Caen, Continuons Caen ensemble, Joël BRUNEAU, place de la République

(cliquer sur l'image pour agrandir)

Joël BRUNEAU l’illusionniste

Il se confirme donc que Joël BRUNEAU a sorti cette histoire de son chapeau, en l’absence de tout projet élaboré, et sans même en toucher un mot aux premiers intéressés, les dirigeants du Lux. S'agissant des promoteurs du centre commercial, on ignore s'ils sont dans le coup, tant il est vrai que, dans cette affaire, toutes les questions sérieuses ont depuis 3 ou 4 ans été réglées à l'abri d'épais rideaux de fumée. Il est possible que l'arrivée de cette salle de cinéma les arrangerait, si les enseignes censées s'installer dans leurs murs leur ont déjà fait faux bond. Mais c'est là, avec « un espace d'exposition » qui vient de s'y ajouter (dans un récent 4 pages de propagande intitulé « Nos premières propositions »), un projet bien différent de celui soumis au conseil municipal le 25 juin 2018... avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.

Il est donc prudent de se méfier « des promesses électorales et des instrumentalisations liées à la période », comme l'écrivent les dirigeants du Lux dans leur courriel du 30 janvier.

 

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(Joël BRUNEAU février 2020, "Nos premières propositions")

 

Réussir Caen, Continuons Caen ensemble, Joël BRUNEAU, place de la République

Réussir Caen, Continuons Caen ensemble, Joël BRUNEAU, place de la République,

 

 

Réponse du Lux du 30 janvier

« Monsieur,

« L’exploitation cinématographique de Caen la Mer présente un visage assez atypique et inédit dans les agglomérations hexagonales de taille équivalente. En effet, depuis les fermetures successives du Pathé Malherbe, du Paris/Pandora et du Pathé Lumière, les salles de cinéma ont totalement déserté le centre-ville de Caen. Par ailleurs, l’agglomération dispose de deux établissements art et essai, soutenus par la communauté urbaine et qui font référence dans ce domaine, mais ont la particularité d’être tous les deux excentrés par rapport à la ville-centre. Il n’en reste pas moins que, malgré cette configuration peu favorable, l’exploitation caennaise est très performante et affiche des indices de fréquentation très au-dessus des moyennes nationales. »

« Pour toutes ces raisons, l’agglomération caennaise et le centre-ville de Caen suscitent bien des convoitises, des circuits nationaux comme des exploitants indépendants. Des tentatives d’implantation de CGR à Verson à celles d’UGC d’extension de son multiplexe de Mondeville, en passant par les sollicitations de ce même circuit auprès des responsables de la ville de Caen pour l’implantation d’un équipement en cœur de ville, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles offensives, qui plus est si une telle implantation devient un enjeu électoral. Force est de constater cependant que, jusqu’à présent et à chaque tentative de nouvel aménagement ou d’extension, les élus de l’agglomération se sont majoritairement mobilisés aux côtés de leurs deux établissements art et essai, mesurant parfaitement les risques qu’ils encouraient si ces projets venaient à se concrétiser. »

« Par ailleurs, à chaque évolution du paysage cinématographique caennais, le LUX est parvenu à se protéger en anticipant sur les bouleversements qu’elle pouvait engendrer : construction d’une seconde salle avant l’implantation d’UGC ; construction d’une troisième salle puis réaménagement de ses espaces intérieurs avant le déménagement de Pathé. Persuadé que le paysage est encore amené à évoluer, le LUX s’est positionné depuis près de trois ans auprès de sa tutelle principale, Caen-la-Mer, en quête d’un projet de développement qui lui permette d’accroître ses capacités de résistance et de défendre ses intérêts. Ne pouvant pas le faire de façon indépendante sur son site, faute de place, il a sollicité la collectivité pour qu’elle l’accompagne dans la recherche d’un emplacement en ville afin d’y développer ses activités. Cette réflexion a, par ailleurs, été menée en concertation avec le Café des Images et plusieurs pistes ont été évoquées, de la reprise du Pathé Lumière à l’association au projet culturel de Michel Onfray sur la Presqu’île en collaboration avec le Conseil Régional de Normandie. Mais, toutes les pistes suivies ont conduit à une impasse.

Par ailleurs à la même époque, toujours avec le Café des Images et avec le soutien financier de Caen-la-Mer, nous avons commandé une étude de faisabilité pour l’installation d’un petit complexe art et essai en centre-ville conjointement à la poursuite des activités de nos deux établissements. Cette étude, très instructive, laisse apparaître un réel potentiel d’exploitation et ouvre la porte à une réflexion en termes d’aménagement culturel du territoire avec une réappropriation du centre-ville, en phase avec le Plan Action Cœur de Ville mis en œuvre par le Ministère de la Culture et le Centre National du Cinéma et de l’image animée. »

« Nous en sommes là. Nous sommes devant une velléité, une ambition, peut-être une exigence. Nous n’avons cependant rencontré ni promoteurs, ni non plus d’architectes. Si les différentes instances de l’association LUX ont exprimé à plusieurs reprises un besoin de développement, aucune décision de son Conseil d’Administration et de son Assemblée Générale n’autorise ses dirigeants et leurs équipes à l’engager dans la voie évoquée par le Maire de Caen. Nous ne pouvons cependant que constater que l’association Cinéma LUX a, avec le candidat à sa réélection, une convergence de projets et que, d’une certaine manière, elle a été entendue. Les responsables de la ville de Caen ont d’ailleurs, à toutes les époques, de tous les bords, été à son écoute et soutenu ses démarches. Nous nous méfions, bien entendu, des promesses électorales et des instrumentalisations liées à la période, mais nous sommes bien obligés d’admettre que cette idée nous intéresse. Nous l’étudierons avec le Café des Images avec lequel nous sommes maintenant engagés dans un groupement de programmation (le GAP) afin de mieux défendre sur le territoire l'accès aux films porteurs Art et Essai qui sont absolument vitaux pour l'économie des salles que nous représentons. Nos salles à Hérouville et en périphérie de Caen, malgré le soutien de nombreux spectateurs et des collectivités, restent fragiles. L’installation d’un concurrent en centre-ville ne s’embarrassant pas de considérations d’équilibre culturel nous poserait de réels problèmes et des incertitudes pour l’avenir. Nous prenons donc acte de l’annonce faite par le Maire de Caen et, en l’absence d’un projet élaboré, allons sollicité un rendez auprès de lui pour vérifier ses intentions. »

« Nous restons à votre écoute pour discuter des suites à donner à cette idée.

Bien à vous.

Pour le Cinéma LUX

Serge DAVID, Président, et Gautier LABRUSSE, Directeur. »

 

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