Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 08 août 2014

Sur le site du Monde le 4 août, un appel à un sursaut français pour Gaza, signé Rony Brauman, Régis Debray, Edgar Morin et Christiane Hessel

… Ils le disent mieux que je ne pourrais le faire…


« M. Hollande, vous êtes comptable d'une certaine idée de la France qui se joue à Gaza »

« Quand la violence crée une spirale incontrôlée et la mort de 300 civils innocents, la situation exige une réponse urgente et déterminée », viennent d'indiquer à bon escient le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au moment d'élever au niveau 3 les sanctions économiques contre la Russie.
On ne sait pas si le président russe, Vladimir Poutine, où l'un de ses subordonnés, a donné l'ordre de faire sauter en vol le Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Mais il y a déjà cinq fois plus de civils innocents massacrés à Gaza, ceux-là soigneusement ciblés et sur l'ordre direct d'un gouvernement. Les sanctions de l'Union européenne contre Israël restent au niveau zéro. L'annexion de la Crimée russophone déclenche indignation et sanctions. Celle de la Jérusalem arabophone nous laisserait impavides ? Peut-on à la fois condamner M. Poutine et absoudre M. Nétanyahou ? Encore deux poids deux mesures ?
Nous avons condamné les conflits interarabes et intermusulmans qui ensanglantent et décomposent le Moyen-Orient. Ils font plus de victimes locales que la répression israélienne. Mais la particularité de l'affaire israélo-palestinienne est qu'elle concerne et touche à l'identité des millions d'Arabes et musulmans, des millions de chrétiens et Occidentaux, des millions de juifs dispersés dans le monde.

RÉSISTER AU MENSONGE
Ce conflit apparemment local est de portée mondiale et de ce fait a déjà suscité ses métastases dans le monde musulman, le monde juif, le monde occidental. Il a réveillé et amplifié anti-judaïsme, anti-arabisme, anti-christianisme (les croisés) et répandu des incendies de haine dans tous les continents.
Nous avons eu l'occasion de nous rendre à Gaza, où il existe un Institut culturel français ; et les SOS que nous recevons de nos amis sur place, qui voient les leurs mourir dans une terrible solitude, nous bouleversent. N'ayant guère d'accointances avec les actuels présidents du Conseil et de la Commission européens, ce n'est pas vers ces éminentes et sagaces personnalités que nous nous tournons mais vers vous, François Hollande, pour qui nous avons voté et qui ne nous êtes pas inconnu. C'est de vous que nous sommes en droit d'attendre une réponse urgente et déterminée face à ce carnage, comme à la systématisation des punitions collectives en Cisjordanie même.
Les appels pieux ne suffisent pas plus que les renvois dos à dos qui masquent la terrible disproportion de forces entre colonisateurs et colonisés depuis quarante-sept ans. L'écrivain et dissident russe Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) demandait aux dirigeants soviétiques une seule chose : « Ne mentez pas. » Quand on ne peut résister à la force, on doit au moins résister au mensonge. Ne vous et ne nous mentez pas, monsieur le Président.

L'ENFERMEMENT COMPLET N'EST NI VIABLE NI HUMAIN
On doit toujours regretter la mort de militaires en opération, mais quand les victimes sont des civils, femmes et enfants sans défense qui n'ont plus d'eau à boire, non pas des occupants mais des occupés, et non des envahisseurs mais des envahis, il ne s'agit plus d'implorer mais de sommer au respect du droit international.
La France est bien placée pour initier un mouvement des grands pays européens pour la suspension de l'accord d'association entre Israël et l'UE, accord conditionné au respect de nos valeurs communes et des accords de paix souscrits par le passé. De même pourrait-elle faire valoir qu'un cessez-le-feu qui déboucherait sur un retour au statu quo ante, lui-même déjà intolérable, ne ferait que contribuer au pourrissement de la situation et donc au retour de l'insécurité pour les uns comme pour les autres.
L'enfermement complet n'est ni viable ni humain. Pourquoi la police européenne ne pourrait-elle revenir sur tous les points de passage entre Gaza et l'extérieur, comme c'était le cas avant 2007 ?

APARTHEID
Nous n'oublions pas les chrétiens expulsés d'Irak et les civils assiégés d'Alep. Mais à notre connaissance, vous n'avez jamais chanté La Vie en rose en trinquant avec l'autocrate de Damas ou avec le calife de Mossoul comme on vous l'a vu faire sur nos écrans avec le premier ministre israélien au cours d'un repas familial.
L'extrême droite israélienne vous semblant moins répréhensible que l'extrême droite française, à quelque chose cette inconséquence pourrait être bonne : faciliter les échanges et les pressions au nom de valeurs communes.
Israël se veut défenseur d'un Occident ex-persécuteur de juifs, dont il est un héritier pour le meilleur et pour le pire. Il se dit défenseur de la démocratie, qu'il réserve pleinement aux seuls juifs, et se prétend ennemi du racisme tout en se rapprochant d'un apartheid pour les Arabes.

UN HOMME POLITIQUE SE DOIT DE MONTER EN PREMIÈRE LIGNE
L'école stoïcienne recommandait de distinguer, parmi les événements du monde, entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. On ne peut guère agir sur les accidents d'avion et les séismes – et pourtant vous avez personnellement pris en main le sort et le deuil des familles des victimes d'une catastrophe aérienne au Mali. C'est tout à votre honneur. A fortiori, un homme politique se doit de monter en première ligne quand les catastrophes humanitaires sont le fait de décisions politiques sur lesquelles il peut intervenir, surtout quand les responsables sont de ses amis ou alliés et qu'ils font partie des Nations unies, sujets aux mêmes devoirs et obligations que les autres Etats. La France n'est-elle pas un membre permanent du Conseil de sécurité ?
Ce ne sont certes pas des Français qui sont directement en cause ici, c'est une certaine idée de la France dont vous êtes comptable, aux yeux de vos compatriotes comme du reste du monde. Et il ne vous échappe pas que faux-fuyants et faux-semblants ont une crédibilité et une durée de vie de plus en plus limitées.

Rony Brauman (Ex-président de MSF, professeur à Sciences Po)
Régis Debray (Ecrivain et philosophe)
Edgar Morin (Sociologue et philosophe) (Directeur de recherches émérite au CNRS)
Christiane Hessel (Veuve de Stéphane Hessel)

LE MONDE | 04.08.2014 à 10h16 • Mis à jour le 05.08.2014 à 10h27 |

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/04/m-hollande-vous-etes-comptable-d-une-certaine-idee-de-la-france-qui-se-joue-a-gaza_4466378_3232.html#xtor=AL-32280308

 

 

 

 

jeudi, 07 août 2014

Les Einsatzgruppen de Tsahal réinventent la Shoah par balles à Gaza

Ce blog n’est certainement pas l’endroit le plus adéquat pour relayer les grands sujets d’actualité, notamment de politique internationale. Mais on ne vit pas dans une bulle non plus, à l’écart du monde. Et il y a toujours un moment où le scandale vous rattrape, où trop c’est trop, où l’on ne peut se retenir de crier son dégoût de la haine et de la bêtise criminelle.
Je n’étais pas à Caen au mois de juillet pour manifester contre la guerre faite à un peuple prisonnier depuis des décennies par une armée suréquipée (et qui fait usage à l’aveugle contre les populations des armes les plus inacceptables, comme les bombes à sous-munitions). Une armée qui massacre impunément, sur instruction d’un gouvernement soi-disant démocratique.
Manifester ? Afficher son impuissance… Peut-être quand même dénoncer la veulerie, la lâcheté, l’hypocrisie et la complicité de nos propres gouvernants, et de ceux de tout l’occident prétendument soucieux de démocratie, des droits de l’homme, et des droits des peuples (Hollande et Obama en tête)…
Alors voilà, ce qui suit est extrait du site de l’Humanité, mais on trouve les mêmes infos (en pire) sur Parismatch.com, ou sur le site de Human Rights Watch, ONG basée à New York, prix Nobel de la paix 1997.

http://www.parismatch.com/Actu/International/A-Gaza-la-maison-de-l-horreur-579233#sthash.59ygxQvo.EddC3v89.dpuf

http://www.hrw.org/fr/news/2014/08/04/israel-gaza-des-soldats-israeliens-ont-abattu-des-civils-qui-cherchaient-fuir



Révélations sur un crime de guerre à Khouza’a

Corps amoncelés dans une maison, cadavres avec les pieds liés… Les témoignages révèlent les horreurs commises par l’armée israélienne.

Gaza (Palestine), envoyé spécial. Les habitants du village de Khouza’a, qui jouxte la frontière avec Israël, à l’est de Khan Younès, n’ont pu regagner leurs habitations, ou ce qu’il en reste, que le vendredi 1er août. Malgré de multiples tentatives les jours précédents, ils ont dû attendre une trêve et le retrait des chars israéliens qui barraient l’accès. Ce qu’ils ont découvert a dépassé toutes les horreurs. Cette localité de 13000 habitants, connue pour être un havre de paix dans cette rude bande de Gaza, a été quasiment rasée par le flot de bombes et de missiles qui s’est abattu dès l’offensive terrestre israélienne. « Lorsque je suis revenu, je n’arrivai même pas à me repérer. On ne nous traite pas comme des êtres humains », certifie Jamal Al Najjar. L’Humanité a rendu compte du calvaire vécu par ces Palestiniens, dont certains ont été arrêtés, frappés, détenus pendant trois jours pour interrogatoire sans que quiconque ne parle d’« acte barbare ». Les récits qui suivent se sont déroulés durant les deux dernières semaines.

L’armée israélienne empêchait les secours d’accéder à la zone
La vérité sur ce qui s’est passé à Khouza’a commence à éclater, terrible. Sous les décombres, de nombreux corps ont été retrouvés : des habitants coincés, incapables de fuir, pris au piège sous le déluge de bombes. Un cas de crime de guerre caractérisé. D’autant que même les secours n’ont pu accéder à la zone, empêchés par l’armée israélienne. Un des quartiers de ce gros village est essentiellement occupé par une famille étendue, les Al Najjar. Nous rencontrons Ahmed, qui nous emmène dans une maison, en lisière du village, face à la frontière. Dans la salle de bains une odeur pestilentielle se dégage encore. Le sol est d’un noir de sang séché mélangé à de la poussière. Sur les carreaux blancs des murs, des éclaboussures de sang et des dizaines d’impacts de balles. À l’extérieur, le mur ne présente aucune trace. C’est là qu’Ahmed a retrouvé son fils Bilal, 22 ans, couché sous un amoncellement de corps. Ils étaient six. Selon les renseignements obtenus par le père, Bilal et ses camarades ont été arrêtés dans les rues et ont été emmenés dans la maison par des forces spéciales. « C’étaient des civils. Un de mes fils a reconnu son frère à cause de ses chaussures parce que les cadavres étaient en état de décomposition », affirme-t-il. Quand bien même ce seraient des combattants, leur mort, une exécution sommaire, s’apparente, là encore, à un crime de guerre. Les identités des cinq autres ne sont pas connues. « Nous les avons enterrés tous ensemble avec des numéros pour pouvoir l’indiquer à leurs familles après la guerre », dit Ahmed. Autre témoignage, quelques rues plus loin. Celui de Mohammed Al Najjar, 62 ans, qui a retrouvé son beau-fils, Wasfi, 27 ans, mort à même le sol, près de la mosquée Ibed el Rahman. « Il avait les pieds liés par une corde et un trou au milieu du front », décrit-il avec émotion. « Depuis 1967, j’ai vécu plus d’une guerre menée par les Israéliens. Mais ça n’a jamais été comme ça. Ils veulent nous effacer de l’humanité. » La femme de Wasfi, enceinte, doit maintenant élever ses deux enfants toute seule. L’histoire de Bassam Al Najjar, 31 ans, est tout aussi éloquente au sujet des exactions commises par l’armée israélienne à Khouza’a. « Le jour de l’invasion terrestre, beaucoup de gens du quartier se sont regroupés. Nous étions environ 170, hommes, femmes, enfants, dans une maison où nous pensions être à l’abri des bombardements. Mais le patio a été touché et nous nous sommes réfugiés dans la maison mitoyenne où nous pouvions entrer sans sortir dans la rue. Mais au milieu de la nuit, les obus sont tombés de façon encore plus intense. Nous avons tenté de joindre la Croix-Rouge et des leaders palestiniens, qui nous ont dit que les Israéliens n’acceptaient pas notre évacuation. Vers 6h30, le matin du 25 juillet, nous avons pris le risque de sortir. Nous avons brandi un drapeau blanc et avons commencé à marcher vers Abassane. Nous sentions des balles siffler au-dessus de nos têtes. Des éclats ont blessé légèrement un homme du groupe. C’est alors que nous avons aperçu un char. On s’est tous mis à genoux, les mains en l’air. On est resté environ une heure comme ça. Le char tirait au-dessus de nous et lançait des bombes qui faisaient du bruit, sans éclats. Mais un homme de 55 ans, Mohammed, a été touché au côté droit de la poitrine. Il était juste à côté de moi. Je n’ai rien pu faire. Il a agonisé pendant dix minutes puis est mort. Par la suite, le char a avancé vers nous. On pensait qu’on allait mourir. Un soldat est sorti de sa tourelle, nous a filmés puis a demandé, en arabe, que l’un d’entre nous vienne discuter. Nous avons envoyé Haytham Al Najjar avec un drapeau blanc. On nous a ensuite autorisés à partir après que les hommes et les adolescents ont soulevé leurs chemises pour montrer qu’ils n’avaient pas d’armes ni d’explosifs. Nous avons emmené le corps de Mohammed mais même à ce moment-là ils tiraient au-dessus de nos têtes. » Tous aujourd’hui pleurent leurs morts et la destruction de leur village. Ils sont encore logés dans des écoles de l’ONU, dans le dénuement le plus total. Tous se demandent si on leur rendra justice. « Je n’aurais jamais pensé qu’en 2014 une armée puisse agresser un peuple de cette manière », dit Bassam, le visage dur.

Pierre Barbancey pour l’Humanité, le 6 aout 2014
http://www.humanite.fr/gaza-crimes-de-guerre-khouzaa-548957




En prime, 3 vidéos signées France-Culture
http://www.dailymotion.com/video/x223xmo_khouza-a-un-village-de-gaza-devaste-et-assiege-par-l-armee-israelienne_news

http://www.dailymotion.com/video/x224hp7_gaza-israel-accuse-de-crime-de-guerre_news

http://www.dailymotion.com/video/x21p0jw_les-chars-israeliens-frappent-aux-portes-de-gaza-attention-images-choquantes_news