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lundi, 20 décembre 2021

Fouilles d'automne place de la République, fiasco de la chasse au trésor...

Caen, place de la République, fouilles, 344000 euros, Joël Bruneau, Vincent Hincker

La mise en scène peut-elle pallier

l'indigence du spectacle ?

Les Caennais adorent les grosses farces. Celles dont ils sont les dindons et qui leur coûtent cher. 344000 euros comme l'annonce fièrement la belle équipe de Joël Bruneau aux quatre coins de la palissade qui agrémente depuis cinq ans la place de la République. 344000 euros pour fouiller les poubelles des déblayeurs des ruines de l'ancien hôtel de ville, qui ont manifestement fait leur boulot, à fond, ou à peu de choses près. 

En ne laissant dans les remblais, après leur passage, que quelques menus débris qui leur ont paru insignifiants. Et qui ne méritaient pas que l'on consacre à leur exhumation plus de trois mois de fouilles. Vaisselle cassée, pompeusement rebaptisée « céramique asiatique » et très rares fragments isolés de sculptures (voir sur Caen-Mag la photo de Vincent Hincker et de la tête de conque). 

Même les caves, où l'on nous promettait (en 2016) la découverte de statues "géantes", n'étaient pas au rendez-vous. Disparues elles aussi, et en tout cas pas là où on les attendait... Un désastre. 

Mais la mise en scène peut pallier l'indigence du spectacle, et les badauds ont adoré les fondations et fonds de caves mis à nu. Sans savoir qu'il s'agissait souvent des vestiges de bâtiments des XIXème et XXème siècles, sans "aucun intérêt culturel ni archéologique", comme M. Dominique Fontaine (antiquaire et supporter de Joël Bruneau) tente de l'expliquer sur les réseaux sociaux à ceux qui souhaitent la préservation en place de ces vestiges, voire leur protection sous un plancher de verre ! 

Ces braves gens ne savent pas (et on ne peut pas leur en tenir rigueur) que les vestiges (s'il en reste quelque chose) des bâtiments principaux de l'ancien séminaire des Eudistes et de leurs façades sur la place de la République (y compris celle de leur église) se trouvent... sous le bitume de ce qu'on appelle aujourd'hui le «barreau République», à usage de parking et de voie de circulation entre les rues Paul Doumer et Lebret...

 

L'art du billard à trois bandes...

Enfin (et surtout), ces braves gens ignorent dans leur grande majorité que ces fouilles n'avaient pas vraiment pour but d'enrichir nos connaissances sur le passé pas très lointain de notre ville (XVIIème - XVIIIème siècles), mais que l'objectif poursuivi était avant tout tactique, s'agissant de la possibilité, sous prétexte des fouilles prescrites, d'abattre les arbres présents sur cette parcelle, et de se substituer au promoteur, légalement en charge des fouilles préventives... en faisant les fouilles au contribuable !

… n'est pas à la portée des truqueurs !

On saura prochainement ce qu'en pensent les magistrats de la Cour administrative d'appel de Nantes, qui examineront en audience mardi prochain 21 décembre la question de la légalité de l'arrêté préfectoral du 5 février 2019 autorisant (à notre avis sans fondement légal) l'abattage des 45 tilleuls de la place.

 

Caen, place de la République, fouilles, 344000 euros, Joël Bruneau, Vincent Hincker

Caen, place de la République, fouilles, 344000 euros, Joël Bruneau, Vincent Hincker

(cliquer pour agrandir)

 

Un coup d'œil au « Rapport final d'opération - Diagnostic archéologique » rédigé en août 2016 par M. Vincent HINCKER et ses collègues? Histoire de constater qu'il y a cinq ans on savait déjà qu'il n'y avait rien sous les tilleuls... mais qu'il y avait anguille sous roche!  Cliquer sur le lien qui suit:

http://caennaissivoussaviez.hautetfort.com/archive/2018/06/06/ancien-hotel-de-ville-place-de-la-republique-a-caen-l-arnaque-aux-fouilles.html