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samedi, 12 avril 2008

Aider ceux qui n'en ont pas besoin ?

La farce du

« prêt caennais à taux zéro »

 

On sait combien de centaines de milliers de logements il faut mettre en chantier si l’on veut loger décemment tous les habitants de ce pays. Emmaüs, ATD Quart Monde, Humanisme et Habitat, et d’autres encore, en font la démonstration année après année. Récemment sont apparus « Les enfants de Don Quichotte »...

On s’est débarrassé de la question en adoptant un « droit opposable » sans effet, tant que n’existeront pas les conditions matérielles de son exercice. Et on en est loin... Emotion, unanimisme de mauvais aloi, n’ont d’effet qu’en matière d’image. Voter pour un principe ne coûte rien. Et pendant ce temps les affaires continuent...

On sait quels logements il faut construire pour atteindre l’objectif d’un logement pour tous. On sait que l’effort doit porter sur le logement social, seul secteur accessible à de plus en plus de gens (et plus seulement aux plus démunis, ni à nos concitoyens aux salaires les plus modestes), en ces temps de spéculation immobilière effrénée.

Une spéculation (avec pour corollaire une ségrégation accrue) qu’encouragent tous les dispositifs de défiscalisation successifs, de Périssol à de Robien (ancien, neuf ou « recentré ») et Borloo (et ses propres variantes), par le biais desquels l’argent public est transmuté en revenus et plus-values au seul profit des plus aisés (quand la bonne affaire ne tourne pas au cauchemar : acheté cher et à crédit par un gogo alléché, le logement peut fort bien ne pas trouver preneur pour cause de loyer trop élevé).

L’alchimie de l’aide à la pierre... au secteur privé. Qui mène tout droit à l’échec.

 

Le « prêt caennais à taux zéro »

La ville de Caen et son agglomération ne font pas exception à la règle, bien au contraire. Ce n’est pas bien sûr le « prêt caennais à taux zéro » (conseil municipal du 26 février 2007) qui changera quelque chose au problème du logement dans notre ville, y favorisera la « mixité sociale » dont il est de bon ton de se gargariser (ça ne coûte rien), en empêchera le dépeuplement, ou le vieillissement de la population.

25.425 euros de revenu fiscal de référence pour un célibataire (plafond de revenu pour bénéficier du fameux prêt de 15.000 euros sur 15 ans), c’est au moins 35.312 euros de revenu imposable avant abattements, soit environ 3.000 euros par mois (ou plus, en cas de déduction de frais professionnels réels, par exemple). Pas loin de trois fois le SMIC. Deux fois le salaire moyen?

La ville paiera donc pendant 15 ans les intérêts d’un capital de 15.000 euros à la place de quelqu’un qui n’a pas de problème de logement, et qui est d’ailleurs déjà locataire à Caen (autre condition).

Effet d’aubaine assuré pour fils ou filles de famille. Effet zéro sur la fameuse « mixité sociale ». Coût pour la ville de ces intérêts sur 15 ans ? 10.000 euros par prêt ?

C’est dans ce cas 10.000 euros bien mal employés... et qui auraient pu être utiles ailleurs.

La ville garantit depuis toujours les emprunts des bailleurs sociaux (Caen-Habitat, etc.). Plutôt que de donner aux moins défavorisés, pourquoi ne pas consentir, aux offices d’HLM de préférence, la bonification d’une partie des emprunts qu’ils contractent, pour construire ou réhabiliter au profit du plus grand nombre ?

Alors, à quand l’abrogation d’une mesure inutile, mal conçue, injuste et coûteuse ?

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