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dimanche, 10 avril 2011

Quand La Poste prend tes sous en otage…

Tout appartient à la Société Anonyme…

Rien n'est à toi. Tu ne vaux pas un seul centime. Tout appartient à la Société Anonyme… (Claude Moine, alias Eddy Mitchell, pour le texte). Tout lui appartient en effet, même tes sous, dont elle entend disposer à son gré, et selon des règles par elle seule définies
De retour d’un bref séjour à l’étranger, je me trouvais jeudi dernier à Roissy vers 14 heures avec un billet de train pour Caen, et seulement 10 € en poche. Eh oui, il arrive toujours un moment où, à la veille du retour, vous n’avez plus de fonds exprimés en devises locales, et où vous payez en euros…
Titulaire d’un CCP sur lequel est versé mon traitement (un compte en permanence très largement créditeur), je m’adressais donc au guichet de La Poste situé dans le terminal, et y présentais un RIP, ma carte d’identité et mon passeport (délivré depuis moins d’un mois) pour y retirer les quelques dizaines d’euros qui m’étaient nécessaires pour rejoindre la gare St Lazare.


Même parfaitement imbécile,
le règlement est le règlement…

Mais, pour me donner cette modeste somme, la préposée me réclama mon chéquier (qui ne m’était d’aucune utilité hors de France, et que je n’avais donc pas emporté), et me déclara que faute de la production de ce chéquier (mon RIP n’étant d’aucune utilité), elle ne pouvait débiter mon compte de la moindre somme, me laissant ainsi dans une situation ubuesque (avoir de l’argent, ne pas pouvoir en disposer, rester bloqué à trente kilomètres de St Lazare, ne rien pouvoir manger ou boire, rater mon train, etc.).
J’insistais donc fort poliment, mais l’employée de la Poste se montra gentiment inflexible, me déclarant que les pièces d’identité présentées n’étaient nullement infalsifiables, et qu’elle n’agissait qu’en application d’instructions qu’elle me présenta. J’objectais que je n’y voyais pas la moindre référence à un texte réglementaire, mais rien n’y fit. Ce n’était pas son problème, le sien se résumant au seul respect du règlement, œuvre impérissable de quelque bureaucrate de haut niveau (la hiérarchie est toujours là, même quand c’est pas l’Etat qui gère, et plus c'est haut, plus c'est utile, à ce qu'il paraît). Le client d’une société anonyme n’a évidemment d’autre solution que de se plier aux caprices de sa banque…
Ce n’est que grâce à un heureux concours de circonstances (la rencontre providentielle d’inconnus jeunes et sympathiques avec qui j’avais voyagé dans le même avion), que je pus, après plusieurs heures, quitter Roissy et attraper au vol le train pour Caen.


"L'autre façon d'être une banque"

Je suis avec l’âge d’un naturel plutôt accommodant, mais je deviens vite teigneux (ça doit se savoir) quand on me marche sur les pieds, et qu’on omet de s’excuser. Aussi, dès le lendemain, je cherchais à qui adresser la lettre de protestation qui s’imposait. J’avais écarté l’idée de vider mes comptes à La Poste, laquelle comportait plus d’inconvénients que d’avantages (les banques privées sont-elles plus respectueuses de leurs clients que cet établissement public, récemment converti, en vertu du credo libéral, en société anonyme donc de statut privé ?). Je gardais sous le coude l’idée d’une pétition (un peu de pub ne peut pas nuire, pour montrer ce que peut être "l'autre façon d'être une banque"). Et je compte bien me renseigner, si je n’obtiens pas gain de cause auprès des dirigeants de La Poste, pour savoir comment assigner devant un tribunal l’établissement bancaire qui refuse de donner leurs sous à ses clients, sur la base d’ukases parfaitement injustifiées et manifestement illégales…


Ci-gît La Poste 1576-2010…

J’ai donc vérifié sur Wikipedia ce qu’était La Poste, créée en 1576, société anonyme à capitaux publics depuis le 23 mars 2010 (4 siècles de service public –ou du moins non commercial- partis en fumée). Elle constitue avec ses filiales le deuxième opérateur postal européen, doté de 17000 « points de vente » (notez l’expression) répartis sur l'ensemble du territoire, dont 6 000 sont gérés en partenariat avec des communes ou des commerces (chantage au désert rural, pour ne pas payer les employés nécessaires).
Sa filiale elle aussi privatisée, La Banque Postale SA, gère les comptes bancaires de 11,3 millions de Français. C'est la quatrième banque de détail en France avec 23 % du chiffre d'affaires global du Groupe, soit plus de 5 milliards d'euros de produit net bancaire en 2009.
Le Président Directeur Général de la SA La Poste (nommé par décret en conseil des ministres, sur proposition du conseil d'administration) est actuellement M. Jean-Paul BAILLY, polytechnicien né en 1946. Il est aussi Président du Conseil de Surveillance de la Banque Postale. Et administrateur du groupe GDF-SUEZ et du groupe ACCOR.


Monsieur le Président, je vous fais une lettre…

C’est donc à M. BAILLY que j’ai adressé ma requête (consultable ci-après) aux fins de voir retirée l’instruction particulièrement imbécile, et selon moi illégale, dont j’ai été la victime (et combien d’autres comme moi ?). J’y note en effet que mon identité était parfaitement établie par les documents produits (ce serait faire injure aux autorités policières de notre pays que de prétendre que les documents qu’elles délivrent aujourd’hui seraient aisément falsifiables : photos calibrées, empreintes des deux mains, plastification, et j’en passe…). Mon RIP permettait en outre à la préposée de visualiser sur son écran le solde de mon compte, et sans doute l’historique des retraits et versements effectués au cours des dernières semaines. Elle pouvait par ailleurs, en cas de doute, interroger le centre de Rouen gérant mon compte, ou le bureau de poste caennais où il est ouvert…

lettre à M BAILLY PDG de La Poste.pdf

Cela fait maintenant plusieurs décennies que je confie à La Poste la garde de mes modestes revenus, à la satisfaction semble-t-il des deux parties (La Banque Postale n’est pas en déficit, à ma connaissance). Mais voilà qu’avec la privatisation de sa gestion, censée plus moderne, plus efficace, c’est la bureaucratie qui s’installe, l’arbitraire et le mépris du « client »… Les postiers ne sont pas responsables de cette dérive, qui n’osent manifestement plus rien au-delà du sacro-saint règlement, aussi stupide soit-il. La conception libérale des « ressources humaines » y est sans doute pour quelque chose. Big Brother les a à l’œil…
Mais où sont les facteurs d’antan ?