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dimanche, 18 novembre 2012

Les petites bonnes de Bamako

Crowdfunding, kisskissbankbank, Adeline GONIN, les petites bonnes de Bamako, Barakeden, Bamako, Mali, Association de Défense des Droits des Aides ménagères et Domestiques (ADDAD)

« Barakeden »

("petites travailleuses" en bambara)

Comme tout le monde j’ai bien sûr une opinion sur l’EPR en construction dans le Nord-Cotentin, les pylônes de la ligne THT Normandie-Maine, la démagogie sécuritaire post-sarkozyste d’un Manuel Valls, l’extradition en Espagne d’une jeune française à laquelle on ne peut reprocher qu’un délit d’opinion (non passible de poursuites en France), l’allégeance « socialiste » aux principes du libéralisme financier, le projet technocratique (démesuré et dépassé) d’aéroport de Notre-Dame des Landes, le mariage gay et ses opposants, les bombardements qu’Israël fait subir à ses prisonniers de Gaza (et j’en passe), mais…
Mais d’autres en parlent beaucoup mieux que je ne saurais le faire.


« Crowdfunding »

Il aura par contre suffi d’un courriel qu’un ami m’a fait suivre (merci Alain) pour que je découvre –concrètement- l’existence du « crowdfunding », « mécanisme de financement, via Internet, de projets d’innovation et de création permettant de collecter les apports financiers d’un grand nombre d’épargnants ».
Voilà comment j’ai connu l’existence du site kisskissbankbank (un nom pour moi bien improbable), et du projet de film documentaire d’Adeline GONIN sur les petites bonnes de Bamako («Barakeden»).


Dans la peau de Laurent le Magnifique, à partir de 5 €…

Je ne suis pas Crésus, mais j’ai encore la chance de pouvoir payer 20 ou 30 € pour permettre, aux côtés de quelques centaines d’autres, la réalisation d’un projet qui me paraît mériter de voir le jour. Et ce n’est même pas du mécénat à la petite semaine, n’en déplaise aux Médicis, puisqu’un DVD du film vous sera réservé, pour une mise de fonds minimum de 20 €. Mais rien n’interdit de consacrer jusqu’à 1000 € à la bonne cause, avec, à la clef, son nom au générique, et diverses autres contreparties…


Oumou, Hawa, Djenebi, et toutes les autres…

« Barakeden », c’est l’histoire d’Oumou, Hawa et Djenebi qui, comme plus de 100 000 jeunes filles maliennes, ont quitté leur village pour devenir aides ménagères à la grande ville.
La plupart disent venir chercher de l'argent pour aider leur mère à payer leur trousseau de mariage. D'autres fuient un mariage forcé, d'autres encore veulent tenter leur chance et rêvent à une vie meilleure, mais ce qu'elles découvrent à Bamako, c’est le travail non rémunéré, les journées interminables, les humiliations.
Arrivées à 9 ans pour certaines, elles font des journées de 17 ou 18 heures de travail sans pause, pour un salaire parfois inférieur à 5000 F CFA (même pas de quoi acheter un pain par jour). Soit 1/6 du salaire minimum, pour un temps de travail en général deux fois plus long que la durée légale.
Elles font tout dans la maison : ménage, courses, cuisine, vaisselle, linge, garde des enfants... Elles sont très souvent méprisées pour leurs habitudes campagnardes, insultées à la moindre erreur, frappées par leurs patronnes ou dans la rue, violées par les maris, les enfants ou par des hommes du quartier. Il n’est pas rare que leurs économies soient volées ou que leurs employeurs refusent de les payer après plusieurs mois voire plusieurs années de travail.
Le plus souvent analphabètes, elles sont dans l'incapacité de négocier leur salaire ou leurs tâches, comme de refuser les avances des hommes de la maison. Lorsqu’elles sont violées ou lorsqu’on ne paye pas leur salaire, elles ne portent pas plainte.
Les policiers sont eux-mêmes souvent auteurs d'abus sexuels sur des aides ménagères qu'ils arrêtent dans la rue. Sans papiers d'identité ni argent pour payer les pots de vin, elles sont à la merci de tous.
N'ayant reçu aucune éducation sexuelle, les petites bonnes sont fréquemment victimes de maladies sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées. Lorsqu’elles accouchent, elles sont rejetées par leurs employeurs, et ne peuvent pas rentrer au village sans honte. La plupart des pères refusent de reconnaître la paternité.
Nombreuses sont celles qui abandonnent ou tuent leur enfant, ce qui les conduit parfois en prison à perpétuité. Beaucoup d’autres sont condamnées à la rue et à la prostitution.

Quelques associations et ONG leur viennent en aide et leur offrent des cours du soir, des hébergements, des consultations médicales ou des formations professionnelles, mais ces initiatives manquent de moyens et ne sont absolument à la hauteur du problème. D'autres tentent de sensibiliser familles et filles dans les villages pour les dissuader de partir, sans plus de succès.
Mais de leur côté, accompagnées par des militants et des juristes, emmenées par leurs porte-parole, les "petites bonnes" se prennent en main. L'Association de Défense des Droits des Aides-ménagères et Domestiques (ADDAD) a fait ses premiers pas et compte déjà plusieurs centaines de membres.


Un projet de solidarité

Tout ce que vous avez lu jusque-là résulte d’un honteux pillage du site d’Adeline GONIN, l’auteur du film en projet. Il serait certainement plus simple de lui laisser la parole :
« Mon but est d'apporter un moyen d'expression à des jeunes filles que l'on n'écoute jamais. Refusant toujours les attitudes intrusives ou inquisitrices, je recherche la confiance et la complicité afin de délier les langues. Cet effort d'écoute joue un rôle non négligeable pour aider les jeunes filles à prendre confiance et à oser revendiquer un peu plus de considération.
Une association d'aides ménagères, l'ADDAD, a commencé à se constituer et rassemble de plus en plus de bonnes. Ce film sera un moyen pour cette association de se faire connaître et reconnaître.
Les droits de diffusion du film terminé mais aussi des vidéos additionnelles de témoignages seront offerts aux associations qui luttent aux côtés des bonnes, afin de les aider à sensibiliser le public et les autorités.
Des projections du film gratuites et en plein air seront organisées à Bamako et suivies de débats entre des bonnes et des représentants des autorités. Des projections seront aussi organisées dans des villages d'émigration ».


Côté finances…

« J’ai déjà obtenu les bourses Paris Jeunes Aventure et Défi Jeunes, ainsi qu’une aide de l'ambassade de France à Bamako (SCAC), qui couvrent les billets d'avion, les frais de tournage, le séjour sur place et les projections du film en plein air.
J'utilise mon propre matériel vidéo et j'accepte de ne pas être rémunérée pour ce projet (merci l'assurance chômage !)
Cette collecte Kisskiss BankBank me permettra de financer le reste du film, c'est à dire :
Montage image : 2500€ (un monteur ami accepte de travailler pour à peu près le quart du prix normal)
Mixage son : 1000€ (idem)
Etalonnage : 500€ (c'est pour avoir un beau rendu d'image)
Traduction : 1000€ (effectuée par des copains Maliens migrants à Paris)
Edition de Dvd : 500€ (ça c'est pour vous !) »


L’auteur par elle-même

« Après des études d'anthropologie et de sociologie, j'ai monté des ateliers de réalisation vidéo avec des jeunes filles des quartiers populaires de Nice. Aujourd'hui, j’organise des projections de cinéma et des ateliers vidéo dans les foyers de travailleurs migrants à Paris, j’ai notamment mis sur pied le festival de cinéma dans les foyers depuis 2009 avec l'association Attention Chantier. Parallèlement je réalise, tourne et monte mon premier film « Actrices », qui présente trois associations de femmes migrantes en France. Cette expérience me pousse à continuer mon travail de réalisation et j’entre aux Ateliers Varan au printemps 2011. Je réalise « Papa Ben », un film sur Ben et ses amis, biffins (chiffonniers) à la Porte Montmartre à Paris. Plusieurs séjours au Mali m'ont donné l'occasion de prendre conscience du phénomène des petites aides-ménagères, ce qui m'a donné envie de réaliser un film sur ce sujet. « Barakeden » est mon premier projet de long-métrage. »


Il est temps de passer à la caisse…

Pour en savoir plus sur le film en cours de production, et découvrir comment le soutenir, cliquez ici:

 


Autres projets à financer...

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